Tell el-Iswid

La mission de Tell el-Iswid s’inscrit dans le cadre des fouilles de l’institut français d’archéologie orientale du Caire (Ifao) depuis 2006, avec le soutien de la commission des fouilles des affaires étrangères.

Le site est localisé dans le delta oriental du Nil (province de Sharqiyah). Il s’agit d’un tell d’une étendue de 13 ha dont la stratigraphie d’une puissance de 4 m couvre l’ensemble du IVe millénaire, soit, pour l’Egypte, la période qui va du Néolithique à une forme d’État archaïque.

Depuis une trentaine d’années, cette période, connaît, tant sur le plan des données que sur celui des concepts, un renouveau considérable auquel participent les travaux de l’équipe de Tell el-Iswid.

La théorie, classique jusque dans les années 90, d’une « expansion nagadienne » ou diffusion de la culture du Sud - de Haute-Egypte - vers le Nord aboutissant à une unification culturelle et politique à l’échelle de l’Egypte est notamment largement débattue. Elle reposait pour partie sur la méconnaissance des communautés du delta, de Basse-Egypte.

Les travaux conduits à Tell el-Iswid sont centrés sur l’étude des modes d’occupation et leur évolution en rapport avec ce contexte environnemental et géographique particulier qu’est le Delta, au carrefour du nord Sahara, du Levant et de la vallée du Nil.

L’objectif de la fouille est de saisir la dynamique des changements et quels en sont réellement les moteurs au long du IVe millénaire, entre mutations internes et impulsions externes. Émergence de l’architecture de brique crue, lentes évolutions dans les pratiques culturales, changements drastiques, en revanche, en fin de période dans les systèmes de production (céramique, lithique), mise en évidence de traditions culturelles évoquant un paysage social relativement complexe incluant des populations mobiles, sont autant de phénomènes analysés, dont certains étaient présumés, mais mal compris, et d’autres, à peine entrevus.