Recherches récentes sur les mines d’or antiques de la Sierra de Baza-Los Filabres (Grenade, Espagne)

L'existence de gisements d'or en Bastetanie est mentionnée dès la fin du Ier siècle av. J.-C. par le géographe grec Strabon :
"Commençons petit à petit à partir du Mont Calpé [Gibraltar], pour décrire toute cette côte en détail. Tout le long de la Bastétanie et du territoire des Orétans domine une chaîne de montagnes couverte de hautes et épaisses futaies, qui forme la séparation entre le littoral et la région intérieure : cette chaîne, en maints endroits, possède aussi des mines, des mines d'or et d'autres métaux" (Str. III, 4, 2).

Les enclaves situées en Bastétanie où pour le moment sont pleinement attestées d'anciennes zones minières se trouvent dans le territoire de Caniles, au pied de Sierra de Baza - Los Filabres (Domergue, 1987: 189-190 ; Sánchez-Palencia, 1989 : 44-45 ; Pérez, 1991 : 331-332; García, 2008a : 453-493 ; García, 2008c : 302-309) et aux alentours de Grenade (Domergue, 1987 : 189 ; Sánchez-Palencia, 1989 : 44-45 ; García, 2008a : 151-175 et 205-329 ; García, 2008b : 117-129).

Elles sont situées dans le secteur d'influence des deux principaux oppida bastétanes, Basti (Colline Cepero, Baza) et Iliberri (Colline de l'Albayzín, Grenade). La situation de ces noyaux de population à proximité des gisements aurifères alluviaux, et le florissant développement dont ils ont fait l'objet après la romanisation, pourraient être liés à l'exploitation de l'or existant dans les environs.

Si nous nous référons au texte de Strabon, certains des gisements aurifères existants en Bastétanie sont déjà en exploitation au moins à la fin du IIème siècle ou au début du Ier siècle av. J.-C. (Domergue, 1990:490), parce que le texte de cet auteur grec est basé sur les témoignages de Posidonios (vers 135 - moitié du Ier siècle av. J.-C.) et peut-être également sur ceux de Polibe (IIème siècle av. J.-C.) (Sánchez-Palencia et Pérez, 1999:23). En outre, cet auteur mentionnerait l'utilisation de techniques hydrauliques pour l'extraction de l'or alluvial par les peuples de la Turdétanie et les zones limitrophes (Str. III, 2, 8), parmi lesquels on pourrait trouver les Bastétanes. Actuellement, la seule façon de vérifier cette donnée est au moyen des datations pouvant être apportées par l'archéologie minière.

Dans ce cas, les communautés indigènes pourraient avoir joué un rôle fondamental dans le complexe engrenage créé autour des premières exploitations minières ; comme transmetteurs de possibles techniques d'extraction, comme connaisseurs des ressources du milieu dans lequel ils habitaient et comme possible main d'œuvre minière.

Les mines d'or ouvertes dans les dépôts alluviaux de la Sierra de Baza-Los Filabres se trouvent à plus d'une douzaine de kilomètres au sud de l'emplacement de Basti (fig.1, ci-contre). Elles constituent l'un des meilleurs et des plus clairs exemples d'exploitations aurifères extensives et intensives de la Bastétanie. Ces mines se situent aux alentours de Caniles. Les derniers essais menés par l'entreprise SEVELAR S.A en 1989 sur certains secteurs des gisements alluviaux de Caniles ont obtenu une teneur en or de 144 mg/m3, 0.10 mg étant le poids moyen des particules d'or, pour une surface de production de 1.000 hectares.

Si les chantiers d'extraction dans cette zone avaient été en plein fonctionnement durant les IIème et Ier siècles av. J.-C., ils pourraient avoir contribué au fort développement qu'à eu la ville de Basti à cette période, car cet oppidum et la ville romaine établie postérieurement sur le même site, furent un lieu de contrôle des mines développées dans la Sierra de Baza-Los Filabres à l'époque ibéro-romaine. Cependant, il est possible que ces zones aurifères aient été exploitées précédemment par les communautés ibériques. Dans ce cas, il reste à résoudre le système d'extraction utilisé par ces dernières.

Le toponyme Caniles, Qanli (Qanli par imela) à l'époque hispano-musulmane, est d'origine latine canalis, se qui signifie canal (Jiménez, 1990 : 235 - 236). Pline l'Ancien a désigné grâce à ce nom, ou bien avec le nom indigène corrugus, les canaux d'approvisionnement d'eau des exploitations aurifères. Certains de ces canaux miniers peuvent encore être parcourus dans certains points éloignés des différentes zones d'extraction.

Jusqu'à présent quatre secteurs d'exploitation ont été localisés, les trois premiers situés sur les deux versants de la rivière Golopón sur une distance de plus de 5km et affectant presque 215 hectares, et enfin en marge de la rivière Bodurria, avec plus de 30 hectares de surface altérée. Bien que dans les premiers cas (fig.2, ci-contre), les systèmes des chantiers-ravins et des chantiers-peignes furent employés massivement, dans la rivière Bodurria les grands chantiers-cirques ont fini par être employés (fig.3, ci-dessous), ils ont précédemment coupé un grand chantier-ravin préliminaire. Ce fait indique l'existence de plusieurs phases et de différentes techniques d'application. A côté de quelques secteurs d'exploitation, il existe en plus des gisements archéologiques avec des phases d'occupation d'époque romaine.



Bibliographie :

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Domergue (1990). Domergue, Claude: Les mines de la Péninsule Ibérique dans l'antiquité romaine, Roma, (1990): Collection de l'École française de Rome, vol. 127.

ENADIMSA (1986). ENADIMSA (Equipos Técnicos de la Empresa Nacional ADARO de Investigaciones Mineras, S.A): La minería andaluza. Libro Blanco, Consejería de Economía y Fomento, Dirección General de Industria, Energía y Minas, Madrid, (1986), Tomos I y II.

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García (2008c). García Pulido, Luis José: Las explotaciones auríferas desarrolladas en la Bastetania y su relación con diversos oppida nucleares, Actas del Ier Congreso Internacional de Arqueología Ibérica Bastetana, Baza (Granada), (2008), pp. 301-318.

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García (2009b). García Pulido, Luis José: La minería hidráulica romana desarrollada en el Cerro del Sol (Granada) para explotar sus recursos auríferos. Cuadernos de la Alhambra, 43, Granada (à apparaître).

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Pérez (1991). Pérez García, Luis Carlos: Métodos de prospección de oro en diferentes depósitos aluvionares en España, en Hérail, Gérard y Fornari, Michel (eds.): Gisements alluviaux d'or: actes du symposium international sur les gisements alluviaux d'or, La Paz, (1991), pp. 325-355.

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