Des parasites et des hommes : le Néolithique une aubaine pour les parasites

Publié le 31 août 2021 Mis à jour le 1 septembre 2021
le 24 septembre 2021
18h30
Auditorium du musée National de Préhistoire des Eyzies
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Conférence de A. Hoffman

Qu’ils soient hôtes ou parasites, les êtres vivant à la surface du globe sont tous concernés par le parasitisme. Un parasite est un organisme qui vit aux dépens d’un autre être vivant qualifié d’hôte entraînant par définition une action pathogène sur l’hôte. Cet hôte lui procure un habitat, une mobilité ainsi que les ressources énergétiques dont il a besoin pour se développer et se reproduire, et entraîne une virulence envers son hôte. Ils ont été une force motrice de l’évolution du vivant.

Il est vraisemblable qu’une bonne part des parasitoses humaines actuelles n’existait pas chez nos ancêtres primates. Elles ont été acquises par suite des importantes modifications écologiques et éthologiques qui ont marqué l’évolution des populations passées. Au cours de son évolution, l’Homme a capté différents parasites. Cela s’est fait en partie à la suite de transferts, dus à des changements comportementaux et écologiques, notamment lors des phases d’expansion de peuplement, en colonisant pratiquement toutes les régions de la planète. Chez l’Homme, la majorité des maladies infectieuses émergentes a une origine zoonotique c’est à dire les maladies qui se transmettent naturellement entre des animaux vertébrés et l’Homme.

La paléoparasitologie - étude des restes fossiles de parasites en contexte archéologique - représente un point de rencontre entre l'archéologie et la parasitologie, auxquelles elle emprunte leurs cultures respectives, leurs connaissances scientifiques et leurs techniques propres.

Ces recherches se concentrent sur la détection et la caractérisation des propagules helminthiques, définies à l’état adulte comme des « vers ». Les oeufs d’helminthes possèdent une coque constituée de chitine, un polymère à longue chaîne de N-acétylglucosamine très résistant aux phénomènes taphonomiques. Cette caractéristique leur assure de meilleures chances de conservation et donc une meilleure préservation rendant possible une détermination, tandis que les vers adultes sont trop fragiles pour se conserver en contexte archéologique.

La néolithisation de l’Europe offre un contexte privilégié pour les études paléoparasitologiques car elle a mis en présence deux populations ayant des systèmes socio-économiques bien distincts. Les premières populations, mésolithiques, constituant le fonds indigène européen, dépendaient d’une économie fondée sur la chasse, la cueillette et la collecte. Les secondes, néolithiques, plus récemment installées sur le continent européen fondant leur économie sur l’agriculture et l’élevage dans un cadre plus sédentaire. La coexistence sur un même territoire de ces deux modes de vie est particulièrement pertinente dans le cadre d’analyses paléoparasitologiques. En effet, dès 1971, T. A Cockburn faisait état d’une première transition épidémiologique correspondant au Néolithique ; la domestication avait créé de profondes modifications des écosystèmes et de l’histoire de l’Humanité. La néolithisation, avec tout ce qu’elle implique en terme de mutations socio-économiques, a contribué à modifier nos relations vis-à-vis des parasitoses. Ces modifications ont impacté les systèmes hôtes/parasites. Le regroupement des populations, la sédentarisation, la mise en présence sur le même espace de différentes espèces (animales et végétales, notamment allochtones), la déforestation, l’irrigation, l’utilisation de fertilisant, le parcage ou encore le stockage alimentaire, sont autant de comportements qui ont contribué à modifier les frontières de l’écologie des différents agents de parasitoses qui nous entourent.

A. Hoffman est docteure associée, spécialiste en études paléoparasitologiques des sociétés mésolithiques et néolithiques

Plus d'info : https://musee-prehistoire-eyzies.fr/agenda/evenement/des-parasites-et-des-hommes-le-neolithique-une-aubaine-pour-les-parasites