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La fabrique urbaine de Bouto, de la période ptolémaïque à l’époque impériale

Centre, périphéries et frontières

Publié le 17 juillet 2025 Mis à jour le 17 juillet 2025

Mission MEAE

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Située à une dizaine de kilomètres à l’est de la branche de Rosette et à une centaine de kilomètres d’Alexandrie, le site de Tell el-Fara’in/Bouto est l’un des plus anciens établissements de grande ampleur et des mieux préservés du delta.

William M. Flinders Petrie y effectue un rapide passage en 1886, Charles Trick Currelly procédant à quelques sondages en 1904. En dépit de sa brièveté, ce séjour permet de présenter une première ébauche de la topographie du site qui n’aura de cesse d’être améliorée. C’est surtout à partir des années 1960, sous l’égide de l’Egypt Exploration Society (EES), puis, au début des années 1980, du Deutsches Archäologisches Institut Kairo (DAIK), que le site est exploré de manière systématique. Ce qui permet de mettre en évidence les grandes phases qui rythment l’histoire du site : du début du IVe millénaire aux premières dynasties, de la Troisième Période intermédiaire à la Basse Époque, de la période ptolémaïque au début de l’époque islamique. Le DAIK s’est principalement investi dans l’approche spatiale du site (carottages, géomorphologie) et sur les périodes pré- et protohistorique depuis le début des années 1980 ; des fouilles à grande échelle ont révélé des séquences stratigraphiques complètes de la période prédynastique jusqu’au début de l’Ancien Empire, couvrant une période de presque 2 000 ans.

Depuis la fin des années 1990, l’université de Poitiers (EA 3811 HeRMA) puis celle de Paris Nanterre (UMR 7041, ArScAn-ESPRI) et maintenant l’insitut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et l’UMR 5608 TRACES (UT2J) sont accueillis dans le cadre de la concession du DAIK, afin d’explorer les différents aspects de la Bouto tardive, bénéficiant d’une mutualisation scientifique (topographie, géophysique, numismatique, archéozoologie) et logistique, et ont collaboré à l’étude des bains de Bouto fouillés par l’inspectorat de Kafr el-Cheikh (Ministry of Tourism and Antiquities).

Depuis 2001, le champ d’intervention de la mission française de Bouto concerne l’évolution du tissu urbain, peu avant la conquête d’Alexandre jusqu’aux premiers temps de l’islam, les premiers travaux ayant porté sur le potentiel d’activités potières avec des découvertes de première importance du point de vue des techniques notamment avant de se concentrer sur l’un des kôms du site et les vestiges de bâtiments qu’il recèle. Une prospection pédestre a révélé une rétraction de l’occupation entre la Basse Époque et la période ptolémaïque/début de l’Empire romain, et une présence réduite jusqu’à la transition byzantino-islamique pour le kôm A qui, depuis 2015, fait l’objet d’investigations approfondies.

À la suite d’une prospection pédestre ayant localisé les vestiges de contenants funéraires, une mission de diagnostic archéoanthropologique a été engagée avec le soutien de l’Inrap et de l’UMR 5608 TRACES en 2019 ; elle a permis de mettre en évidence l’importance de la nécropole, tant du point de vue du nombre de sépultures que de leur type : sarcophages de terre cuite, grandes jarres à rebords larges et plats, accolées deux à deux, cuves étroites ovales aux parois épaisses avec ou sans couvercle, tombe collective construite (avec plusieurs pièces), tombes construites en briques de terre crue (monument tout ou partie hors sol), etc. Ce travail préliminaire a permis de cerner des zones intéressantes sur lesquelles les fouilles portent maintenant depuis 2021 afin de comprendre l’articulation de la nécropole dans le paysage urbain de Bouto et sa périphérie, en parallèle du travail qui continue sur les autres aspects de la ville.

Participant·e·s

  • BALLET Pascale, Prof. émérite, Université Paris Nanterre, ArScAn UMR 7041. Céramologie.
  • BANASZAK Aline, Doctorante, Université de Lille, HALMA UMR 8164. Céramologie.
  • BERGINC Louise, Doctorante, Université Paris Nanterre, ATER, ArScAn UMR 7041. Étude du mobilier archéologique.
  • BRAUN Jolande, Étudiante, DAIK. Archéoanthropologie.
  • CALTAGIRONE Lisa, Doctorante, Sorbonne Université. Archéoanthropologie.
  • DEFERNEZ Catherine, CNRS, UMR 8167 Orient & Méditerranée. Étude du mobilier archéologique de la Basse Époque.
  • DEHECQ Amélie, CNRS, UMR 7324 CITERES. Archéologie, prospection par pénétromètre.
  • FAUCHER Thomas, CNRS, CEAlex, UAR 3134. Numismatique.
  • FERRARI Mathilde, Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Topographie.
  • GEORGES-ZIMMERMANN Patrice, Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), UMR 5608 TRACES. Archéo(anthropo)logie (fouille secteur).
  • LECUYOT Guy, Ingénieur de Recherche, CNRS-ENS UMR 8546. Étude du mobilier archéologique.
  • MAZOU Loïc, Éveha International, Université Paris Nanterre, ArScAn UMR 7041 et Université de Poitiers, HeRMA UR 15071. Archéologie (fouille secteur).
  • MORAND Nicolas, Éveha International, UMR 7209 AASPE, Muséum d’Histoire naturelle (Paris), CEAlex/Ifao. Archéozoologie. 
  • SIMONY Aude, CNRS, CEAlex, UAR 3134. Céramologie.
  • VENTON Clément, Doctorant Ifao-MESR. Architecture de terre crue.
  • BAHA EL-DIN ZAZA Khaled, émérite Ifao. Dessin. 
  • EL-DORRY Mennat-Allah, MoAT. Archéobotanique.
  • FRAGAKI Eléni, UMR ArScAn 7041. Architecture.
  • GABER Mohammed, Ifao. Topographie. 
  • HERBICH Tomasz, Instytut Archeologii i Etnologii, Polska Akademia Nauk, Institute of Archaeology and Ethnology, Polish Academy of Sciences. Géophysique.
  • MAHMOUD Ebeid, émérite Ifao. Restauration/conservation. 
  • MOHAMMED Ihab Ibrahim, Ifao. Photographie.
  • POLUDNIKIEWICZ Anna, émérite Instytut Archeologii i Etnologii, Polska Akademia Nauk, Institute of Archaeology and Ethnology, Polish Academy of Sciences. Céramologie.
  • REIMANN Rabea, Doctorante, Université de Cologne, programme ANR-DFG CeramEgypt. Céramologie.
  • SALEM Ayah, MoTA, Inspectorat d’Alexandrie, université d’Alexandrie, doctorante, Archéoanthropologie.

Bibliographie succincte

  • P. Ballet, « De « Pé » et « Dep » à Bouto (Tell el-Faraʽin), le destin tardif d’une grande métropole religieuse du Delta », Bulletin de la SFAC XLVIII, 2016-2017, Revue Archéologique, 2018/1, n° 65, p. 125-137.
  • F. Téreygeol, L. Mazou, « Les creusets métallurgiques de l'antiquité tardive à Bouto : une expérimentation autour de l'adaptation de l'objet et de son usage à la matière disponible », in G. Verly, F. Rademakers, F. Téreygeol (éd.), Studies in experimental archaeometallurgy: methodological approaches from non-ferrous metallurgies, Monographies Instrumentum, n°60, Editions Mergoil, 2019, p. 165-177.
  • P. Ballet, G. Lecuyot, J. Marchand, L. Mazou, M. Pesenti, R. Reimann, A. Simony, « Bouto/Tell El-Faraʽin. Production et consommation de la céramique en milieu urbain de l’époque ptolémaïque aux débuts de l’islam », BCE 28, 2019, p. 55-88.
  • P. Ballet et L. Mazou, « Vivre, produire et mourir à Bouto (delta du Nil) à l’époque impériale. État des recherches », CRAI 2022, p. 861-892 - HALshs 04464492 
  • L. Mazou, « Un thesauros/grenier à Bouto. Architecture et organisation d’un bâtiment de stockage dans le delta nord occidental à l’époque impériale », in A. Bats et N. Licitra, Storage in Ancient Egypt and Nubia. Earthen architecture and building techniques, Sidestone Press, Leyde, 2023, p. 107-115. https://doi.org/10.59641/o29221ra.
  • P. Georges-Zimmermann, « Égypte. Une maison pour les momies dans la nécropole romaine de Bouto », Archéologia, n° 634, septembre 2024, p. 14-15.
  • P. Ballet,  « Deux flacons à parfum de Bouto. Notices 26-27», dans Parfums d’Égypte. Du pays de Pount  aux rives du Nil (dir. H. Gaber et F. Servajean), éditions Snoeck, Gand, 2024, p. 99.
  • P. Georges-Zimmermann, P. Ballet, Étudier la nécropole gréco-romaine de Bouto (Égypte) : quelles informations sur la ville et ses habitants ? Bulletin de la SNAF, à paraître.

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