Stratégies de subsistance des populations de chasseurs-collecteurs du Later Stone Age (LSA) au cours de la transition Pléistocène-Holocène en Afrique australe : apports de l'étude archéozoologique de la faune de Bushman Rock Shelter

Publié le 14 septembre 2024 Mis à jour le 14 septembre 2024
le 23 septembre 2024
14h
Université Toulouse Jean Jaurès, campus Mirail, Château, salle C001
20240914_Soutenance_Feyfant
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Soutenance de Léa Feyfant

Léa Feyfant soutiendra publiquement sa thèse de doctorat intitulée Stratégies de subsistance des populations de chasseurs-collecteurs du Later Stone Age (LSA) au cours de la transition Pléistocène-Holocène en Afrique australe : apports de l'étude archéozoologique de la faune de Bushman Rock Shelter, dirigée par Jean-Philip Brugal et Aurore Val, le lundi 23 septembre 2024 à 14h00, salle C001 au Château, Université Toulouse Jean Jaurès.

Le jury sera composé de :
  • Jean-Philip Brugal DR CNRS - UMR 7269 LAMPEA Directeur de thèse
  • Aurore Val CR CNRS - UMR 7269 LAMPEA Co-directrice
  • Joséphine Lesur MCF HDR MNHN – UMR7209 AASPE Rapporteure
  • Brian Chase DR CNRS - ISEM Rapporteur
  • Sandrine Costamagno DR CNRS - UMR 5608 TRACES Examinatrice
  • Véronique Laroulandie CR CNRS - UMR 5199 PACEA Examinatrice

Résumé

En Afrique australe, la fin du Pléistocène et le début de l’Holocène sont contemporains d’innovations technologiques parfois considérées comme des adaptations aux fluctuations climatiques de cette période. Deux technocomplexes Later Stone Age (LSA) se succèdent alors : le Robberg et l’Oakhurst. Les questions de stratégies de subsistance et de l’exploitation des ressources animales mises en place par les chasseurs-collecteurs LSA sont souvent abordées uniquement du point de vue des spectres fauniques, sans étude taphonomique permettant de différencier les taxons accumulés par les humains de ceux accumulés par des agents non-humains. Ce travail de thèse a consisté en l’étude taphonomique et archéozoologique des faunes LSA du site de Bushman Rock Shelter (Limpopo, Afrique du Sud) dans le but de reconstituer les stratégies de prédation, de transport, de traitement et de consommation des carcasses par les occupants de l’abri et d’identifier leurs variations au cours des différentes phases d’occupation de l’abri, soit entre 16 000 et 10 000 ans cal BP. Pour cela, l’analyse a consisté en : la détermination des espèces présentes sur le site et de leur profil biologique (âge et sexe), l’identification des agents accumulateurs, la reconstitution des profils squelettiques pour chaque taxon, la description et l’interprétation des traces anthropiques afin de reconstruire les chaînes opératoires de boucherie et de préciser les modes de consommation des proies. Les spectres fauniques indiquent que les chasseurs-collecteurs LSA se sont principalement procuré leurs gibiers dans l’environnement proche de l’abri durant toutes les périodes d’occupations. Les stratégies de transport et de traitement des carcasses paraissent relativement constantes au cours du temps. Ces résultats sont intégrés aux données sur les industries lithiques, osseuses, les parures, les restes botaniques et les dynamiques sédimentaires afin de mieux comprendre les modalités d’occupations du site et leur évolution au cours du temps. Cette confrontation permet de reconnaitre plusieurs changements au cours du temps dans l’organisation spatiale dans l’abri et dans la mobilité des chasseurscollecteurs. Certains de ces changements sont corrélés à des variations climatiques et environnementales, et semblent ainsi relever de stratégies d’adaptation, tandis que d’autres paraissent relever de choix culturels. Cette étude met en lumière, outre l’aspect socio-économique des populations LSA: i) la nécessité d’utiliser des méthodologies détaillées dans les analyses archéozoologiques afin de faciliter les comparaisons inter-sites et inter-régions ; ii) l’intérêt des analyses spatiales afin d’affiner les résolutions interprétatives ; iii) le besoin de conduire davantage d’études taphonomiques et archéozoologiques dans ces régions, intégrant l’ensemble des modalités d’exploitation de la faune, de la prédation à la gestion des déchets.

Abstract

In southern Africa, the end of the Pleistocene and the beginning of the Holocene coincide with technological innovations sometimes considered as adaptations to the climatic fluctuations of that period. Two Later Stone Age (LSA) technocomplexes followed one another: the Robberg and the Oakhurst. Subsistence strategies and animal exploitation by LSA hunter-gatherers are often addressed solely from the perspective of faunal spectra, without taphonomic studies to differentiate taxa accumulated by humans from those accumulated by non-human agents. This PhD thesis work involved the taphonomic and zooarchaeological study of LSA faunas from Bushman Rock Shelter (Limpopo, South Africa) to reconstruct the predation, transport, processing, and consumption strategies of carcasses by the shelter's occupants and to identify their variations during different occupation phases, between 16,000 and 10,000 cal BP. The analysis consisted of: determining the species present at the site and their biological profiles (age and sex), identifying the accumulating agents, reconstructing skeletal profiles for each taxon, describing and interpreting anthropogenic traces to reconstruct butchery sequences and specify prey consumption modes. The faunal spectra indicate that LSA hunter-gatherers mainly sourced their prey from the environment directly around the shelter during all occupation periods. Carcass transport and processing strategies appear relatively constant over time. These results are integrated with data on lithic, bone industries, ornaments, botanical remains, and sedimentary dynamics to better understand the site's occupation modalities and their evolution over time. This comparison reveals several changes over time in the spatial organization within the shelter and the mobility of hunter-gatherers. Some of these changes are correlated with climatic and environmental variations, appearing to be adaptation strategies, while others seem to be cultural choices. This study highlights, besides the socio-economic aspect of LSA populations: i) the necessity of using detailed methodologies in zooarchaeological analyses to facilitate inter-site and inter-regional comparisons; ii) the relevance of spatial analyses to refine interpretative resolutions; iii) the importance of conducting more taphonomic and archaeozoological studies in these regions, incorporating all modalities of fauna exploitation, from predation to waste management.