Minerais, Mines, Métallurgies dans les Alpes du Sud (Massifs de l’Argentera-Mercantour, Haute-Ubaye, France)

Il s'agit d'une étude diachronique des vestiges d'exploitation minière et de métallurgie du fer et des minerais polymétalliques (dans le cadre d'un PCR/Prospections thématiques)

Présentation des travaux

L'étude des ressources minérales et de la métallurgie ancienne dans le massif de l'Argentera - Mercantour réalisée avec le soutien du Parc National du Mercantour (Cf. photo ci-contre) et de la Direction Régionale des Affaires culturelles de PACA a débuté en 2001. Au cours des cinq  campagnes de prospection thématique réalisées, trois petits districts sidérurgiques, tributaires de trois gîtes d'hématite de haute altitude (2400 à 2700 m) ont été caractérisés et datés sur les communes de Saint-Etienne-de-Tinée, Isola et Valdeblore (Alpes-Maritimes). Ils présentent les vestiges d'ateliers de réduction du minerai de fer dont quinze âges radiocarbone s'étagent entre le IIe s. av. J.C. et le VIIe s. ap. JC. Huit des vingt-sept emplacements de bas fourneaux reconnus sont situés à plus de 2 000 m d'altitude. C'est sur le relief surplombant le versant est du vallon Margès (Valdeblore) qu'a été découvert le ferrier daté le plus élevé d'Europe, témoignant d'une activité de réduction du minerai de fer à 2145 m d'altitude.

Outre les minéralisations en fer exploitées à ciel ouvert, (filons, amas filoniens dans les séries métamorphiques paléozoïques et remaniement d'hématite dans les brèches triasiques), les recherches sur les crêtes et les vallées adjacentes situées notamment sur le territoire de la commune de Saint-Etienne-de-Tinée ont abouti à la reconnaissance de plusieurs zones minières d'où l'on a tiré du minerai de cuivre et de plomb.

Autour des lacs de Morgon, une prospection attentive sur les haldes de deux exploitations de galène a permis de découvrir un atelier de traitement des minerais. Des charbons de bois associés à une halde indiquent un âge radiocarbone, à confirmer, compris entre les Ier et IIIe s. ap. J.C.

Des prélèvements de charbons de bois pour anthracologie et datation radiocarbone, sur les ateliers sidérurgiques, sont effectués aussi systématiquement que le permettent les conditions d'affleurement.

Hématite, sulfures, carbonates de cuivre et de plomb (argentifère ?) et oxydes figurent parmi les principales minéralisations exploitées dans le massif. Les mines se localisent sur les crêtes et dans des zones parfois difficiles d'accès.

La prospection 2008 sur la commune d'Isola, a mis en évidence un complexe minier sidérurgique associant réduction et forge, une fouille y est projetée en 2010.

La prospection commencée en Haute-Ubaye a déjà révélé plusieurs sites de réduction, les sources d'approvisionnement en minerai y sont encore à découvrir. Ces résultats montrent que les activités minières et métallurgiques se sont développées à différents niveaux d'altitude, quelles que soient les difficultés pour y installer les ateliers.  Les ateliers sidérurgiques les plus élevés ne sont pas situés par hasard au niveau de l'actuelle limite supérieure de la forêt. Les travaux en cours devraient permettre de mieux comprendre le fondement, l'organisation et l'évolution de ces mines et des ateliers sidérurgiques d'altitude qui les accompagnent dans le Sud de l'Arc Alpin.

L'exploration systématique implique que les prochaines prospections s'orientent vers le bassin versant de la Roya et les Cimes du Val des Merveilles.