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Territoires. Les districts miniers et métallurgiques anciens : organisation, économie et impacts sur le paysage
La recherche et l’acquisition des métaux nécessaires au développement des sociétés humaines anciennes ont entrainé la formation d’ « écosystèmes » particuliers qui se sont construits et structurés peu à peu autour des gisements métallifères et de leur mise en valeur. Mines souterraines ou à ciel ouvert, ateliers de préparation et de transformation des minerais, agglomérations regroupant les différents acteurs impliqués, directement ou indirectement, dans l’exploitation (mineurs, métallurgistes, bûcherons, charbonniers, mais aussi agriculteurs, artisans, voire commerçants) constituent autant d’éléments marquant de véritables paysages « industriels » aux époques anciennes que l’archéologie essaie de restituer, comprendre et interpréter. C’est dans cette perspective que sont menées les recherches actuelles. Elles constituent la poursuite logique des programmes dirigés dans les années 1990 et 2000-2010 sur des grands secteurs de production métallifère, dans le sud de la Gaule (Montagne Noire, sidérurgie romaine), dans le sud-est de l’Espagne (Carthagène, exploitation du plomb-argent à l’époque romain), et dans les Monts Apuseni de l’antique Dacie (mines d’or et d’argent de Rosia Montana, Roumanie). Ces recherches concernent des secteurs miniers de moindre envergure mais tout aussi riches que les premiers par la quantité et la qualité des données qu’ils renferment, ainsi dans les territoires de la Gaule protohistorique et antique (Pyrénées, Morvan), où les recherches se sont recentrées ces dernières années. L’autre grand secteur, extra-européen, est celui de l’Afrique de l’ouest, lui aussi très prometteur, pour des périodes plus récentes (Moyen Âge et époque moderne).
Dans le prolongement des travaux sur les mines de cuivre/argent de la vallée de l’Arize, les recherches sur les anciens districts miniers des Pyrénées connaissent un regain de dynamisme. Contrairement aux décennies précédentes ces programmes ne concernent plus le fer, mais les métaux précieux ou semi-précieux, et des phases d’activité antérieures à l’époque romaine.
Au centre de la chaîne, des données inédites ont été collectées sur un secteur d’extraction du cuivre à l’âge du Bronze. À l’ouest, c’est une mine de plomb protohistorique qui a récemment été explorée, dans un contexte déjà bien connu pour la production sidérurgique. Ces recherches récentes ont permis l’amorce d’une réflexion collective, intégrant le versant espagnol. On perçoit d’ores-et-déjà des dynamiques de production différentes selon la localisation le long des Pyrénées (ouest et est) et selon les métaux (ferreux et non ferreux). D’autre part, la capacité de production minière dans l’aire pyrénéenne pendant le second âge du Fer a été mise en évidence, appelant à réévaluer l’impact de la conquête romaine sur l’exploitation des ressources minières régionales. Un programme d’échantillonnage des minerais de cuivre d’Occitanie, intégrant les Pyrénées orientales et centrales, permettra la constitution à court terme d’un référentiel régional (cf. thème 2).
Sur le fer, dans le sillage des travaux de l'équipe sur la Montagne Noire, deux anciens districts sidérurgiques du Sud-Ouest de la France sont en cours d'étude dans le Tarn et la Dordogne (âge du Fer et Antiquité). Il en est de même dans des régions productrices de fer en Afrique de l'Ouest (Benin et Togo ; cf. équipe Afrique et thème 2).
Enfin de nouvelles perspectives sont ouvertes avec l’étude des gisements stannifères en alluvion du nord de la péninsule Ibérique, un terrain de recherche très peu exploré jusqu’à présent.