Minière de Vallauria (Alpes-Maritimes, France)

  • Responsable
- Bruno ANCEL, UMR 5608, expert associé
Attaché de conservation du patrimoine au Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle de L'Argentière-La Bessée

  • Institution partenaire
- Service Culturel Municipal de l'Argentière-la Bessée (C.C.S.T.I.)
association Neige & Merveilles, St Dalmas de Tende

  • Collaborateur
- Chiara ROTA (Gruppo Speleologico Bergamasco Le Nottole)



Présentation générale 

La Minière de Vallauria est une mine de plomb argentifère et de zinc  située près de Tende dans les Alpes Maritimes. Elle a été exploitée au Moyen-âge (XIe-XIIe siècle) et reprise à l'époque moderne (1750-1927).
Depuis 1961, l'association Neige & Merveilles a investi les anciens bâtiments de la Minière de Vallauria et y a développé un centre d'hébergement et d'animations pédagogiques. Cotoyant depuis des décennies le site minier, ainsi que les différents intervenants qui y sont intervenus (géologues miniers, minéralogistes, archéologues, spéléologues), l'association souhaite aujourd'hui qu'une réflexion soit lancée sur la valorisation de ce patrimoine industriel.
La première étape de cette réflexion passe par un état des lieux de ces anciennes mines et du site dans son contexte actuel. Cette étude a été confiée au Service Culturel Municipal de l'Argentière-La Bessée en raison de son expérience en recherche pluridisciplinaire et en valorisation du patrimoine minier. Elle est programmée sur deux années. En 2009, ce travail a porté sur les points suivants :
- approche bibliographique afin de recenser les acquis scientifiques ainsi que la perception du site dans les ouvrages publiés (réalisée à 70%) ;
- approche archivistique afin de recenser les différents fonds d'archives et leur potentiel pour une analyse historique ultérieure (réalisée à 50%) ;
- approche sur le terrain afin de caractériser les vestiges patrimoniaux en surface et en souterrain, à partir de la documentation existante.
L'état des lieux se poursuit en 2010.


Descriptif des résultats


D'ores et déjà, le patrimoine minier de Vallauria est caractérisé dans ces grandes lignes :
- un contexte géologique bien connu grâce aux études récentes du B.R.G.M. (1955-1965) ;
- des travaux miniers médiévaux, peu visibles en surface, mais spectaculaires en souterrain ;
- des vestiges de l'exploitation moderne en surface, répartis en 3 secteurs, dont le principal - la Minière - est très bien conservé du fait de sa reconversion ;
- un réseau souterrain moderne très étendu, spectaculaire, et dans un état de conservation variable et plutôt satisfaisant ;
- un potentiel touristique réel.

L'exploitation médiévale n'est pas documentée par les textes. A partir d'un affleurement au jour de 50 m de longueur, un filon puissant et très peu incliné a été exploité sur une aire de 150 x 30 m et un dénivelé maximum de 15 m. Ces travaux anciens ne sont en fait qu'un unique vaste chantier exploité intégralement par le feu ; il est constitué d'une coalescence de salles voûtées de plusieurs mètres de taille. Certaines cellules d'attaque par le feu dépassent les 5 m. Les parties reculées prennent la forme de digitations. Les déblais anciens sont peu visibles car d'abondants remblais modernes masquent les sols d'origine ; malgré cela la cavité garde l'allure d'une spacieuse carrière souterraine. Un énorme effondrement pourrait marquer un ancien orifice d'aérage. En aval une vaste et courte galerie assure le drainage de l'exploitation à ciel ouvert ; dans la partie reculée les infiltrations d'eau sont très faibles. Les données C 14 indiquent une activité aux XIe et XIIe s.






De 1750 à 1927 le gisement est exploité de manière presque continue, d'abord pour la galène argentifère, puis pour le zinc. Le réseau souterrain moderne se développe sur environ 600 m de longueur et 180 m de dénivelé. Ces travaux forment un gigantesque réseau vertical, devenu aujourd'hui difficile à visiter. Au dessus du niveau de la Galeria Sarraceni' on visite sans problème des chambres peu pentées qui reprennent et prolongent les travaux médiévaux. Dans une chambre en partie inondée, se trouve encore une pompe en place : un système tuyau/piston actionné par un levier, très bien conservé. Entre les niveaux Sarraceni' et Sancta Barbara' se développent des chantiers complexes en raison de la multiplication des accidents minéralisés. Au centre se trouve un enchevêtrement de travaux parallèles ou superposés, plats ou redressés. Tous ce secteur constitue un labyrinthe où l'on peut passer d'un niveau à l'autre par quelques parcours complexes. Un escalier raide permet de descendre vers les niveaux inférieurs où se développent les Cantieri a Tetto' traversés par une dizaine de coulisses. La galerie Carlo-Emmanuele apparaît être presque continuellement boisée et développerait environ 500 m. La Galeria Negri' développe 1170 m dont seulement 300 m sur la zone productive. On y reconnaît de nombreux puits comblés ou noyés et l'arrivée de descenderies.
En surface, l'établissement de la minière comprend un grand nombre de bâtiments concentrés sous l'affleurement du gîte, mais également en rive droite : maison du directeur, forge, ateliers, église, hébergements ... Depuis l'abandon de la mine, le site a été visité par les ferrailleurs, puis occupé par l'armée, et à partir de 1957 le hameau a été progressivement restauré par Neige et Merveilles. Hormis les murs, il ne reste guère de traces de l'activité minière. Au bord du Lac des Mesches on peut voir les batiments et les structures en béton, derniers témoignages de l'usine de traitement des années 1915-1921.