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Histoire et archéologie de la métallurgie du fer dans la région de l'Atakora (Nord-Ouest du Bénin)
Soutenance de N. G. Tidoua Kouagou
N'tcha Gérard TIDOUO KOUAGOU soutiendra publiquement sa thèse de doctorat intitulée Histoire et archéologie de la métallurgie du fer dans la région de l'Atakora (Nord-Ouest du Bénin).
Elle a été préparée sous la direction de F.-X. Fauvelle et D. N'dah et sera présenté face à un jury composé de :
- François-Xavier FAUVELLE Professeur Collège de France - Université Toulouse II Jean Jaurès (Directeur de thèse)
- Didier N'DAH, Maître de conférences, Institut National des Métiers d'Art, d'Archéologie et de la Culture du Bénin (CoDirecteur de thèse)
- Caroline ROBION-BRUNNER, Directrice de recherche, Université Toulouse II Jean Jaurès (Examinateur)
- Timpoko Hélène KIENON-KABORE, Professeure, Université Félix Houphouët-Boigny Côte d'Ivoire (Rapporteur)
- Anne HAOUR, Professeure, University of East Anglia (Rapporteur)
- Opeoluwa Blandine AGBAKA, Maîtresse assistante, Institut National des Métiers d'Art, d'Archéologie et de la Culture du Bénin (Examinateur)
La thèse sera accessible en visio : https://prismes.univ-toulouse.fr/player.php?code=Jd98Ws93&width=100%&height=100%
RÉSUMÉ
L’Atakora est une région située au Nord-Ouest du Bénin et dominée sur le plan physique par une chaîne de montagne qui lui a donné son nom. La région de l’Atakora est limitée à l'Ouest par le fleuve Pendjari, à l'Est par la rivière Mékrou, au Nord par la vallée du Niger et au Sud par la ligne Badjoudè-Copargo. Elle est actuellement occupée par plusieurs groupes socioculturels au sein desquels vivent des métallurgistes et des forgerons. Les recherches archéologiques menées ont révélé que l’Atakora abritait un important patrimoine sidérurgique (Tiando et al, 1997 ; N’dah 1999, 2009 ; Tcharo, 2019). Les enquêtes orales montrent que la métallurgie du fer a joué un rôle important dans la dynamique du peuplement, ainsi que dans le processus d’occupation de l’espace et dans les relations intercommunautaires.
Cependant, la documentation ethnographique, historique et archéologique disponible ne permettait pas de comprendre tous les enjeux de la métallurgie du fer dans cette région et laissait encore de nombreuses questions en suspens. À quand remontent réellement les débuts de la métallurgie du fer dans l’Atakora ? Quels sont les évolutions techniques et leurs impacts les sociétés associées et sur l’environnement ? Quelle est l’organisation spatiale des ateliers sidérurgiques ? Quelles sont les techniques employées, et la quantité de fer produite ? Quelles sont les relations entre la métallurgie du fer de cette région et les traditions techniques observées dans les régions voisines tels que le Nord-Togo et le Sud du Burkina-Faso ?
Voici autant de questions qui ont suscité notre curiosité. A travers une démarche pluridisciplinaire, cette étude a pour ambition de comprendre l’histoire et le développement de la métallurgie ancienne du fer dans la région de l’Atakora. Une approche archéologique de terrain combinée à des enquêtes orales nous ont permis d’obtenir des résultats qui montrent qu’il y a deux phases de production du fer dans l’Atakora. La première phase débuta dans la première moitié du IIIè siècle de notre ère et va s’étendre jusqu’à la seconde moitié du VIIè siècle. Au cours de cette période la métallurgie était pratiquée par des métallurgistes Bèètiba qui employaient une tradition technique avec une séparation verticale de la scorie pendant le processus de réduction du minerai. La production du fer pendant cette période était peu intense et visait seulement à satisfaire les besoins d’une population encore peu nombreuse. Après un hiatus chronologique de 300 ans environ, la production du fer reprit avec l’arrivée des métallurgistes Waaba qui ont mis en place une technique de réduction avec un écoulement externe des scories. Cette technique permettait de produire une quantité plus importante de fer pour répondre aux besoins grandissant de la population qui ne cessait de s’accroitre, notamment avec l’arrivée de nouveaux groupes composés de forgerons et d’agriculteurs. À partir du XVIè siècle, la production devint intensive à cause de l’insécurité créée par les différentes razzias et la colonisation française au début du XXè siècle. Les métallurgistes devaient produire du fer pour la fabrication des armes de guerre. Ainsi, on remarque que du XVIè au XXè, la production métallurgique dans l’Atakora n’était plus seulement un enjeu économique mais aussi politique. Cette production s’intensifia davantage encore avec la colonisation française et en particulier la révolte de la population qui a eu lieu entre 1914 et 1917. Après le massacre de Datawori le 8 avril 1917, s’en suivirent les répressions de l’administration coloniale contre les métallurgistes qui ont armé les guerriers. Ces répressions mirent fin à la métallurgie traditionnelle aux alentours de 1940.
ABSTRACT
The region of Atakora, located in the North-West of Benin, is characterized by a mountain range that defines its topography. Bounded by the Pendjari River to the West, the Mékrou River to the East, the Niger Valley to the North, and the Badjoudè-Copargo line to the South, Atakora is inhabited by diverse sociocultural groups, including skilled metallurgists and blacksmiths. Archaeological research has unveiled a significant ironworking heritage in Atakora (Tiando et al., 1997; N’dah, 1999, 2009; Tcharo, 2019). Oral inquiries suggest that iron metallurgy played a crucial role in population dynamics, spatial occupation, and intercommunity relations. However, existing ethnographic, historical, and archaeological documentation leaves several questions unanswered. This study seeks to address inquiries surrounding the inception of iron metallurgy in Atakora, its technological evolution, societal impacts, spatial organization of ironworking sites, employed techniques, production quantities, and the relationship between Atakora's iron metallurgy and neighboring regions like North Togo and South Burkina Faso. Through a multidisciplinary approach combining archaeological fieldwork and oral surveys, this research aims to better understand the history and development of ancient iron metallurgy in the Atakora region. Results indicate two iron production phases: the first, initiated in the early 3rd century CE, extending to the late 7th century, involved Bèètiba metallurgists using a technique with vertical slag separation. Production during this phase was modest, meeting the needs of a relatively small population. After a chronological hiatus of approximately 300 years, iron production resumed with the arrival of Waaba metallurgists, employing a technique featuring external slag drainage. This method facilitated higher iron output to accommodate the growing population, particularly with the influx of new groups comprising blacksmiths and farmers. From the 16th century onward, production intensified due to insecurity arising from raids and French colonization in the early 20th century, requiring iron for weaponry. Thus, iron production in Atakora evolved beyond economic concerns, acquiring political significance. This intensified further during the French colonial period, notably during the population uprising from 1914 to 1917. The aftermath of the Datawori massacre on April 8, 1917, led to colonial administration repression against metallurgists who armed the warriors. These repressions marked the end of traditional metallurgy around 1940.