AFRICA

Le projet Archéométallurgie du Fer : Ressources, Identités et Commerce en Afrique (AFRICA) est un projet de recherche et de formation franco-bénino-togolais. Il vise à comprendre le rôle du fer comme matériau structurant les sociétés médiévales et modernes en Afrique de l’Ouest en identifiant les districts de production du fer, les réseaux de sa diffusion et les lieux de sa consommation. Nombre de sociétés africaines sont fondées sur une économie du fer et abritent au voisinage des villages ou en brousse des vestiges de leurs ateliers métallurgiques. Si les racines de la sidérurgie remontent, comme les archéologues l’ont démontré grâce aux datations par le carbone 14, au Ier millénaire avant notre ère, ses derniers héritiers ont été étudiés par les ethnologues au siècle dernier. Ce patrimoine matériel et immatériel exceptionnel fait à juste titre la fierté des africains. Plusieurs programmes ont contribué à révéler l’importance de la métallurgie du fer et la diversité des techniques mises en œuvre durant le IIe millénaire de notre ère sur ce continent. Reste à déterminer les raisons et les conséquences d'une telle production du fer durant cette période. Autrement dit : beaucoup de fer mais pourquoi faire ? 

Parallèlement à cette production locale, se met en place sur les côtes africaines la traite dite « atlantique » entre le XVIe et le XIXe siècle, avec comme résultat l’importation en Afrique de barres de fer produites en Europe. Même si le volume des importations de fer européen est toujours difficile à évaluer, il y a assez de preuves pour suggérer qu'elles aient représenté un complément majeur au stock de fer produit en Afrique occidentale. Dans la perspective de restituer l’économie du fer (de sa production et sa consommation), il est donc intéressant de prendre en compte cette autre filière d’approvisionnement et d’identifier les conséquences de ce nouvel apport (usages nouveaux, arrêt ou diminution de la production locale, nouveaux lieux de consommation). Autrement dit : du fer venu de loin, quel impact ?

Les régions privilégiées pour mener avec succès cette étude sont le pays Bassar au Togo et la région du Mono au Bénin. Connues pour leur production de fer, elles bénéficient de nombreuses recherches (ethnologie, histoire, archéologie, géologie) offrant un socle solide de données. Dans le cadre d’une réflexion d’ensemble, d’autres secteurs sidérurgiques comme Tado et Dapaong au Togo ou l’Atakora et le Dendi au Bénin sont pris en considération à travers des travaux universitaires réalisés dans le cadre de mémoires de master ou de doctorat.

Pour mener à bien ce projet, cinq objectifs scientifiques ont été définis : 

• Identifier les gisements de minerai de fer disponibles dans les régions d’étude
• Préciser la durée d’activité des ateliers de production du fer
• Quantifier la masse de métal produite par les différents districts sidérurgiques
• Établir la signature chimique des productions de fer bassar et mono et confronter les différentes méthodes de traçabilité des métaux
• Identifier par la fouille les lieux de consommation du fer

Participant·e·s

• Angelo Ayedoum Affolabi, Univ. d’Abomey-Calavi, dép. d’archéologie, étudiant en licence, archéologue
• Lébérama Bakrobéna, Univ. de Lomé, dép. d’histoire, docteur, archéologue
• Batchana Essohanaù, Univ. de Lomé, dép. d’histoire, professeur des universités, historien
• Didier Béziat, Univ. de Paul Sabatier, dép. de géologie, professeur émérite, géologue minier
• Sébastien Berthaut-Clarac, Univ. de Perpignan, doctorant, archéologue sous-marin
• Adrien Delvoye, Univ. de Genève, chargé de recherche, archéologue
• Marie-Pierre Coustures, Univ. Jean Jaurès, ingénieur d’étude, archéomètre
• Emmanuelle Delqué-Kolic, LSCE, ingénieur de recherche, archéomètre
• Guillaume Estrade, Univ. de Paul Sabatier, dép. de géologie, maître de conférence, géologue minier
• Haréna Pakou, Univ. de Lomé, dép. d’histoire, docteur, archéologue
• Gwenaël Hervé, LSCE, chargé de recherche, archéomètre
• Alexa Höhn, Univ. de Francfort, dép . d’archéologie et d’archéobotanique, anthracologue
• Modeste Ibiwoum, Univ. d’Abomey-Calavi, dép. d’archéologie, étudiant en licence, archéologue
• Mètowoui Hospice Klegbo, Univ. d’Abomey-Calavi, dép. d’archéologie, étudiant en licence, archéologue
• Gérard Kouagou, TRACES UMR 5608, docteur de TRACES, archéologue
• Stéphanie Leroy, IRAMAT-LAPA UMR7065, chargée de recherche, archéomètre
• François Leveque, Univ. de la Rochelle, dép. d’archéologie, géomaticien
• Julien Mantenant, ACTER, TRACES UMR 5608, responsable d’opération, archéométallurgiste
• Honoré Mawutin Adokin, Univ. d’Abomey-Calavi, dép. d’archéologie, étudiant en licence, archéologue
• Camille Mangier-Merceron, INRAP, TRACES UMR 5608, ingénieur, topographe
• Angèle Nouadagbé, Univ. d’Abomey-Calavi, dép. d’archéologie, doctorante, archéologue
• Charlotte Rejaud, Univ. Jena Jaurès, étudiante en master, archéologue
• Giorgia Ricci, TRACES UMR 5608, doctorante, archéologue et archéomètre
• Arnaud Tchebe, Univ. d’Abomey-Calavi, dép. d’archéologie, étudiant en licence, archéologue
• Aurélie Van Toer, LSCE, ingénieur de recherche
• Camille Wandres, LSCE, ingénieur de recherche

Bibliographie succincte

• de Barros, P. (1985) The Bassar: large-scale iron producers of the West African savannah. Thèse de doctorat, University of California, Los Angeles.
• Randsborg, K., Merkyte, I., Møller, N.A., Albek, S. and Adandé, A. (2009) Bénin archaeology: the ancient kingdoms. P. in.: Acta archaeologica, vol. 80-1, Wiley-Blackwell, Oxford, 2 pp.
• Robion-Brunner, C. (2018) L’Afrique des métaux. Pp. 516–543 in : L’Afrique ancienne. De l’Acacus au Zimbabwe, 20000 avant notre ère - XVIIe siècle (F.-X. Fauvelle, editor). Mondes anciens, Belin, Paris.
• Robion-Brunner, C., Coustures, M.-P., Dugast, S., Tchetre-Gbandi, A. and Beziat, D. (2022) Origines et étapes de la diversité des techniques sidérurgiques en Afrique de l’Ouest : le cas de la production du fer en pays bassar (nord du Togo) du XIIIe au XXe siècles. Afriques : Débats, méthodes et terrains d’histoire.