Le genre et la mort. Approche croisée

Publié le 9 avril 2024 Mis à jour le 10 avril 2024
du 9 avril 2024 au 19 avril 2024
26 et 27 novembre 2024
Strasbourg
20230429_conf_charignon
20230429_conf_charignon

Appel à communications

Depuis les années 1980, la question du genre (ou "sexe social") est devenue un axe de recherche à part entière et de nombreux travaux, notamment conduit en anthropologie culturelle et sociale, ont permis d’insister sur la pluralité des transcriptions possibles du biologique par le social. Françoise Héritier déclarait ainsi que "les caractères observés dans le monde naturel sont décomposés, atomisés en unités conceptuelles, et recomposés dans des associations syntagmatiques qui varient selon les sociétés. Il n’y a pas de paradigme unique. […] Il demeure qu’autant pour la construction des systèmes de parenté (terminologie, filiation, alliance) que pour les représentations du genre, de la personne, de la procréation, tout part du corps, d’unités conceptuelles inscrites dans le corps, dans le biologique et le physiologique, observables, reconnaissables, identifiables en tout temps et lieux ; ces unités sont ajustées et recomposées selon diverses formules logiques possibles, mais possibles aussi parce que pensables, selon les cultures. L’inscription dans le biologique est nécessaire, mais sans qu’il y ait une traduction unique et universelle de ces données élémentaires" (Héritier 1996, p. 22).

Si les différences biologiques servent ainsi de base à la conceptualisation du genre, les fonctions assignées aux hommes et aux femmes dans le corps social sont sujettes à une importante variabilité se reflétant avant tout dans la division socio-sexuée du travail et l’organisation sociale du travail de procréation (MATHIEU 2014). Le genre constitue de cette manière, avec l’âge, un élément structurant des sociétés humaines (e.g. Mathieu 2014 ; Lahire 2023). Il est rendu visible par une "grammaire" culturellement établie reposant sur l’association d’outils privilégiés avec l’un des sexes, mais peut également s’exprimer par des tatouages, des bijoux, des vêtements, ou encore des "techniques du corps" (Julien et Rosselin 2005 ; Mauss 2021 [1921] ; Sofaer 2006). Ces derniers éléments sont toutefois susceptibles de revêtir un caractère polysémique en raison de l’imbrication de l’identité de genre d’ego avec son identité individuelle, mais aussi et surtout avec des identités collectives telles que l’âge, le statut social ou marital. Par ailleurs, bien que le sexe biologique serve de point d’ancrage au genre, l’anthropologie sociale a pu mettre en évidence des cas « tangents » dans plusieurs sociétés « traditionnelles », qui admettaient des divergences entre le sexe biologique d’ego et son sexe social (cross-gender) : ce phénomène a notamment été mis en 2 évidence chez certaines tribus indiennes d’Amérique du Nord (cf. berdaches), ou encore chez les inuits (e.g. Mathieu 2014 ; Saladin d’anglure 2004).

Si ces observations témoignent de la complexité des comportements humains, il n’en demeure pas moins que le genre constitue un outil d’analyse permettant d’aborder les sociétés anciennes et actuelles de manière inédite et d’interroger les modalités des rapports sociaux de sexe. En dépit des multiples facteurs susceptibles d’exercer un rôle sur le traitement des défunts, la sphère funéraire se révèle être un domaine particulièrement propice à ce type d’études : le genre peut en effet être signifié au cours des différentes étapes du temps funéraire (e.g. rituels, préparation du corps, funérailles), conjointement à d’autres aspects (Sorensen 2006).

Les limites posées par la nature des données archéologiques, ainsi que l’absence d’écrits pour les sociétés pré- et protohistoriques, conduit à proposer une approche croisée faisant dialoguer archéologues, historiens et anthropologues dans l’optique de confronter les différentes méthodes mises en place afin d’aborder la question du genre. Ces rencontres jeunes chercheuses et chercheurs se focalisent ainsi sur trois axes de recherche et ont vocation à aborder le genre dans la mort en rassemblant des communications consacrées aux périodes préhistoriques, historiques et contemporaines, et ce sans limites géographiques.

Modalités de soumission : les propositions de communication sont à envoyer en anglais ou en français avant le 28 juin 2024 à l’adresse colloquegenre2024@gmail.com, accompagnées d’un curriculum vitae. Elles devront être d’une longueur maximale de 400 mots et indiquer l’axe dans lequel elles s’inscrivent. Les propositions sélectionnées par le comité scientifique seront annoncées en fin août. Les communications orales (français ou anglais) auront une durée de 20 minutes et seront suivies par 10 minutes d’échanges avec la salle.

Comité d'organisation

Ludivine Capra, Doctorante en Archéologie romaine, Université de Strasbourg
Andrea Charignon, Doctorante en Archéologie protohistorique, Université Toulouse Jean Jaurès
Juliette Floquet, Docteure en Archéologie du Proche-Orient, Université de Strasbourg
Océane Vaux, Doctorante en Archéologie médiévale, Université de Strasbourg
Laura Waldvogel, Docteure en Préhistoire, Université de Strasbourg

crédit photo : H. Paitier (INRAP), Le Guévellou 2021, p.389.