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Diffusion and transmission of ceramics techniques and style in Ethiopian Rift: Ethnoarchaeological studies of potter communities

Publié le 15 août 2023 Mis à jour le 21 septembre 2023

Fyssen, PEPS Inee, ANR Big Dry, ANR DIFFCERAM

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Les poteries demeurent encore aujourd’hui dans différentes communautés ethniques un marqueur de différentiation collective, car les manières de fabriquer un objet, de le décorer sont l’expression de l’identité culturelle d’une société. Au moment de modeler l’argile, d’acquérir de la matière première pour ce faire, d’opter pour une technique de façonnage spécifique, de choisir le décor qui sera apposé sur la poterie, l’artisan s’appuie sur des connaissances acquises durant son apprentissage au sein d’une niche sociale, dans laquelle le poids de la tradition, des rites, des interdits est essentiel. Performances techniques et styles des objets relèvent ainsi de conventions émanant des héritages culturels. Plus encore, en reproduisant les traditions techniques développées dans son groupe, l’artisan s’associe à l’identité sociale de celui-ci, la maintient, la revendique. En ce sens, les savoir-faire agissent comme "fixateur" du modèle culturel en cours dans une société.

Puisque des traditions techniques révèlent des identités, sont propres à un groupe, il est alors possible de dessiner des frontières sociales en travaillant sur la répartition dans l’espace des traits de la culture matérielle. En explorant la façon dont évoluent les modes et les manières de faire au cours du temps, ce sont les innovations dans les pratiques artisanales qui sont mises en relief. En pistant les objets, les techniques qui circulent, des réseaux d’échanges peuvent être établis et les dynamiques de peuplement sont abordées. En identifiant le partage de techniques de fabrication entre groupes sociaux distincts ou le refus d’emprunt d’innovations techniques entre eux, ce sont les mécanismes de métissages culturels, d’assimilation, d’acculturation ou de conservatisme qui peuvent être documentés. Enfin, formes des objets, techniques de fabrication, mais aussi contenus découverts dans les récipients sous la forme de résidus organiques peuvent être étudiés pour travailler sur la fonction des pots et donc sur les activités réalisées sur les sites archéologiques et sur le statut fonctionnel des établissements.

Le programme ethnoarchéologique Diffusion and transmission of ceramics techniques and style in Ethiopian Rift: Ethnoarchaeological studies of potter communities est centré sur les traditions potières (sans tour de potier) encore à l’œuvre en Éthiopie, développées par différents groupes sociaux, en contexte de production domestique.

L’objectif est la constitution de référentiels en domaine actualiste, permettant à l’archéologue de tester et d’élaborer des modèles de reconstruction et d’interprétation des processus socio-historiques des populations disparues : processus de transmission, de diffusion et de transfert culturel afin de déterminer les dynamiques à l’œuvre dans l’évolution des structures et organisations sociales durant la Préhistoire.

A la faveur d’enquêtes ethnographiques, à partir de protocoles élaborés en concertation avec des sociologues, anthropologues des techniques et psychomotriciens, il s’agit, au côté de plusieurs communautés de potières et potiers, de caractériser les mécanismes d’apprentissage des traditions techniques, les conditions à l’emprunt ou au non-emprunt de traits techniques, la construction des réseaux de relations inter-ethniques.

Le programme vise aussi l’élaboration de référentiels sur les procédés techniques de fabrication des poteries pour décupler l’efficacité des protocoles analytiques sur les séries archéologiques céramiques préhistoriques. Il s’agit de rationaliser les moyens analytiques, notamment archéométriques, à mettre en œuvre au moment d’étudier les assemblages en vue d’une reconstitution de la chaîne opératoire des poteries en contexte néolithique.

Il s’agit aussi de constituer une collection de traces de référence exploitable en archéologie. Ces collections alimentent les archéothèques du laboratoire TRACES, qui intègrent la plateforme Pôle Archéoscience-Environnement de Midi-Pyrénées (PAE-MIP), mise en place dans le cadre du Contrat Plan Etat-Région (CPER). Ces archéothèques servent à la formation des étudiants et sont consultables par les membres de toutes les équipes de TRACES pour les accompagner dans la description, l’analyse et l’interprétation des vestiges.

Enfin, le programme a des visées patrimoniales : en s’intéressant à la profondeur historique des savoir-faire traditionnels affiliés à plusieurs ethnies actuelles, le programme conserve, permet de valoriser un artisanat traditionnel et peut, en concertation avec les autorités locales, susciter des projets de patrimonialisation d’un savoir en cours de disparition.

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Participant.e.s

Vincent Ard (Laboratoires Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés, UMR 5608 TRACES, Toulouse)
Joséphine Caro (Laboratoires Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés, UMR 5608 TRACES, Toulouse)
Anne-Lise Goujon (CFEE Centre Français des Etudes Ethiopiennes, IFRE 23 USR 3137)
Méline Cattiaux (Laboratoires Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés, UMR 5608 TRACES, Toulouse)