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Relevés dans le massif du Dakka

Publié le 14 septembre 2023 Mis à jour le 26 septembre 2023

Relevés d’art rupestre

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La Corne de l’Afrique est un des grands foyers africains d’art rupestre, cet art gravé ou peint sur les rochers et les parois des grottes par les hommes du passé. Cet art ne correspond pas à une période particulière mais il évolue au fil du temps au cours de plusieurs millénaires, depuis l’époque des premiers éleveurs de bétail, il y a près de cinq mille ans jusqu’au milieu du premier millénaire de notre ère.

Au sud-ouest de Djibouti, le massif basaltique du Dakka, véritable bibliothèque illustrée, offrait aux graveurs de nombreuses surfaces lisses sur les parois des escarpements de faille qui se succèdent en grand nombre dans ce secteur fortement marqué par la tectonique. Les sites à gravures se répartissent sur ces longues barrières de basalte. D’abord reconnu par Paul Bouvier dans les années 1960 et 70, l’art du Dakka a ensuite été partiellement abordé par Roger Joussaume puis par l’équipe du programme PSPCA à partir de 2006. Cette équipe étudie depuis de façon détaillée la plupart des sites dont une bonne partie était inédite. Les deux sites les plus étendus comportent plusieurs milliers de gravures. Ce sont les corniches basaltiques d’Yo’Orin et d’Asbo Goso. Une dizaine d’autres sites sont moins étendus et possèdent un nombre plus réduit de figures gravées.

Par rapport aux sites d’Abourma, Dorra et Balho, dans le nord du pays, qui illustrent parfaitement la période des premiers éleveurs, ceux du Dakka nous permettent de jeter un regard sur des temps moins éloignés mais cependant encore très peu connus. En effet la majorité des figures gravées appartiennent à une période située entre le début du premier millénaire avant notre ère et l’époque médiévale qui correspond à l’introduction progressive de la religion musulmane (8e-13e siècles) et au développement du commerce caravanier.

Reflet de la présence d’un climat semi-aride, le thème favori des graveurs est celui du dromadaire, animal domestique le plus adapté à la sécheresse. Ces animaux sont figurés seuls ou en groupe compact, parfois aussi en file évoquant une caravane. Ils sont assez souvent associés à des personnages armés d’une lance et d’un bouclier circulaire. La façon de représenter ces animaux en piquetant la roche a évolué au cours du temps. On trouve aussi des bovins à bosse (zébus) et quelques animaux sauvages : antilopes, girafes, un ou deux rhinocéros et un hippopotame. Ils sont représentatifs d’une période antérieure à l’arrivée des dromadaires. La région était déjà sous l’emprise progressive de l’aridité mais possédait encore des zones humides et une couverture végétale assez fournie.

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