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Bois et architecture dans la Protohistoire et l’Antiquité (2)
Approvisionnement en bois, activités agro-pastorales et couvert forestier
Les premières journées d’études toulousaines Bois et architecture d’avril 2018 se proposaient de confronter les différentes façons d’appréhender le rôle structurel du bois dans le bâti durant la Protohistoire et l’Antiquité, sur une large période (XVIe s. av. J.-C. – IIe s. s. ap. J.-C.) et une vaste zone couvrant le Monde égéen, l’Italie et l’Europe occidentale (Gaule, Espagne…). Elles ont été publiées dans la revue Pallas 110.
Pour cette deuxième manifestation Bois et architecture, la ressource en bois retiendra plus particulièrement l’attention. L’activité des sociétés anciennes est étroitement dépendante de l’accès au bois, sous la forme de matériau comme de combustible. La particularité de cette ressource est d’être renouvelable ; toutefois la régénération forestière, avec ou sans intervention humaine, et les changements associés, sont difficiles à apprécier et imposent de s’interroger sur les modalités de gestion des forêts par les sociétés protohistoriques et antiques. La complexité de ces phénomènes, dont l’étude se situe à l’interface entre sciences humaines et sociales, et sciences de l’environnement, en fait des objets d’étude peu exploités malgré leur caractère central dans la connaissance des sociétés passées. William V. Harris a publié en 2011 un important article de synthèse sur la déforestation dans le bassin méditerranéen et sur le rôle de la période protohistorique et antique dans ledit phénomène. Il pointe plusieurs difficultés méthodologiques pour étudier l’évolution du couvert végétal, notamment celle liée à l’analyse des différentes sources et les risques de l’actualisme et de la généralisation des conclusions. En effet, l’analyse des résultats issus des sciences de l’environnement comme des sciences humaines présente des difficultés d’interprétation, de sorte que les conclusions des principaux acteurs de ce champ de recherche divergent sensiblement. D’autre part, les outils et méthodes de l’archéobotanique et de la paléoécologie (interprétations des données palynologiques et carpologiques, nouvelles approches en anthracologie et en dendrochronologie…) sont en constant renouvellement.
Pour toutes ces raisons, l’historien comme l’archéologue se trouvent souvent démunis pour avoir une idée des paysages, des ressources ligneuses et de leur évolution dans le temps long et appréhender les possibilités d’approvisionnement en bois dans les sociétés qu’ils étudient. Afin de dépasser la notion très discutée de déforestation – il serait en effet préférable de parler d’évolution ou de variation du couvert forestier dans une région donnée –, il nous a semblé important d’inscrire la réflexion dans la perspective plus large de l’interaction entre les sociétés et leur environnement, la forêt pour ce qui nous concerne ici.
L’objectif de ces journées d’études est de proposer une réflexion méthodologique, visant à une approche critique des données paléobotaniques (palynologie et anthracologie notamment) et des sources historiques (sources écrites, archéologiques et iconographiques). Autrement dit, il s’agit de s’interroger sur la nature des sources à notre disposition pour étudier le couvert forestier et son exploitation d’une part, et sur la manière d’interpréter ces sources d’autre part. Il s’agit également de mettre en évidence les limites et les biais de chaque méthode ainsi que l’apport de la confrontation des sources. Dans ce but, trois thématiques ont d’ores et déjà été retenues pour :
- Appréhender les relations entre approvisionnement en bois et couvert forestier (axe 1) : Choix des essences, proportions et modalités, pratiques d’abattage, conditions et modalités de transport.
- Déterminer les relations entre les activités agro-pastorales et le couvert forestier (axe 2) : L’exploitation des forêts est une activité agricole à part entière dont les modalités demandent à être caractérisées. Le lien avec l’élevage doit également être discuté.
- Reconstituer l’évolution du couvert forestier en Méditerranée (axe 3) : Approche critique de l’état de la question. Un état des données actuellement à disposition, à l’échelle d’un site, d’une région, peut offrir une meilleure prise à l’analyse.
Le recours aux comparaisons historiques (Moyen-Âge notamment) est bienvenu, tout comme les études de cas mettant en avant les questions de méthode. Pour cette raison, même si la problématique initiale concerne le monde égéen, et plus particulièrement la Grèce et la Crète, durant la protohistoire et l’Antiquité, la réflexion s’ouvrira à d’autres régions (monde italique, Europe occidentale, Balkans, Proche-Orient).
Les journées se dérouleront à L’université Paris est-Créteil les 7 et 8 avril 2022. Maison des Sciences de l’Environnement (MSE, amphi 8). La manifestation se déroulera en mode hybride. Pour accéder au lien zoom, merci de consulter régulièrement le site de l’équipe de recherche (actualités). Une publication de la manifestation scientifique est prévue (articles en français et en anglais).
Organisation :
Stéphane Lamouille (IRAA UAR 3155, CNRS-UPPA)Clémence Pagnoux (Efa, Athènes &AASPE UMR 7209, MNHN)
Pierre Péfau (membre associé TRACES UMR 5608, CNRS-UT2J)
Vanessa Py-Saragaglia (GEODE UMR 5602, CNRS-UT2J)
Sylvie Rougier-Blancc (CRHEC EA 4392, UPEC)