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147e congrès CTHS Effondrements et ruptures
Ouverture de l'appel à communication
En archéologie, le concept d’effondrement fait référence à la fin relativement rapide des sociétés, à la simplification des systèmes politiques et sociaux, au changement des cadres urbains, à la redistribution de la population dans le territoire et aux changements d'idéologie rendus visibles dans l'architecture et les arts. Les données archéologiques toujours plus nombreuses, le degré de résolution de plus en plus fin des événements et la multitude de nouvelles approches permettent de dégager des scénarios toujours plus élaborés. Cette thématique permet aussi de questionner la précarité des constructions politiques, économiques ou encore idéologiques dans le passé. Les phénomènes d’effondrement au niveau de collectivités plus réduites comme les bassins d’emploi, les terroirs et les villes ou encore l’effondrement de certains secteurs industriels avec la mise en regard des politiques d’accompagnement ou de relance plus ou moins efficaces peuvent aussi être interrogés. Face à la notion d’effondrement, la notion de rupture repose sur des exemples de clivage temporel dans l’histoire des sociétés humaines. La rupture marque l’avant et l’après d’un évènement, souvent de niveau critique et quelle que soit sa nature. Elle mobilise fréquemment le concept de révolution. La révolution française a provoqué l’effondrement des ordres d’Ancien Régime. L’affaiblissement actuel de certains états voit des recompositions brutales des entités nationales. Ces ruptures sont parfois déclenchées ou précipitées par des événements externes aux sociétés, tels que des catastrophes naturelles ou épidémiologiques. Ainsi, ce concept de rupture offre une bonne grille de lecture pour discuter des capacités de résilience et d’adaptation des sociétés humaines face aux risques d’effondrements.
Ces exemples passés font écho à nos inquiétudes face aux crises actuelles ou à venir. Un courant de pensée « collapsologique » met en scène de nombreux scénarios apocalyptiques. Depuis plusieurs décennies, les scientifiques alertent sur les dégradations irrémédiables de l’environnement engendrées par les activités humaines. Le rapport rapport Meadows « The Limits to Growth » publié dans les années 1970 prédisait, en l’absence de mesures aptes à freiner la croissance économique et limiter la population mondiale, un effondrement de la civilisation industrielle au cours du XXIe siècle. Force est de constater que ce rapport est d’une troublante actualité. Outre la surexploitation des ressources, la planète se réchauffe, les signaux d’alerte se multiplient (montée du niveau marin menaçant de submersion la plupart des mégalopoles mondiales, acidification des océans et destruction des écosystèmes marins aboutissant à l’appauvrissement de leur biomasse, aridification de certaines zones géographiques et déplacement en masse de réfugiés climatiques, etc…) et, à moins d'adopter rapidement un nouveau paradigme durable, en rupture avec la tendance actuelle, il est très probable que nous dépassions les neuf limites planétaires permettant la stabilité de l'écosystème mondial et permettant à l’humanité de prospérer. L’effondrement de notre civilisation industrielle, s’il n’est pas certain, est donc potentiellement envisageable dans les décennies à venir.
Un regard à la fois historique et scientifique se doit donc, à l’occasion de ce congrès 2023 du CTHS, d’enrichir et d’ouvrir ce débat, non seulement sur la notion d’effondrement, mais aussi sur celles de déclin, de crise et de rupture, en couvrant la plus large diversité disciplinaire représentée au CTHS et dans les sociétés savantes.
Le congrès sera accueilli par l'université Jean-Jaurès, Campus Mirail. Il est organisé par la section de Préhistoire et de Protohistoire et placé sous la direction scientifique de Sandrine Costamagno. Il aura lieu du 22 au 26 mai 2023Renseignements et inscription :
sur le site du CTHSe-mail : congres@cths.fr
tel. : 07 54 47 32 24
Le CTHS
Fondé en 1834 par le ministre de l’Instruction publique François Guizot, rattaché à l’École nationale des chartes, membre de l’université PSL, le Comité des travaux historiques et scientifiques est une institution unique dans le paysage de la recherche française. Il est à la tête d’un réseau de plus de 3 500 sociétés savantes avec lesquelles il échange à l’occasion de son congrès annuel et dans le cadre de projets de recherche numériques. Il fédère des scientifiques membres de prestigieuses institutions, des érudits locaux, de jeunes chercheurset joue ainsi un rôle fondamental dans la construction et la transmission des savoirs. Les Éditions du CTHS ont un catalogue riche de plus de 1 500 titres et publient une vingtaine de nouveautés par an dans de nombreuses disciplines : archéologie, ethnologie, géographie, histoire, histoire de l’art. Essais, études monographiques, instruments de recherche, actes de colloques, ses ouvrages constituent une bibliothèque de référence en sciences humaines.