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SEEG GOBAAD

Conditions environnementales et dynamiques de peuplement dans la Corne de l’Afrique de la fin du Pléistocène à l’Holocène récent. L’impact des évolutions lacustres du Lac Abhé

Publié le 15 août 2023 Mis à jour le 15 septembre 2023

Site d’Études en Écologie Globale de l’INEE

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Le programme de recherche SEEG Gobaad vise à observer comment les conditions environnementales en jeu dans la Corne de l’Afrique depuis la fin du Pléistocène ont pu impacter les dynamiques d’émergence et de peuplement de sociétés en transition entre le modèle de prédation et celui de production, spécialement dans le territoire de réflexion qu’est le bassin lacustre du lac Abhé, le Gobaad à l’ouest de Djibouti, en dépression Afar.

Depuis le Big Dry, ce bassin du Gobaad a été recouvert par les transgressions majeures du lac Abhé ou a contrario libéré à la suite de brusques baisses du niveau du lac corrélés à des changements climatiques majeurs. En vertu de ces transgressions/régressions lacustres, des épisodes de conquête des environnements exploitables par l’Homme ou inversement des temps de resserrement et d’isolation se sont succédés au cours du temps. Les modes de vies des populations humaines, leur démographie, leurs adaptations, leurs mouvements, la délimitation et l’évolution de leur bassin de vie et l’émergence d’innovation technique s’en sont vus conditionnés.

Il y a 10000 ans, la région du lac Abhé, en pleine African Humid Period, du temps des chasseurs-cueilleurs, était verdoyante : girafes, hippopotames, crocodiles, éléphants, rhinocéros peuplaient la zone. Il y a 5000 ans, l’aridification devient de plus en plus intense, les populations de cette région introduisent les premiers bovins et caprins domestiques depuis la Péninsule arabique ou le Soudan. Les groupes humains occupent alors les bassins lacustres, dans un modèle équilibré entre mobilités, apports extra-régionaux, fixation au sol par les premières formes d’organisation villageoise, poussées démographiques ; elles innovent sur le plan des techniques, thésaurisent les ressources et mettent en place des économies à rendement différé bâties sur du stockage en masse, elles développent de nouveaux rapports au territoire par la mise en place des premières nécropoles ostentatoires. L’apparition de ces premiers pasteurs coïncide précisément avec une phase climatique sèche et avec le début de la régression du lac Abhé. Pour subsister dans ces nouvelles conditions, ces sociétés diversifient leur alimentation avec l’élevage et développent, en plus, des activités de pêches intensives (économies mixtes).

Que dire quelques 5000 ans plus tard ? aujourd’hui, le réchauffement climatique est là, les apports en eaux dans le lac sont insuffisants par rapport à l’évaporation, les niches écologiques favorables à l’implantation disparaissent : toute la grande faune a déserté la région d’Abhé, les populations sont revenues à un système semi-nomade, les jardins tournées vers une production autosuffisante, se réduisent, les populations ne pêchent plus dans un lac appauvri au PH à 10, ne chassent plus et leur ancrage territorial est de plus en plus évanescent…

La question sous-jacente du programme est donc la suivante : comment les changements majeurs de disponibilités en ressources animales, végétales et en eau depuis la fin du Pléistocène, contraints grâce aux variations du niveau du lac Abhé, ont-ils impacté la façon dont les sociétés maillent, balisent leur territoire et initient de nouvelles relations avec leur environnement.

Ce programme est adossé au programme PSPCA Premières Sociétés Productrices dans la Corne de l’Afrique. Il est complété des approches sur les climats passés et actuels conduites dans le cadre du projet ANR NilAfar (2021-2026) dirigé par Marie Revel de GéoAzur. En reconstituant les variations de la mousson africaine du passé depuis la fin du Pléistocène, notamment à partir de zones de réflexion telle celle du lac Abhé et en support des recherches déjà conduites dans les programmes PSPCA et SEEG Gobaad, le consortium de l’ANR NilAfar a pour objectif d’améliorer les modèles du cycle de l’eau et de comprendre comment la distribution des précipitations va évoluer par rapport au réchauffement climatique. Ils projettent de prévoir les futures précipitations pour modéliser où la présence de l’eau sera effective et de facto où mèneront les futurs mouvements de population et quelles seront les localités propices à l'agriculture. Ils pistent aussi les futures zones d’assèchements, secteurs dont on sait qu’ils connaîtront des épisodes économiques et géo-politiques complexes.

Participant.e.s

GUTHERZ Xavier, Université Paul Valery-Montpellier 3, Laboratoire Archéologie des Sociétés Méditerranéennes, UMR ASM 5140, Lattes-Montpellier
CREVECOEUR Isabelle, Laboratoire De la Préhistoire à l’actuel : Cultures, Environnement et Anthropologie, UMR 5199 PACEA, Bordeaux
FOURVEL Jean-Baptiste, LAMPEA, UMR 7269, Aix-en-Provence
REVEL Marie, Université Côte d’Azur-CNRS, Laboratoire GEOAZUR UMR 7329
BAUDOUIN Emmanuel, UMR 7264 CEPAM, Nice
MARQUEBIELLE Benjamin, Laboratoires Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés, UMR 5608 TRACES, Toulouse
MOLOGNI Carlo, Université Côte d’Azur-CNRS, Laboratoire GEOAZUR UMR 7329, CEPAM UMR 7264, Nice
MARECHAL Laura, Laboratoire De la Préhistoire à l’actuel : Cultures, Environnement et Anthropologie, UMR 5199 PACEA, Bordeaux
AUBOURG Quentin, Université Toulouse Jean Jaurès
ANGESOM Friyat, Université Toulouse Jean Jaurès
HEROUIN Stéphane, Service Archéologique de la Ville de Chartres
OSMAN ALI Ibrahim, Technicien de recherche, CERD, IRAH Institut des Recherches Archéologiques et Historiques de la République de Djibouti
YOUSSOUF ADAM Asma, Assistante chercheur, CERD, IRAH Institut des Recherches Archéologiques et Historiques de la République de Djibouti
ABDOULKADER Mariam, Technicien de recherche, CERD, IRAH Institut des Recherches Archéologiques et Historiques de la République de Djibouti
BRUXELLES Laurent, UMR 5608 TRACES, Toulouse, Laboratoires Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés, UMR 5608 TRACES, Toulouse
ALARASHI Hala, Institución Milá y Fontanals de investigación en Humanidades (IMF), centro propio del Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC), Barcelone, Espagne
LESUR Joséphine, Laboratoire Archéozoologie, archéobotanique, UMR 7209 MNHN, Paris
DUFOUR Elise, Laboratoire Archéozoologie, archéobotanique, UMR 7209 MNHN, Paris
ZAZZO Antoine, Laboratoire Archéozoologie, archéobotanique, UMR 7209 MNHN, Paris
TRIBOLO Chantal, Institut de Recherche sur les Archéomatériaux, UMR5060 IRAMAT, Bordeaux et Orléans
DOUZE Katja, Africa Lab - Anthropology Unit Department of Genetics and Evolution University of Geneva –Switzerland
GABRIELE Marzia, CEPAM UMR 7264, Nice
KHALIDI Lamya, Laboratoire Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen-Âge, UMR 7264 CEPAM, Nice
DIAZ Amélie, Université Montpellier Paul Valery, Laboratoire Archéologie des Sociétés Méditerranéennes, UMR ASM 5140, Lattes-Montpellier
COUDERT Lucie, Université Toulouse Jean Jaurès, Laboratoire Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés, UMR 5608 TRACES, Toulouse
THOUVENOT Yoann, Laboratoire Archéologie des Sociétés Méditerranéennes, UMR ASM 5140, Lattes-Montpellier
HERVE Gwenaël, CEA, Laboratoire sur les Sciences du Climat et de l’Environnement, UMR 8212 LSCE, Gif sur Yvette