Thème 3 - Économie : productions, échanges et consommation


Caractériser l’économie des sociétés anciennes, aussi bien à travers l'étude des traces d’activités productives qu’à partir des produits finis : telle est l'ambition de cette thématique, avec pour point fort le métal, la céramique, le verre, et, pour perspective, une meilleure connaissance de l'économie, c'est-à-dire du contexte dans lequel s'insèrent ces activités de production et d'échanges. Sur la longue durée, notre objectif est de cerner les variations d’intensité et de diversité des productions comme des échanges.

Économie du métal

Les études typo-chronologiques des objets métalliques destinés aux élites permettent de mettre en exergue la place majeure du domaine atlantique et ses réseaux d'échange en Europe protohistorique durant l’âge du Bronze et le premier âge du Fer (B. Armbruster, P.-Y.Milcent). La thèse de M. Nordez approfondit ces questions pour l’âge du Bronze moyen à partir des parures métalliques. Celle de T. Poigt la prolonge à travers l'étude des systèmes de pesée en Europe occidentale à l'âge du Bronze et à l'âge du Fer, dans leur contexte socio-économique.

Le projet ANR-DFG « West Hallstatt Gold » (B. Armbruster) avait pour objectif de mieux comprendre le développement social, économique et technologique de la culture occidentale de Hallstatt par l'étude des productions artisanales en métaux précieux en combinant l'expertise en archéologie, en sciences des matériaux, en technologie, en archéologie expérimentale et en ethnoarchéologie. Il est prolongé désormais par un nouveau projet ANR/DFG consacré aux objets en métal précieux du Second âge du Fer celtique (B. Armbruster, P.-Y.Milcent). Cette thématique touche aussi bien l’or que le bronze et le fer, essentiellement aux âges des métaux et dans des régions situées entre Atlantique et Europe centrale.
 

Torque et phiale de la tombe de Vix (Côte d'Or). Photo : B. Armbruster


Terre cuite


L’accroissement des études céramiques datées entre l’âge du Bronze et le haut Moyen-âge montre l’intérêt de l’équipe pour ces problématiques. Différents thèmes ont été abordés : lien entre typologie des fours et production, les études technologiques et tracéologiques des céramiques et de leur diffusion dans le sud-ouest de la Gaule (T. Le Dreff pour la vallée de la Garonne, F. Sergent pour le site de Prégonrieux).
La multiplication des fouilles des établissements fossoyés dans la sphère toulousaine permet d’analyser le mobilier afin de caractériser, par des cartes de répartition phasées des rejets anthropiques. L’étude poussée, dans une perspective de comparaison, des différentes catégories de céramique peut ainsi permettre d’envisager la fonction et le statut des sites (L. Benquet, G. Verrier).
Le double aspect production/commercialisation est également abordé par le biais de l’épigraphie amphorique des conteneurs issus des ateliers de l’Italie méditerranéenne et plus particulièrement d’Albinia (Etrurie) et dont la région toulousaine est l’un des épicentres de consommation et offre le plus gros corpus de timbres jusqu’à présent réuni (L. Benquet).
L'analyse du faciès culturel et des dynamiques économiques de la céramique durant les deux derniers siècles avant notre ère trouvent ainsi une résonance particulièrement forte dans la zone géographique concernée dont Toulouse et Vieille-Toulouse sont les référentiels principaux (L. Benquet, T. Le Dreff, Ph. Gardes, G. Verrier).
Plusieurs thèses en cours ou récemment soutenues portent sur la céramique protohistorique : séries de l’âge du Bronze final dans le Massif central (G. Saint-Sever), du premier âge du Fer en Languedoc occidental (R. Gourvest) et du second âge du Fer dans le Sud-ouest (T. Le Dreff).
Les études portant sur l’époque antique mettent également l’accent sur les sites de production par l’étude du mobilier des fouilles anciennes ou préventives menées sur les sites de La Graufesenque (12), de Montans (81) (J.-M. Pailler, D. Schaad), de Carrade-Carjac (P. Marty, F. Rivière) et la vallée de l’Adour (65) (P. Marty).

 

Coupe sigillée italique - Montauban - La Vitarelle

Des recherches plus spécifiques portent sur la production de terres cuites architecturales sur le territoire quercinois (D. Rigal, F. Rivière) ; les assemblages de céramiques et d’amphores sur sites de consommation de la cité d’Auch (Ph. Gardes), de Cahors (D. Rigal), des Convènes (L. Pédoussaut, E. Grisoni), de divers sites d’Aquitaine méridionale (L. Benquet, P. Marty, L. Pédoussaut) ou bien encore de Kouass au Maroc (E. Grisoni) ; les céramiques en contexte artisanal (L. Pédoussaut) ; les productions et la diffusion des Terra Nigra et des céramiques engobées (P. Marty) ; sur les vases en milieu funéraire (P. Marty) et la pratique de l’enchytrisme au Haut-Empire dans le Toulousain (L. Benquet).

Verre

Les recherches sur le verre s’intéressent aux divers aspects de consommation, diffusion et production de ce matériau durant l’Antiquité et le haut Moyen Age. Elles s’inscrivent en priorité dans plusieurs projets de publications monographiques de sites antiques ayant fait l’objet de fouilles programmées dans les cités d’Aquitaine. De nature différente, ces sites, publics (campus, basilique, sanctuaire, entrepôt, relais routier) ou privés (domus, villae) livrent différents faciès de consommation du verre, à travers des corpus riches et variés. Ce matériau, qui se révèle de plus en plus comme un précieux marqueur chronologique, témoigne également d’importations lointaines jusque-là peu remarquées en Aquitaine méridionale.
Les différents corpus et autres découvertes issues de fouilles préventives alimentent aussi des études thématiques à plus vastes échelles.  Par exemple, une réflexion sur les importations de verres septentrionaux dans le Sud de la Gaule aux IIIe-IVe s., des notices pour les répertoires nationaux des marques sur verre, des gobelets à scènes de spectacles, ou encore des vases moulés sur noyau d’argile. La participation de M.-Th. Marty au programme VEINAR (développé par l’Association Française pour l’Archéologie du Verre, Ministère de la Culture, CNRS, INRAP) sur le verre incolore des IIe-IIIe siècles permet de valoriser sur une problématique d’envergure les collections étudiées et de revisiter les collections anciennes dans le Sud-Ouest de la France.