Antakari 3

Depuis 2008, le programme MEAE PSPCA Premières Sociétés de Production dans la Corne de l’Afrique permet par la fouille et l’étude du plus imposant monument en cours d’exploration de la Corne, la plateforme circulaire d’Antakari 3 venue sceller une nécropole de près de 400 individus inhumés au cœur du bassin lacustre du Gobaad dans le sud-ouest de la République de Djibouti, d’aborder les questions de fonction commémorative de ce type de monument et celle de la fonction démonstrative des pouvoirs politiques ou par la richesse de groupes qui se mettent en place au 3ème millénaire avant notre ère et qui sont innovants dans l’exploitation du milieu par l’adoption de l’élevage.

Dans un environnement où la compétition pour le prestige de certains individus devait être notoire, de très nombreux sites d’habitat synchrones de cette nécropole, sont également implantés selon un maillage d’occupation de l’espace très serré dans le bassin. Le programme PSPCA vise la reconstitution de ce qu’était ce bassin de vie, dont les sites fournissent des productions manufacturières d’une diversité telle qu’elles sont nécessairement représentatives de l’occupation de l’espace par des groupes aux identités culturelles plurielles, en rivalité et/ou en réciprocité sociale.

Le bassin du Gobaad est le principal réceptacle des eaux provenant des hauts plateaux éthiopiens. Ce réceptacle prend la forme d’un lac alimenté depuis les hauts plateaux par la rivière Awash, lequel, au moment de l’African Humide Period (aux alentours du 9/8èmes millénaires avant notre ère), s’étendait sur plus de 6000 km², mais qui aujourd’hui, du fait de changements climatiques majeurs, ne dispose plus que d’une superficie de 320 km2. Il n’empêche que sur les cinq derniers millénaires qui ont vu émerger puis se consolider les premières sociétés de production, ce bassin lacustre constituait un lieu d’implantation privilégié pour les populations d’éleveurs dont les activités étaient tournées vers l’exploitation de la biodiversité animale et végétale exceptionnelle du secteur, y compris la pêche intensive dans les eaux du lac Abhé.

La sépulture communautaire à plateforme d’Antakari 3 ne constitue pas un unicum dans le bassin lacustre du Gobaad si on veut bien l’intégrer à un ensemble multiforme de monuments dont la vocation sépulcrale n’est pas systématique et qui, sous des formes architecturales diverses, se comptent par centaines.