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Chantiers médiévaux
56e congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public
Fondateur, le 3e congrès de la SHMESP à Besançon en 1972 était consacré à la "Construction au Moyen Âge, Histoire et Archéologie". Depuis, le champ de recherche ainsi ouvert a fait preuve d’un remarquable dynamisme. "Enfin !", comme l’écrivait en 1954 Lucien Febvre, pour qui il était inexplicable que, malgré la publication quelques années auparavant de l’ouvrage majeur de Douglas Knoop et G. P. Jones (1933), aucune enquête d’envergure sur les chantiers n’ait vu le jour. Abordant tour à tour les aspects techniques de la construction et du bâti, son économie ou sa société artisanale, les chercheurs ont exploré depuis de nombreuses facettes de l’histoire de la construction, en privilégiant le dialogue entre les disciplines et les sources. Désormais, elle s’intéresse non seulement au bâti, mais également au chantier, dans toute sa complexité.
En effet, le chantier est depuis les années 1960 envisagé dans le cadre d’une réflexion plus large, hors de la seule étude de la cathédrale, symbole emblématique de la construction médiévale retenue trop longtemps comme son unique marque par les historiens de l’art et les historiens. Les années 1970-1980 représentent le grand moment où les historiens s’emparent du chantier pour l’étudier dans ses aspects économiques, sociaux, structurels, organisationnels et techniques. Christiane Klapisch-Zuber marque cette voie (1969), avant que le congrès de la SHMESP déjà cité ne prenne définitivement possession du sujet (1973), en ouvrant de surcroît l’enquête aux chantiers de la maison d’habitation et de la construction rurale. La construction et le chantier sont désormais abordés par une approche technique de l’architecture, par le prisme également de l’histoire des sciences, et par des problématiques humaines et sociales. À partir des années 1990, en plus de la construction et du bâti, le chantier est donc devenu un objet de recherche complet, autour duquel l’archéologie, l’architecture, l’histoire de l’art, mais aussi l’histoire, le droit, l’économie, l’anthropologie historique ont établi un dialogue fécond. Le bâtiment n’est plus seulement envisagé comme le livrable, mais bien comme le marqueur et le résultat d’une série d’interactions humaines, de mises en œuvre et en synergies de compétences, de procédés et processus, fruits à la fois des contextes techniques, mais également économiques, politiques et sociaux. En fait, le bâtiment intéresse toujours, mais le « bâtir » et son terrain privilégié, le chantier, intéressent désormais tout autant, comme le souligne le titre de l’ouvrage fondamental de Philippe Bernardi (2011).
50 ans après le congrès de Besançon, il semble utile de faire un point d’étape sur ce champ de l’Histoire de la construction, selon les approches historiographiques récentes qui sont désormais le socle de ses questionnements1. Le congrès de 2025 de la SHMESP qui se tiendra à l’Institut National Universitaire Champollion d’Albi, avec le soutien de collègues de l’université Toulouse Jean-Jaurès et de l’UMR 5136 Framespa, retiendra donc le thème « Chantiers médiévaux » comme base des discussions.
Les chercheurs du domaine seront invités à y montrer toute sa vitalité, incluant les travaux et réflexions des historiens, des historiens de l’art et des archéologues. Finalement, des historiens des techniques aux spécialistes des comptes et des savoirs comptables, des historiens des mondes du travail aux spécialistes d’Histoire politique ou économique, beaucoup de médiévistes ont croisé, dans leurs recherches, des chantiers. C’est cet objet qui sera au cœur des discussions. Ce sont leurs dossiers qui ici, dans toute leur diversité, permettront de faire le point, selon les axes proposés ci-après. Également, le congrès aura à cœur de sortir du seul Occident chrétien, ouvrant les débats à l’Islam et à l’aire byzantine, pour lesquels des travaux existent mais sont assez peu comparés aux recherches dans le monde latin.
Comité d’organisation
Responsable : Sandrine Victor, INU Champollion, AlbiQuitterie Cazes, Université Toulouse Jean-Jaurès
Sidonie Bochaton, Université Toulouse Jean-Jaurès
Jacques Dubois, Université Toulouse Jean-Jaurès
Responsable pour la SHMESP : Stéphane Péquignot, EPHE