Missions archéologiques en Espagne

Intitulé : Analyse, documentation et contextualisation des manifestations graphiques préhistoriques de Valltorta-Gassulla (Castelló, Espagne)
Responsable : Esther LÓPEZ-MONTALVO, chercheure postdoctorale « Marie Curie » (TRACES).

Mission dirigée par Esther López-Montalvo, en collaboration avec Valentín Villaverde de l’Université de Valence (Espagne). Ce programme de recherche est financé par le programme « NEOSOCWESTMED » (2014-2016) des « Marie Curie Actions of the European Research Council » ainsi que par le programme « PROMETEO » du gouvernement de Valence.
La région de Valltorta-Gassulla abrite plus de 70 sites ornés avec des motifs schématiques et levantins, horizons graphiques qu’on attribue aux sociétés néolithiques. Sa position géographique, à l’intérieur des terres du bassin méditerranéen, fait de Valltorta-Gassulla un laboratoire exceptionnel pour mieux comprendre l’expansion et la consolidation des sociétés productrices, leurs réseaux de communication et de circulation et leur conception économique et symbolique du paysage.
Ce programme vise à renouveler nos connaissances des sociétés néolithiques par une approche intégrée de leur contexte graphique et archéologique. Pour cela, nous avons mis en place un nouveau protocole multidisciplinaire d’analyse et de documentation des manifestations graphiques qui nous permet d’exploiter au maximum l’information fournie par ces graphies.
Trois aspects doivent être soulignés à ce propos : c) l’incorporation de la notion de « chaîne opératoire » dans nos analyses, ce qui nous permet d’obtenir une caractérisation plus précise des phases stylistiques ainsi que de mettre en relation ces productions graphiques et la société ; b) une approche anthropologique des thèmes représentés (activités économiques et sociales ; culture matérielle ; etc.) favorisant une meilleure compréhension de l’organisation sociale et économique ; et c) une analyse comparée avec les données archéologiques.
Le défi est de caractériser le processus d’implantation et de développement des sociétés productrices dans ces terres de l’intérieur par une analyse du contexte graphique et matériel, en accordant un rôle prioritaire aux données fournies par les manifestations graphiques pariétales qui ont été toujours écartées du débat.

L’équipe comprend des archéologues (E. López-Montalvo, TRACES ; V. Villaverde, Univ. Valence, des archéomètres (C. Roldán, Univ. Valence; E. Badal, Univ. Valence ; J. del Hoyo (National Museum in Krakow, Pologne), des topographes (J.L. Lerma, M. Cabrelles, B. Blasco, UPV-Valence) et, pour les datations : A. Bonneau (U. de Montréal, Canada).


Intitulé : Silla del Papa 
Responsable : Pierre MORET, directeur de recherche CNRS – UMR 5608 TRACES.

Ce programme fait partie de la mission « Phéniciens, Grecs et Ibères d'Alicante à Cadix », financée par la Commission des fouilles du ministère des Affaires étrangères pour la période 2014-2017. Le projet Silla del Papa est également soutenu par la Casa de Velázquez depuis 2014. Partenaires en Espagne : Junta de Andalucía, Conjunto Arqueológico de Baelo Claudia, Universidad de Alicante, Universidad de Sevilla.
Site clé de la rive nord du détroit de Gibraltar, l’oppidum de la Silla del Papa fut occupé pendant tout le premier millénaire avant notre ère. En relation constante avec les populations de la rive opposée, cet établissement de hauteur fut successivement en contact avec les Phéniciens, les Carthaginois puis les Romains. Il développa une forme d’urbanisme particulièrement originale que l’on peut étudier dans sa globalité — cas unique dans le sud de l’Espagne — grâce à l’absence d’une réoccupation moderne. Le site connut une dernière occupation, beaucoup plus modeste, entre le VIe et le IXe siècle de notre ère.
Trois secteurs font l’objet de fouilles depuis 2014 : une nécropole de la fin de l’âge du Fer, dont les monuments funéraires sont d’un type hybride, sans parallèles connus ailleurs en Espagne ; des maisons à plusieurs étages adossées aux parois rocheuse dans la partie centrale du site ; et enfin une zone extra muros qui a livré à la fois les restes d’une occupation du Bronze Final précolonial et une église wisigothique abandonnée au début de l’époque émirale.

Du laboratoire TRACES, participent aux recherches Stéphanie Adroit, Jean-Marc Fabre, Florian Gonzalez  et Bastien Lefebvre.
Pour en savoir plus :
http://blogs.univ-tlse2.fr/archeostraits/fr
https://www.casadevelazquez.org/recherche-scientifique/fouilles-archeologiques/silla-del-papa/presentation-et-objectifs/


Intitulé : ARCHEOSTRAITS - Espaces protohistoriques du détroit de Gibraltar: les territoires de la Silla del Papa et de Los Castillejos de Alcorrín (IXe – Ier siècle av. J.-C.).
Programme franco-allemand FRAL 2013 SHS3, 2014-2017. Responsable pour la partie ANR : Pierre MORET, directeur de recherche CNRS – UMR 5608 TRACES ; pour la partie DFG : Dirce MARZOLI, directrice de la section de Madrid de l’Institut archéologique allemand (DAI). Ce programme financé par l’ANR et la DFG a comme partenaires en Allemagne l’université de Cologne pour le volet géoarchéologique (Helmut Brückner), et en Espagne l’université d’Alicante (Ignasi Grau, Fernando Prados).

Complémentaire de la mission MAE présentée ci-dessus, ce programme franco-allemand a pour objectif l’étude des territoires des deux plus grandes agglomérations protohistoriques de la rive nord du détroit de Gibraltar, distantes l’une de l’autre de 40 km : La Silla del Papa à Tarifa (Cádiz) et Los Castillejos de Alcorrín à Manilva (Málaga). Ces deux sites de hauteur, fondés à l’époque des premiers établissements coloniaux phéniciens en Occident, contrôlaient un espace littoral tout en étant eux-mêmes situés en retrait de la côte. Tous deux suscitent les mêmes interrogations sur la structuration des territoires dans un espace fortement compartimenté, sur la tension entre vocation maritime et préoccupations défensives, sur la complémentarité entre exploitation des ressources halieutiques et terroir agropastoral. Enfin, l’un et l’autre abritaient des communautés mixtes, à composantes phénicienne et indigène mêlées.
Ce travail s’effectuera dans une démarche de géoarchéologie et d’archéologie spatiale, à plusieurs échelles, en s’appuyant sur les méthodes les plus avancées : acquisition de données spatiales par capteurs embarqués sur drone, complétées par des informations de subsurface obtenues via des méthodes géophysiques ainsi que par des séquences de forage.
L’objectif est d’approfondir en commun l’étude spatiale de ces sites dans leur environnement : délimitation précise de l’habitat, identifications de marqueurs territoriaux (tours, monuments funéraires), localisation des nécropoles, localisation des carrières, reconstruction du paléoenvironnement, mise en évidence des relations avec un site portuaire, évaluation des ressources agro-pastorales, estimation de la taille du terroir nécessaire. Les mêmes protocoles d’étude seront appliqués aux deux zones d’étude. La mise en commun des moyens techniques et des méthodologies des deux partenaires sera le maître mot de ce projet, dans un esprit de collaboration réellement intégrée.

Du laboratoire TRACES, participent aux recherches Carine Calastrenc, Jean-Marc Fabre et Nicolas Poirier, ainsi qu’Arnaud Ansart et Helena Jiménez.
Pour en savoir plus :
http://blogs.univ-tlse2.fr/archeostraits/fr
 

Intitulé : La transformation de l'habitat et du paysage dans un espace de rupture : la Comunidad de aldeas de Daroca (Aragon, Espagne), du XIVe au XVIIe siècle.

Responsable : Lidia C. ALLUÉ ANDRÉS, doctorante (TRACES).

Mission dirigée par Lidia C. Allué Andrés, dans le cadre d'une thèse en cotutelle entre les universités de Toulouse 2 Jean Jaurès et de Saragosse (Espagne), sous la direction de Florent Hautefeuille et de Mª Luz Rodrigo Estevan.  La région de l'ancienne Comunidad de aldeas de Daroca (Aragon, Espagne) était formée par une centaine de villages, dans un territoire de frontière d'abord avec les Musulmans, puis avec les Castillans. Entre la deuxième moitié du XIVe siècle et la fin du XVe siècle, dans le cadre des crises du bas Moyen Âge, on constate l'abandon d'environ une vingtaine de villages.   Ce programme vise, d'abord, à mesurer de manière fine ces processus d'abandon. Ensuite, ce projet a pour objectif de mesurer l'articulation entre d’une part les cycles de vie des agglomérations villageoises et, de l’autre, les modalités d’exploitation du sol. Quand un village était déserté, son terroir (appelé pardina) était loué à d'autres communautés proches qui semblent avoir transformé la plupart de ces terres en pâtures. La préservation de ces espaces sous la forme d'une pardina démontre donc que les désertions n’ont pas entrainés une reconfiguration complète des finages villageois. De la même manière, la question du climat doit être abordée pour mesurer s’il existe des corrélations entre évolutions climatiques, processus d’abandon et reconfiguration des terroirs.  L'objectif de ce projet est alors de renouveler nos connaissances sur les crises du bas Moyen Âge et leurs impacts sur l'habitat et les paysages de cette région, par une approche multidisciplinaire et à plusieurs échelles. Pour cela, nous avons mis en place un protocole de prospections pédestres, aériennes et du sous-sol. Les données issues de ces opérations seront croisées avec celles de la documentation écrite (principalement celles des Archives de la Comunidad de aldeas de Daroca et celles de la Municipalité de Daroca), ainsi qu'avec les informations dérivées de carottages faits sur certains bassins de la région, qui peuvent nous donner des informations sur les manifestations du Petit Âge Glaciaire.  
L'équipe comprend la responsable du projet, ainsi que des étudiants français et espagnols en archéologie et en histoire, dans le cadre du bénévolat. La mise en place d'autres collaborations est en cours, comme par exemple avec une équipe d'archéologues de l'Université d'Athens (Georgia, USA) et avec des géographes de l'Université de Saragosse.