• Opération de terrain achevée,
  • TRACES SMP3C,

Aurignac II

Publié le 26 mai 2023 Mis à jour le 15 septembre 2023

Fouille programmée

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Parmi les nombreux sites préhistoriques du piémont pyrénéen, le secteur du vallon de Rodes à Aurignac (Haute-Garonne) occupe une place particulière en raison des découvertes qui y ont été faites dans la seconde moitié du XIXe siècle, rendues célèbres par E. Lartet. La Grotte d’Aurignac, découverte en 1852 avant d’être fouillée en 1860 par Lartet, a ainsi occupé une place déterminante dans les débats scientifiques de l’époque. De fait, elle a fini par donner son nom au premier groupe culturel d’Homo sapiens s’installant en Europe il y a près de 40 000 ans : les Aurignaciens.

Depuis les fouilles de Lartet, et hormis quelques travaux clandestins, aucune fouille d’envergure n’est entreprise avant celles de F. Lacorre et son épouse entre 1938 et 1939 (Lacorre, 1963). À l’époque, la grotte en elle-même semble déjà quasi vidée et ils concentrent leurs efforts sur la fouille de la « terrasse » et du « talus », situés à l’avant de celle-ci. En 1961 L. Méroc ouvre, à l’aide d’une pelle mécanique, une tranchée de 8 mètres de large et 10 mètres de long qu’il baptise Aurignac II (Aurignac I étant la Grotte/Abri d’Aurignac éponyme). Il découvre notamment une couche (10 cm) de sédiments sableux associée à une industrie d’allure aurignacienne et scellée par un niveau de blocs calcaire qu’il interprète comme le résultat de l’effondrement d’un vaste abri (Méroc, 1963). Au cours de la deuxième moitié des années soixante, l'Abbé Algans, curé du village d'Aurignac, entreprend de nombreuses explorations clandestines dans la partie Ouest de la tranchée laissée par Méroc.

Les résultats obtenus depuis la reprise des travaux en 2017, en l’état de notre analyse, permettent de mieux comprendre la nature et l’origine des dépôts sédimentaires, et du mobilier qu’ils contiennent, conservés à Aurignac II. Notamment, il apparaît assez clairement que le gisement a fonctionné comme un véritable piège ayant capté les produits de l’érosion de la barre rocheuse sus-jacente. De plus nous avons pu observer différents indices de processus post-dépositionnels relativement importants en lien avec des dynamiques hydriques en particulier. À cet égard, et compte tenu de la répartition du mobilier archéologique, il apparaît dorénavant que ce constat met en porte-à-faux les hypothèses de Méroc qui faisait d’Aurignac II un gisement avec un véritable niveau d’occupation aurignacien. Nos hypothèses de travail actualisées vont plutôt dans le sens d’un assemblage en position secondaire provenant du démantèlement d’un ancien prolongement oriental du complexe d’Aurignac I.

20230526_Lejay_Aurignac_01 Aurignac II (31). Vue du gisement en cours de fouille en juin 2022 (M. LEJAY)


20230526_Lejay_Aurignac_02 Aurignac II (31).  Visite du gisement en collaboration avec le Musée de l’Aurignacien (M. LEJAY)


20230526_Lejay_Aurignac_03 Aurignac II (31). Topographie du secteur et implantation des différentes fenêtres de sondages effectués en 2020 (L. ANDERSON / X. MUTH).


20230526_Lejay_Aurignac_04 Aurignac I (31). Mobilier osseux issu des collections anciennes (E. TARTAR).


20230526_Lejay_Aurignac_05 Aurignac  I et II (31). Provenances des silicites (G. CONSTANS)


20230526_Lejay_Aurignac_06 Aurignac II (31). Nucléus laminaire découvert en 2021 (L. ANDERSON)


20230526_Lejay_Aurignac_07 Aurignac II (31). Levée stratigraphique de la coupe longitudinale sud  et projection du mobilier (état 2021 ; M. LEJAY)


20230526_Lejay_Aurignac_08 Aurignac II (31). Vue du gisement en cours de fouille en juin 2022 (M. LEJAY)
 

Bibliographie sélective

LACORRE F. (1963) ‒ Nouvelles fouilles d’Aurignac en 1938 et 1939, in Aurignac et l’Aurignacien. Centenaire des fouilles d’Édouard Lartet, Bulletin de la Société Méridionale de Spéléologie et de Préhistoire, VI-IX, p. 23 27.
LEJAY M. et ANDERSON L. dir. (2019) Aurignac II (Aurignac, 31), Rapport d’opération programmée, SRA Occitanie, 103p.
LEJAY M. et ANDERSON L. dir. (2020) Aurignac II (Aurignac, 31), Rapport d’opération programmée, SRA Occitanie, 95p.
LEJAY M. et ANDERSON L. dir. (2021) Aurignac II (Aurignac, 31), Rapport d’opération programmée, SRA Occitanie, 80p.
MÉROC L. (1963) ‒ Les fouilles de 1961, à Aurignac II, in Aurignac et l’Aurignacien. Centenaire des fouilles d’Édouard Lartet, Bulletin de la Société Méridionale de Spéléologie et de Préhistoire, VI-IX, p. 28 35.

Équipe scientifique

Mathieu Lejay (dir. ; géoarchéologie), UMR 5608 – TRACES / GeoArchEon SARL
Lars Anderson (codir. ; industries lithiques), UMR7055 PreTech / Université Paris Nanterre
Joëlle Arches (études archives anciennes), UMR 5608 – TRACES / Musée d’Aurignac
François Bon (historiographie, industries lithiques), UMR 5608 – TRACES / UT2J
Marie-Cécile Soulier (archéozoologie), UMR 5608 – TRACES / CNRS
Elise Tartar (industrie osseuse), UMR 5608 – TRACES / CNRS
Guilhem Constans (matières premières lithiques), UMR 5608 – TRACES / UT2J
Caroline Renard (consultante ; industries solutréennes), UMR 5608 – TRACES / CNRS
Claire Manen (consultante, matériel néolithique), UMR 5608 – TRACES / CNRS
François Baleux (Topographie), UMR 5608 – TRACES / CNRS
Xavier Muth (Topographie LIDAR), Get In Situ SARL
Sébastien Marzin (Prospection, médiation), UMR 5608 – TRACES / Musée d’Aurignac