Missions archéologiques dans le Bassin méditerranéen - Chypre, Italie, Egypte


CHYPRE
Intitulé : Klimonas, Emergence et développement des premières sociétés agricoles
Responsables : François BRIOIS, Maître de Conférences à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (UMR 5608, Traces, Toulouse), Directeur de la mission “Néolithisation-Chypre” du Ministère des Affaires Étrangères et du Développement International ; Jean-Denis VIGNE, Directeur de Recherche au CNRS, Laboratoire « Archéozoologie, archéobotanique, sociétés, pratiques et environnements » (UMR 7209 du CNRS et du Muséum) ; Jean GUILAINE, professeur honoraire au Collège de France, Membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), ancien directeur de la mission (1991-2013)

Ce programme est financé depuis 2011 par le Ministère des Affaires Étrangères et Européennes, par l’École Française d’Athènes, le CNRS, à travers le Site d’Étude en Écologie Globale « Limassol » (SEEG) de l’Institut Écologie et Environnement (InEE), l’UMR 7209, Archéozoologie, archéobotanique : sociétés, pratiques et environnements et le Muséum national d’histoire naturelle (ATM Dynamique des socio-écosystèmes).
Prenant la suite des recherches conduites à Shillourokambos (site daté de 8500 à 7000 BC) et qui ont révélé les diverses étapes de l'implantation à Chypre des premières sociétés agricoles en relation avec le déroulement au Proche-Orient du Néolithique précéramique B (PPNB), les travaux de terrain qui ont débutés en 2011 à Klimonas ont pour objectif d'étudier un site couvrant un créneau chronologique immédiatement antérieur (entre 9100 et 8600 BC), contemporain du Néolithique précéramique A levantin (PPNA), période très peu connue à Chypre. Le site de Klimonas livre des informations de première importance sur les populations de chasseurs-cueilleurs et d'agriculteurs précoces ayant peuplé Chypre au Xe millénaire et au début du IXe millénaire avant notre ère. Les objectifs scientifiques des travaux en cours concernent : le peuplement de Chypre par des groupes humains continentaux, l'environnement naturel de l'île au début des temps holocènes, la transition de la cueillette à l'agriculture, les caractères de l'habitat, l'étude d'un "bâtiment collectif" d'influence nord levantine dès 9000 BC, la nature de faunes insulaires antérieurement à l'introduction de nouvelles espèces du PPNB (phase ancienne A de Shillourokambos), les tous débuts de la domestication de céréales et, peut-être de l'élevage, introduction du chien et du chat sur l'île.
Ce programme a été étendu à un territoire plus étendu autour des sites étudiés pour mieux comprendre le système de mobilité villageoise du PPNA récent et tenter de combler les vastes lacunes chrono-culturelles qui subsistent dans la préhistoire chypriote, entre 10 500 et 8800, puis entre 8800 et 8400 av. n.-è. Ce programme est inscrit dans le quinquennal en cours de l’Ecole française d’Athènes (2017-2021).


Du laboratoire TRACES, participent au programme Claire Manen (vaisselle de pierre), Isabelle Carrère (archéozoologie), Bernard Gassin et Jérôme Robitaille.

ITALIE
Intitulé : Herculanum : urbanisme, architecture et décor d'une cité romaine
Responsable : Alexandra DARDENAY, Maître de conférences, archéologie et histoire de l'art romain, Université de Toulouse Jean Jaurès (TRACES).
Ce programme de recherche qui a débuté en 2011 a bénéficié pendant 5 ans d'un finacement ANR (2014-2019). Le programme est prolongé jusqu'en 2023 grâce à un financement IUF.

Une meilleure connaissance de la cité romaine et de ses structures est l’objectif de ce programme intitulé  VESUVIA | Herculanum : Architecture, décor, société. Ce projet développe une analyse globale d'une cité antique dont les structures architecturales, le réseau viaire, les infrastructures urbaines, le décor, sont particulièrement bien conservés en élévation sur une surface de 4,5 ha. Ce site nous offre ainsi un champ d'investigation unique pour l'étude de l'architecture domestique romain et de son décor (peintures et mosaïques) en diachronie (du IVe av. J.-C. au Ier ap. J.-C.). L'étude du mobilier et des « documents de la pratique » (tablettes) découverts in situ permettra, par ailleurs, de nourrir une large analyse sociologique.  Une longue enquête est également menée au Musée de Naples pour étudier les panneaux de peinture murale prélevés sur le site au XVIIIe siècle, et dans les archives, afin de retrouver leur emplacement originel. Ce travail donne lieu à des restitutions infographiques permettant de réintégrer les peintures prélevées et de restaurer les compositions picturales in situ effacées ou détruites.
Mené par une équipe interdisciplinaire, ce programme de recherches a pour objectifs immédiats : 1- Une étude systématique des structures architecturales et des décors de la cité d’Herculanum ; 2- Un protocole d’analyse des éléments de culture matérielle en contexte dans une optique socio-culturelle ; 3- Un dispositif de valorisation de l'urbanisme d’Herculanum et de lecture restituée du cadre de vie, à travers des restitutions 3D de l'intérieur de cinq maisons ; 4- Un examen des logiques habitantes (par genre, classe sociale, âge…) et de leurs effets temporels, sociaux, idéologiques et spatiaux.



EGYPTE
Intitulé : Douch, l’occupation préhistorique de l’Oasis de Kharga à l’Holocène dans son cadre environnemental.
Responsables : Béatrix MIDANT-REYNES, Directeur de Recherches émérite au CNRS (UMR 5608, TRACES), Directrice de l'Ifao de 2010 à 2015 ; François BRIOIS, Maître de Conférences à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, co-directeur de la mission (UMR 5608, TRACES).
Ce programme est financé par l’Institut français d’archéologie orientale (Ifao, le Caire).

Les données relatives à l’occupation préhistorique dans le bassin de Kharga reposent, d’une part sur des prospections de surface, d’autre part sur l’analyse plus approfondie de sites apparus comme significatifs. L’occupation de ces espaces écologiquement fragiles est étroitement liée à l’évolution des conditions climatiques qui ont prévalu dans le Sahara oriental au cours des temps pléistocène et holocène, et révèle des stratégies différentes d’accès à l’eau par des populations qui, de chasseurs-cueilleurs, vont progressivement devenir pastorales. Le programme est centré sur la période Holocène, qui compte de nombreux sites de plein air fréquemment associés à des sources artésiennes maintenant fossilisées ou à d’anciennes lagunes (playa). Les nombreux restes matériels exhumés permettent de suivre toute l’évolution depuis les dernières sociétés de chasseurs-cueilleurs de l’épipaléolithique (transition 8ᵉ-7ᵉ millénaire) jusqu’à la période de l’Ancien Empire.
Du laboratoire TRACES, participe au programme Tiphaine Dachy.


Intitulé : Tell el-Iswid et les débuts de l’architecture de briques crues en Egypte
Responsables : N. BUCHEZ, Inrap, Amiens, directrice de la mission, chercheur associé UMR-TRACES ; B. MIDANT-REYNES, DR émérite, CNRS (TRACES), Directrice de l’Ifao de 2010 à 2015
Cette mission, créée en 2006, s’inscrit dans le cadre des fouilles de l’institut français d’archéologie orientale du Caire (Ifao), avec le soutien de la commission des fouilles des affaires étrangères. De 2008 à 2012, elle a fait partie de l’ANR Gezira.

La préhistoire récente de l’Egypte (du Néolithique aux premières dynasties) connaît depuis une vingtaine d’années un renouveau considérable, tant sur le plan des données (de nombreuses fouilles nouvelles) que sur celui des concepts. Durant presque un siècle, elle s’est cantonnée aux connaissances provenant des immenses nécropoles de Haute-Egypte, fouillées, pour la plupart, au début du XXe siècle. On ne connaissait du Nord que les sites néolithiques de l’oasis du Fayoum, du Delta occidental (Mérimdé Beni-Salâme) et de la région du Caire (El Omari, Maadi). Dès les années 1930, des historiens des religions s’étaient chargés d’écrire une préhistoire sur la base des textes religieux. Dans les années 1970, le dossier est repris par W. Kaiser, à partir des publications anciennes. La chronologie prédynastique est alors précisée et l’image d’une « expansion naqadienne » se fait jour. Dit de manière schématique : Les sociétés fortement hiérarchisées du Sud connaissent une expansion vers la Nubie et vers le Nord et s’imposent (par la guerre ?) sur la totalité de la vallée nubo-égyptienne, jusqu’au Levant. Dans ce schéma, les cultures encore très mal connues du Nord et du Delta apparaissent comme des sociétés agro-pastorales, de type « égalitaire », incapables de résister à la pression de leur puissant voisin.
Dans les années 1980 à 2000, la reprise de l’activité archéologique dans la région memphite et dans le Delta a apporté un nombre considérable de données nouvelles qui sont venues bousculer ce tableau dit « classique » de l’évolution des sociétés prédynastiques au 4ème millénaire. De nombreux sites, pour la plupart sites stratifiés et d’habitat, révèlent, d’une part, une ou des cultures de Basse-Egypte plus complexes qu’on ne l’avait estimé, d’autre part, l’existence d’une phase de transition qui ouvre la porte aux doutes quant à la réalité de « l’expansion naqadienne », telle que W. Kaiser l’avait conçue. L’observation de ces données a conduit certains chercheurs à proposer une interprétation nouvelle de l’évolution des sociétés nilotiques au cours du 4ème millénaire, dressant un tableau où la fameuse « expansion naqadienne » n’a plus sa place (C. Koehler). Les recherches que nous avons conduites à Adaïma, en Haute-Egypte, de 1989 à 2005 (B. Midant-Reynes, E. Crubézy et N. Buchez), puis sur le cimetière prédynastique de Kom el-Khilgan, dans le Delta, de 2002 à 2005, (B. Midant-Reynes et N. Buchez) nous ont menés à des conclusions plus nuancées, mettant l’accent sur un processus plus subtil d’acculturation, qui n’exclut pas pour autant une forme encore à préciser d’expansion naqadienne.
L’objectif des travaux conduits à Tell el-Iswid est centré sur l’étude des modes d’occupation attestés depuis le début du 4è millénaire, et leur évolution au cours du temps, en fonction de facteurs géographiques et sociaux. La phase de transition intègre, bien entendu, cette problématique. L’aspect environnemental est apparu d’emblée comme une donnée essentielle puisque l’occupation humaine, centrée sur les geziras, est étroitement liée aux fluctuations à courts et moyens termes des branches du Nil dans ce contexte deltaïque. C’est pour cette raison que les travaux menés sur ce site ont été intégrés, de 2008 à 2012, à une problématique plus large, concernant « l’homme et son environnement dans le delta oriental du Nil au 4è millénaire », objet de l’ANR-Gezira (ANR_08_BLAN_0312_01).
Tell el-Iswid est inscrit dans le prochain quinquennal de l’Ifao (2017-2021).
Du laboratoire TRACES, François Briois participe au programme.


Intitulé : Les mines de silex du Wadi Sannur
Responsables : Béatrix MIDANT-REYNES, Directeur de Recherches émérite au CNRS (UMR 5608, TRACES), Directrice de l'Ifao de 2010 à 2015 ; François BRIOIS, Maître de Conférences à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (UMR 5608, TRACES).Cette mission, crée en 2014,  s’inscrit dans le cadre des fouilles de l’institut français d’archéologie orientale du Caire (Ifao).

Le complexe minier du Wadi Sannur, localisé dans le massif du Galâlâ-nord, entre Nil et mer Rouge, correspond à un site à tout point de vue unique et intact :  600 km2 de carrières de silex datant des premiers Pharaons, exploitées jusqu'à l'Ancien Empire égyptien. L’exploitation des données et des résultats acquis combleront un vide scientifique relatif à l’émergence et au plein développement d'une activité industrielle qui informent sur la manière dont les élites de l'Etat naissant s'accaparent un territoire et en absorbent les richesses.
En 1885, le botaniste allemand Georg Schweinfurth, publiait l'existence d'ateliers de silex qu’il avait découvert dans l’un des nombreux ouadis qui sillonnent le plateau du Galâlâ-nord. Ceci nous a conduits à rechercher les sites mentionnés et à étendre l’exploration sur une vaste étendue géographique en s’appuyant sur de nombreux indices observés par l’examen détaillé des images satellitaires. Nous avons commencé les missions de terrain en 2014, ce qui nous a permis de retrouver les sites identifiés il y a 140 ans par Schweinfurth et restés totalement dans l’oubli depuis, et d’en découvrir de nombreux autres nouveaux répartis sur près de 600 km². Ce complexe d’exploitation du silex est le plus vaste actuellement connu sur le territoire égyptien devant celui du ouadi Sheikh, longtemps resté la seule référence archéologique tout au long du 20ème siècle.
Ce site constitue une des sources des objets de prestige les plus importants des temps prédynastiques jusqu'à l'époque des Grandes Pyramides, entre 3500 et 2600 avant notre ère. Il s'agit des grands couteaux de silex, liés notamment aux rituels sacrificiels. Ces carrières et ateliers ont également produit des quantités industrielles de lames qui ont été distribuées sur les sites consommateurs de la vallée du Nil, sous le contrôle d'une administration centralisée.
Les travaux entrepris ont permis non seulement d'identifier et d'analyser la technologie du silex de haut niveau, mais également de repérer des pistes pour caravanes reliant la vallée du Nil à la mer Rouge via le Wadi Araba. Plusieurs camps liés aux mines ont été mis au jour et ont pu être datés de la IVe dynastie. Cependant, certaines preuves suggèrent fortement que l’exploitation de la Galala Nord a commencé dès la Naqada IIIA-B et qu’elle connaissait une intensification de la production à partir de la Naqada IIIC-D.Du laboratoire TRACES, Pierre-Antoine Beauvais participe au programme.