La céramique de l'âge du Fer dans le Bas-Aragon (Espagne) à l'Ibérique Moyen et Récent : production, distribution, usages

La céramique ibérique à pâte claire et décorée de motifs peints en rouge est une production originale fabriquée par des populations qui étaient réparties sur la frange orientale de la péninsule Ibérique entre le VIème et la fin du Ier s. av. J.-C. Cette caractéristique commune est un des éléments qui permet aux archéologues de rassembler ces populations sous le nom d’Ibères.

Au IIIème s. av. J.-C., les décors peints de ces céramiques s’enrichirent avec le développement d’une iconographie complexe associant motifs géométriques, végétaux et figurés. Ce phénomène permit aux archéologues d’identifier plusieurs ensembles régionaux. Le groupe du Bas-Aragon est une des trois premières régions où ce phénomène fut identifié, grâce notamment aux nombreuses poteries décorées qui furent découvertes dans l’oppidum du Cabezo de Alcalá de Azaila et qui lui valurent de devenir le site éponyme du style céramique régional, celui dit « d’Azaila ». Depuis ces premières découvertes, de nombreux autres sites ont livré

du matériel caractéristique de ce phénomène, sans que les éléments de définition n’aient intégrés des aspects autres que l’iconographie.

Dans la présente recherche, la notion de style est délibérément mise de côté en faveur de celle de faciès céramique. Ceci permet d’intégrer les différents aspects qui sont indissociables à l’étude d’une production céramique, c’est à dire la technique, la technologie, la morphologie et bien entendu l’iconographie. Ce renouvellement de l’approche de cette céramique permet de proposer une actualisation de la définition du faciès céramique du Bas-Aragon entre le IIIème et le

Ier s. av. J.-C. Des lots de mobiliers sélectionnés dans plusieurs contextes permettent d’analyser ces aspects depuis des perspectives différentes. L’atelier de production de céramique du Mas de Moreno de Foz-Calanda constitue le point de départ de toutes nos observations. Les ensembles céramiques issus de contextes domestiques permettent d’élargir la réflexion à l’échelle régionale avec les sites d’Alcalá de Azaila, El Castelillo de Alloza, La Guardia de Alcorisa, El Palomar et San Pedro de Oliete.

L’accent est mis sur certaines spécificités iconographiques qui permettent d’identifier des particularismes locaux ou régionaux. Concernant le répertoire morphologique, un nouveau système de classification adapté à l’étude des déchets de production d’un atelier de poterie a été mis en place. Toutes les étapes de la chaîne opératoire de la fabrication de céramiques sont analysées. La synthèse de ces éléments apporte de nouveaux indices dans la définition de cette céramique à pâte claire du Bas-Aragon. Afin de proposer une étude complète de ce groupe et de ses dynamiques de constitution et d’évolution, différents dossiers ont été repris et portent à la fois sur les potiers et les utilisateurs des vases. Ce point conduit également à la question des modalités de distribution pour laquelle une réflexion est engagée sur les différents acteurs de la production et sur le rôle des agglomérations majeures de la région.

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