Thème 5 - Nouvelles approches en historiographie et épistémologie


L’objet de ce thème est de comprendre comment se sont constitués les concepts des archéologues, les corpus documentaires qui les ont nourris mais aussi d’étudier les réseaux de sociabilité scientifique. Pour ce faire, nous avons recours à des fonds d'archives nationaux et européens, à l'exploitation de nouveaux outils d'approche des réseaux intellectuels et à des dépouillements bibliographiques systématiques.

Les principales recherches tournent autour des concepts de « fait archéologique », de « Protohistoire », d’« Antiquité » comme « période » à part entière, en s’intéressant à ses acteurs et promoteurs, qu’ils fussent rattachés à des institutions ou non.

Depuis 2009, le PCR « Archives et correspondance de Joseph Déchelette » coordonné par S. Péré-Noguès a permis la mise en œuvre d’un inventaire systématique du fonds d’archives conservé à la bibliothèque du Musée de Roanne (plus de 5000 documents) et d’un travail de prospection de la correspondance active de l’archéologue dispersée dans de nombreux fonds nationaux et internationaux. A partir de ces archives, des études aussi bien historiographiques qu’épistémologiques ont pu être menées et publiées sous forme d’actes de plusieurs journées d’études. Une étude sur le réseau des correspondants européens de Joseph Déchelette est en cours.

Une réflexion générale sur la pratique archéologique a donné lieu à une soutenance d'HDR (Ph. Boissinot : Qu'est-ce qu'un fait archéologique ?), et bientôt à la publication d'un essai. Elle propose de définir l'archéologie comme une situation épistémique singulière autour de laquelle divers collectifs sont sollicités. Au démontage d'un agrégat d'un genre particulier sont associées deux questions, la première (qu'est-ce qu'il y a ici ?) permettant d'embrayer sur une seconde (que s'est-il passé ici ?), soit un découplage entre l'espace et le temps, une situation que ne rencontre ni l'histoire, ni l'anthropologie. Si elle s'avère déficiente vis à vis d'elles, avec la perte irréversible de critères d'identité, en revanche, elle bénéficie d'un avantage probatoire certain : exhumer un artefact d'un agrégat constitue la preuve d'un existant. En recourant à divers outils de l'épistémologie et de l'ontologie, on est ainsi amené à reconsidérer l'ensemble de la discipline, pour laquelle une définition trop "libérale" avait été favorisée, aboutissant à de nombreux paradoxes (mémoire matérielle, archéologie du paysage, etc.).

Le "PCR Emile Cartailhac (1845-1921) : jalons d’une carrière au service de l’archéologie"

Ce programme vise à une étude de la carrière d’un des savants les plus importants de la région Midi-Pyrénées. Archéologue, conservateur, professeur, directeur de revues, président de la Société archéologique du Midi de la France, Emile Cartailhac joua un rôle très important dans le paysage scientifique régional, national et international, qu’il est aujourd’hui possible d’analyser grâce à de nombreuses ressources documentaires (correspondance, notes de cours, articles, livres…). Des travaux universitaires (la thèse de Sébastien Dubois) ont déjà préparé le terrain, et notre programme est adossé à la valorisation des archives de l’archéologue (plus particulièrement les correspondances inédites du Museum d’Histoire naturelle de Toulouse et de l’Association Louis Begouën). Ces fonds doivent être croisés avec d’autres fonds nationaux et régionaux que nous avons déjà recensés et pour lesquels des missions ont été menées en 2014 (concernant en particulier la recherche de la correspondance active de l’archéologue). Cette enquête permettra de s’interroger sur le rôle d’Emile Cartailhac dans les réseaux savants de son temps, mais aussi d’approfondir nos connaissances sur l’histoire de certains sites et de certaines collections régionales.
Plusieurs collègues d’institutions différentes (Museum de Toulouse, Association Louis Begouën, SICD, …) sont partenaires du projet qui est soutenu par le laboratoire TRACES (UMR 5608).
 
 
Photo: Emile Cartailhac – Préhistorien Français (1845-1921)
Légende du Comte Henri Bégouën au dos : « La dernière photographie de Cartailhac.
Cliché Chevalier. Mai 1921 »

Origine : Service Bibliothèque et documentation Muséum de Toulouse.