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MORET Pierre
Résumé du dossier d'habilitation à diriger des recherches soutenu à l'Université de Toulouse - Le Mirail, le 5 décembre 2008, sous le titre «Recherches historiques et archéologiques sur l'Ibérie antique»
Jury
ARNAUD Pascal (IUF, Université de Nice)
PAILLER Jean-Marie (IUF, Université de Toulouse - Le Mirail, directeur)
PAYEN Pascal (Université de Toulouse - Le Mirail)
ROUILLARD Pierre (CNRS, Université de Paris X)
SANMARTI Joan (Universitat de Barcelona)
TREZINY Henri (CNRS, Université de Provence).
Le dossier présenté comporte deux mémoires indépendants, axés l'un sur l'analyse historique des sources littéraires, l'autre sur l'examen des données archéologiques.
L'invention de l'Ibérie. Regards grecs et romains sur l'Extrême Occident
L'Ibérie des mythographes et des premiers géographes grecs est une construction littéraire, fondée notamment sur des effets de symétrie entre les extrémités du monde, qui a durablement conditionné les développements ultérieurs de la géographie de l'Hispanie. C'est cette ambivalence du regard des Anciens, partagée entre une expérience plus ou moins filtrée du pays réel et la persistance de représentations mythiques, que j'ai tenté de cerner en me plaçant sous trois points de vue.
Une première partie est consacrée à la toponymie et à l'ethnonymie de l'Ibérie, d'Hécatée à Tite-Live. Les noms géographiques ont fait l'objet de manipulations et de transferts d'un bout à l'autre de la Méditerranée qui jouent un rôle crucial dans la représentation grecque de l'Ibérie. Même lorsqu'on a affaire à des noms de peuples dont l'origine est non grecque, les contextes de création et d'utilisation de ces ethnonymes, avant comme après la conquête romaine, sont généralement incompatibles avec la démarche actuelle de l'archéologie qui tend à leur donner, à tort, un contenu ethnique ou culturel précis, comme je tente de le démontrer dans le cas des Edétans et des Turdétans.
Quatre études de cas abordent ensuite, sous l'angle de la topographie - mythique ou réelle - le problème de la présence grecque en Ibérie (les « petites villes de Marseille » de la côte valencienne ; les îles dites « errantes » de la Méditerranée Occidentale ; la topographie d'Emporion) et les enjeux géographiques du deuxième traité entre Rome et Carthage (à propos de la localisation, ibérique ou africaine, de Mastia Tarseion).
La troisième partie porte sur les rares fragments d'une ethnographie des peuples ibériques que l'on peut glaner dans quelques passages de Polybe et de Tite-Live. L'accent est mis sur la description des institutions politiques (en particulier le régime monarchique) et sur le sens que revêt, dans Tite-Live, le suicide collectif des défenseurs de plusieurs places fortes ibériques.
Architecture, urbanisme et organisation du territoire dans l'Ibérie de l'âge du Fer et de l'époque républicaine (VIIe - Ier siècle avant J.-C.)
Une première partie traite de la longue période qui va du VIIe au IVe siècle, notamment de la phase de transition de l'Ibérique Ancien (autour du VIe siècle) qui voit se produire d'importantes mutations, tant du point de vue des fortifications que du point de vue de l'architecture domestique.
Une autre transition décisive, celle des IIIe et IIe siècles, est ensuite abordée, d'abord sous le rapport des modèles architecturaux hellénistiques et de leurs voies de diffusion, avant et après la conquête romaine, avec un chapitre de synthèse suivi de l'examen d'un cas particulier (les tours pentagonales) ; puis à propos des enceintes urbaines des cités pérégrines du IIe siècle.
À travers l'étude d'un secteur du Bas Aragon entre le VIIe et le Ier siècle av. J.-C., la troisième partie donne l'occasion de tester à grande échelle, sur un terrain bien délimité, plusieurs hypothèses introduites dans les chapitres précédents : origine régionale des formes d'habitat groupé ; lien entre aristocratie et architecture de prestige (les maisons-tours) ; hiérarchie des types d'établissement ; réélaboration et adaptation locale de formes ou de styles importés ; maintien des mêmes formes architecturales d'une période à l'autre, mais pour des usages différents ; nouveaux emplois et nouveau rôle social de la fortification à l'époque républicaine.
Enfin, la quatrième partie traite toute entière d'un dossier spécifique, celui des maisons fortes isolées qui se multiplient dans les campagnes et dans certains districts miniers de l'Hispanie à partir du milieu du Ier siècle av. J.-C., principalement en Bétique et en Lusitanie. Cette forme originale d'habitat rural pose la question d'un mode de romanisation sui generis qui mêle des traits italiques, puniques, hellénistiques et ibériques.
Publication
Le second volume est en ligne sur Hal :
http://hal.archives-ouvertes.fr/tel-00365271/fr/
Jury
ARNAUD Pascal (IUF, Université de Nice)
PAILLER Jean-Marie (IUF, Université de Toulouse - Le Mirail, directeur)
PAYEN Pascal (Université de Toulouse - Le Mirail)
ROUILLARD Pierre (CNRS, Université de Paris X)
SANMARTI Joan (Universitat de Barcelona)
TREZINY Henri (CNRS, Université de Provence).
Le dossier présenté comporte deux mémoires indépendants, axés l'un sur l'analyse historique des sources littéraires, l'autre sur l'examen des données archéologiques.
L'invention de l'Ibérie. Regards grecs et romains sur l'Extrême Occident
L'Ibérie des mythographes et des premiers géographes grecs est une construction littéraire, fondée notamment sur des effets de symétrie entre les extrémités du monde, qui a durablement conditionné les développements ultérieurs de la géographie de l'Hispanie. C'est cette ambivalence du regard des Anciens, partagée entre une expérience plus ou moins filtrée du pays réel et la persistance de représentations mythiques, que j'ai tenté de cerner en me plaçant sous trois points de vue.
Une première partie est consacrée à la toponymie et à l'ethnonymie de l'Ibérie, d'Hécatée à Tite-Live. Les noms géographiques ont fait l'objet de manipulations et de transferts d'un bout à l'autre de la Méditerranée qui jouent un rôle crucial dans la représentation grecque de l'Ibérie. Même lorsqu'on a affaire à des noms de peuples dont l'origine est non grecque, les contextes de création et d'utilisation de ces ethnonymes, avant comme après la conquête romaine, sont généralement incompatibles avec la démarche actuelle de l'archéologie qui tend à leur donner, à tort, un contenu ethnique ou culturel précis, comme je tente de le démontrer dans le cas des Edétans et des Turdétans.
Quatre études de cas abordent ensuite, sous l'angle de la topographie - mythique ou réelle - le problème de la présence grecque en Ibérie (les « petites villes de Marseille » de la côte valencienne ; les îles dites « errantes » de la Méditerranée Occidentale ; la topographie d'Emporion) et les enjeux géographiques du deuxième traité entre Rome et Carthage (à propos de la localisation, ibérique ou africaine, de Mastia Tarseion).
La troisième partie porte sur les rares fragments d'une ethnographie des peuples ibériques que l'on peut glaner dans quelques passages de Polybe et de Tite-Live. L'accent est mis sur la description des institutions politiques (en particulier le régime monarchique) et sur le sens que revêt, dans Tite-Live, le suicide collectif des défenseurs de plusieurs places fortes ibériques.
Architecture, urbanisme et organisation du territoire dans l'Ibérie de l'âge du Fer et de l'époque républicaine (VIIe - Ier siècle avant J.-C.)
Ce deuxième volume retrace l'évolution des formes d'habitat dans la partie méditerranéenne de l'Ibérie en mettant plus particulièrement l'accent sur la basse vallée de l'Èbre et le Bas Aragon où j'ai dirigé un programme de fouilles de 1995 à 2007. En me plaçant dans une longue durée qui va du premier âge du Fer au règne d'Auguste, j'ai délibérément choisi de rejeter à l'arrière-plan la césure de la conquête romaine, dont les incidences sur l'urbanisme indigène sont lentes et suivent des rythmes très variables en fonction des situations locales.
Une première partie traite de la longue période qui va du VIIe au IVe siècle, notamment de la phase de transition de l'Ibérique Ancien (autour du VIe siècle) qui voit se produire d'importantes mutations, tant du point de vue des fortifications que du point de vue de l'architecture domestique.
Une autre transition décisive, celle des IIIe et IIe siècles, est ensuite abordée, d'abord sous le rapport des modèles architecturaux hellénistiques et de leurs voies de diffusion, avant et après la conquête romaine, avec un chapitre de synthèse suivi de l'examen d'un cas particulier (les tours pentagonales) ; puis à propos des enceintes urbaines des cités pérégrines du IIe siècle.
À travers l'étude d'un secteur du Bas Aragon entre le VIIe et le Ier siècle av. J.-C., la troisième partie donne l'occasion de tester à grande échelle, sur un terrain bien délimité, plusieurs hypothèses introduites dans les chapitres précédents : origine régionale des formes d'habitat groupé ; lien entre aristocratie et architecture de prestige (les maisons-tours) ; hiérarchie des types d'établissement ; réélaboration et adaptation locale de formes ou de styles importés ; maintien des mêmes formes architecturales d'une période à l'autre, mais pour des usages différents ; nouveaux emplois et nouveau rôle social de la fortification à l'époque républicaine.
Enfin, la quatrième partie traite toute entière d'un dossier spécifique, celui des maisons fortes isolées qui se multiplient dans les campagnes et dans certains districts miniers de l'Hispanie à partir du milieu du Ier siècle av. J.-C., principalement en Bétique et en Lusitanie. Cette forme originale d'habitat rural pose la question d'un mode de romanisation sui generis qui mêle des traits italiques, puniques, hellénistiques et ibériques.
Publication
Le second volume est en ligne sur Hal :
http://hal.archives-ouvertes.fr/tel-00365271/fr/