Opération de fouille programmée (2001-2011) Le Taï – Remoulins (Gard)

Responsable : Claire Manen


Institutions partenaires

Ministère de la Culture et de la Communication
Programmes :
12 : Le Néolithique : habitats, sépultures, production et échanges ;
11 : Apparition du Néolithique et Néolithique ancien

Collaborateurs

- Laurent Bouby, CNRS - UMR 5059, Centre de Bio-Archéologie et d'Écologie (CBAE), MONTPELLIER
- Laurent Bruxelles, INRAP - UMR 5608, TRACES, TOULOUSE
- Isabelle Carrère, EHESS - UMR 5608, TRACES, TOULOUSE
- Lucie Chabal, CNRS - UMR 5059, Centre de Bio-Archéologie et d'Écologie (CBAE), MONTPELLIER
- Jacques Coularou, CNRS - UMR 5608, TRACES, TOULOUSE
- Fabien Convertini, INRAP, LAMPEA-UMR 6636, AIX EN PROVENCE
- Thomas Cucchi, CNRS - UMR 5197 - MNHN, Archéozoologie, histoire des sociétés humaines et des peuplements animaux, PARIS
- Sophie Martin, INRAP, UMR 5140 Archéologie des sociétés méditerranéennes, LATTES
- Carine Muller-Pelletier, Membre associé UMR 5608 - TRACES, TOULOUSE
- Thomas Perrin, CNRS - UMR 5608, TRACES, TOULOUSE
- Maxime Remicourt, Doctorant EHESS, UMR 5608, TRACES, TOULOUSE
- Julie Rivière, Service archéologique de Chartres
- Ingrid Sénépart, Service archéologique de Marseille, UMR 6130 - CEPAM, VALBONNE
- Dominique Sordoillet, INRAP, Laboratoire de Chrono-écologie, INRAP - UMR 6565, BESANCON
- Éric Thirault, Paléotime, UMR 5608, TRACES, TOULOUSE
- Évelyne Tissier, CNRS - UMR 5608, TRACES, TOULOUSE
- Jean-Denis Vigne, CNRS - UMR 5197 - MNHN, Archéozoologie, histoire des sociétés humaines et des peuplements animaux, PARIS

Présentation générale


Localisation du site du Taï.

Localisée sur la commune de Remoulins le site du Taï a fait l'objet de 10 campagnes de fouilles estivales réparties entre 2001 et 2011. Au départ centrée sur la grotte et sur les occupations du Néolithique ancien, la problématique générale s'est ensuite considérablement élargie puisqu'il nous a été permis de documenter d'une part, des occupations de plein air contemporaines et complémentaires de celles identifiés dans la grotte et d'autre part, de disposer d'une stratigraphie complète pour la période Néolithique. En effet, au fil des campagnes de terrain, nous avons pu fouiller des niveaux relatifs au Néolithique final ferrières, au Néolithique moyen chasséen et au Néolithique ancien épicardial (la fréquentation de la grotte durant le Fontbouisse, probable lieu d'une sépulture collective, ne peut être réellement documentée en raison de sa destruction quasiment totale par les «fouilles» de la fin du 19e siècle).


Photographie de la stratigraphie principale du site.
C'est donc cette séquence comprise entre environ 5300 et 2900 av. J.-C. qui nous permet de retracer l'histoire du site et de ses occupants ainsi que de leurs interactions avec le riche milieu environnemental offert par le plateau des garrigues, le Gardon et la plaine de Remoulins.


Photographie du site.
Problématique de la recherche

Les problématiques de recherche se déclinent suivant différentes échelles de réflexion qui vont de la reconstitution de l'histoire des premières sociétés paysannes à la restitution des pratiques territoriales, économiques et du quotidien. Ainsi, la stratigraphie complète pour la séquence néolithique nous permet de :
  • préciser la séquence chrono-culturelle du Néolithique gardois et d'une manière plus large du Sud de la France (position de l'Épicardial par rapport au Cardial ; possibilité de documenter une séquence chasséenne et ainsi combler un vide régional ; corpus important pour une phase ancienne du Ferrières) ;
  • enrichir les données paléo-environnementales et paléo économiques grâce à des protocoles de prélèvement adapatés. Réflexion sur la gestion des ressources naturelles et l'impact des activités humaines sur le milieu ;
  • restituer les modes de productions, les activités domestiques et les territoires exploités ;
  • observer les modalités d'occupation du site au cours du temps dans le cadre d'une réflexion sur l'habitat et le statut des grottes.

Descriptif des résultats

Vers 5000 avant J.-C. (Néolithique ancien), les premiers éleveurs agriculteurs du Gard s'installent sur la commune de Remoulins et utilisent la grotte du Taï comme habitat. On a pu ainsi y retrouver tous les témoignages de leurs activités quotidiennes au sein de la cavité : foyers pour les préparations culinaires, fosse-silo pour stocker les céréales, outils en silex, en os, poteries...


Photographie des résidus de combustion (cendres) d'un foyer
du Néolithique ancien destiné à la cuisson des aliments.



Fragment de poterie décorée, poinçon en os et lame de silex
du Néolithique ancien épicardial

L'économie de subsistance du groupe était basée sur l'élevage des moutons et des chèvres et sur la culture de l'orge et du blé. Les ressources offertes par le Gardon (pêche, collecte de mollusque) étaient également largement utilisées. Ces premiers paysans utilisaient des matières premières qui provenaient d'aires géographiques variées et plus ou moins lointaines (par exemple le littoral méditerranéen pour les coquillages servant à la réalisation de perles de collier ou le Mont Ventoux pour les silex destinés à la fabrication de lames).
Vers 4000 avant J.-C. (Néolithique moyen), la grotte ne semble plus être réellement habitée comme précédemment. Elle semble plutôt fréquentée temporairement par des groupes humains pour des activités nécessitant des déplacements (pastoralisme par exemple, la grotte pouvant servir de bergerie) ; l'habitat principal étant alors plus probablement situé dans la plaine.
Vers 3000 avant J.-C., on observe à nouveau l'implantation d'un véritable habitat sur le site. La grotte ne sert alors plus que comme l'annexe d'un vaste habitat en pierre et en terre qui s'implante en plein air dans le vallon. Les plantes cultivées se diversifient, avec une domination nette de l'engrain, et il est possible d'observer des changements dans les pratiques de traitement et de transformations des récoltes. L'élevage reste basé sur la chèvre et le mouton. Diverses activités sont pratiquées sur le site : fabrication de poteries destinés au stockage et à la préparation des aliments, taille du silex pour la fabrication d'outils destinés à l'agriculture, au travail des peaux, du bois,...On observe une intensification de l'utilisation des matières premières de provenance éloignée : à l'aire du Mont Ventoux, s'ajoute par exemple les régions d'Uzès, de Collorgues, de Salinelles et même de Forcalquier dans le Vaucluse.

Bibliographie

2004 - MANEN C., BOUBY L., CARRERE I., COULAROU J., DEVILLERS B., MULLER C., PERRIN T., SORDOILLET D., VIGNE J.-D., VORUZ J.-L. Nouvelles données sur le Néolithique ancien gardois : résultats des campagnes de fouille 2001-2002 de la grotte du Taï (Remoulins).  In : DARTEVELLE H. dir. Auvergne  et Midi. Ve Rencontres Méridionales de Préhistoire Récente (Clermont-Ferrand, Novembre 2002), Préhistoire de Sud-Ouest, p. 321-336.

Liens externes

http://grottetai.free.fr/