Les drones dans le journal du CNRS

Traquer les sites archéologiques enfouis

Publié le 23 mars 2015 Mis à jour le 4 juin 2015

Les drones sont à l'honneur dans le Journal du CNRS ! Une interview de Nicolas Poirier (TRACES UMR5608).


Les drones, nouveaux outils de la recherche
Traquer les sites archéologiques enfouis

Jusqu’à présent, on utilisait l’avion pour tenter de déceler les traces de vestiges gallo-romains ou d’habitats du Moyen Âge enfouis sous les champs. Avec plusieurs limites de taille : l’altitude minimale à laquelle peut voler un avion (150 mètres) ne permet pas de prendre des clichés avec une haute résolution, et le coût élevé d’un vol limite d’autant le nombre de missions possibles. Or les conditions de lumière, d’humidité et de visibilité sont extrêmement variables d’un jour à l’autre et ne garantissent pas de repérer à coup sûr les signes d’un habitat enseveli. « Les drones, eux, permettent de répéter autant de fois que nécessaire les survols et d’approcher au plus près des surfaces à explorer », explique Nicolas Poirier, archéologue au laboratoire Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (TRACES). Ils sont équipés d’appareils photo numériques classiques ou de caméras thermiques à infrarouge, remises au goût du jour depuis l’arrivée de ces engins.

 
            © N. POIRIER/TRACES

« La thermographie a été testée en archéologie dans les années 1970 et abandonnée car trop compliquée à utiliser dans les avions, explique le chercheur. Aujourd’hui, ces caméras sont numériques, miniaturisées et permettent de détecter efficacement les anomalies thermiques du sol causées par la présence de fondations. » Le principe : les murs présentant une plus grande inertie thermique que les sédiments alentour, ils tendront à se réchauffer moins vite quand la température augmente, et inversement. Les caméras peuvent aussi détecter les variations thermiques des céréales dans un champ : les plants dont les racines buttent sur des fondations souffrent de stress hydrique et ont tendance à chauffer plus que les autres. « Avec cette technique, on voit carrément apparaître le plan des bâtiments, c’est magique ! », s’enthousiasme le chercheur. À terme, les scientifiques du laboratoire Traces espèrent pouvoir utiliser les drones dans l’archéologie préventive, en contribuant à repérer les sites archéologiques enfouis avant même l’entrée en scène des bulldozers.

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