De 1970 à 2007 : du CRA à TRACES en passant par l'UTAH

Publié le 2 février 2012 Mis à jour le 3 décembre 2018

1970-1994 : du CRA à AMMOR


Le début d’une organisation de la recherche archéologique, alors propre à l’Université de Toulouse – Le Mirail (UTM), a été informel. Principalement impulsé par Claude Domergue au début des années 1970, ce fut le Centre de Recherche Archéologique, CRA. Ses thèmes touchent l’Antiquité, particulièrement dans la péninsule Ibérique. Ses membres sont des enseignants et chercheurs (Claude Domergue, Jean-Marie Pailler, Robert Sablayrolles, Pierre Sillières), mais aussi des jeunes passionnés : Thierry Martin, Christian Landes, Jean-Emmanuel Guilbaut… En 1972 ont lieu les premiers contacts avec le laboratoire de Minéralogie de l’Université Paul Sabatier. En 1973 commence une coopération scientifique régulière avec le laboratoire de géomorphologie de l’UTM (Gérard Hérail) et avec le Groupe de Télédétection Aérienne du CNES (Max Guy).

En 1976-77, à la suite d’une rencontre de Claude Domergue avec Jean Pouilloux, helléniste antiquisant, directeur scientifique des Sciences humaines au CNRS, est créée la RCP (Recherche Coopérative sur Programme) 496 du CNRS « Mines et fonderies du monde romain ». Cette création fait suite à la première exposition archéologique, sur les fouilles des Martys, présentée dans le hall de l’ancienne bibliothèque universitaire puis rue du Taur, à Bagnères-de-Bigorre et à Alès. 1981 voit les premiers contacts avec Francis Dabosi et Bernard Pieraggi, du Laboratoire de métallurgie physique de l’Ecole de Chimie. A partir de 1995, la coopération deviendra régulière avec l’Ecole des Mines d’Albi (Jean-Paul Arcens, Christophe Levaillant), puis avec le laboratoire Materia Viva (Monique Drieux-Daguerre).

En 1981, l’équipe devient une ERA du CNRS (Equipe de Recherche Associée) et prend le nom d’AMMOR, "Archéologie Minière et Métallurgique de l’Occident Romain". Dans ce nouveau cadre l’équipe est renforcée au secrétariat par Denise Guillerm et à la documentation par Jacqueline Labrousse et Marie-Thérèse Marty. Les premiers chercheurs affectés à AMMOR sont Béatrice Cauuet, en 1985, puis Christiane Boube et Alain Vernhet en 1987. Vu la doctrine alors en vigueur, l’équipe reste encore formellement une équipe "Métal", mais elle ouvre de plus en plus ses activités sur l’archéologie régionale. Jusqu’à 1994, l’équipe "squatte" les locaux de l’UFR d’Histoire (une salle de travail, un bureau).

En 1994, l’ouverture de la Maison de la Recherche de l’Université de Toulouse – Le Mirail  offre à l’équipe des locaux adaptés et de l’espace pour se développer. Les antiquisants sont alors rejoints par la "Jeune Equipe" du Groupe de Recherche en Préhistoire de l’UTM, récemment créée ; son responsable est Michel Barbaza, et elle comporte des conservateurs du patrimoine du SRA. En 1995, le Laboratoire d’Etudes Méridionales (URA 247) dirigé par Maurice Berthe devenant l’UMR FRAMESPA, des enseignantes-chercheurs (Nelly Pousthomis, Sylvie Faravel) impliquées dans l’archéologie vont être intégrées à l’UTAH, tout en demeurant associées à FRAMESPA – une association qui prélude à la formule Terrae. Tous ces chercheurs avaient, parfois de longue date, des relations de coopération avec les conservateurs successifs du Service régional de l’archéologie : Robert Lequément, Marie-Geneviève Colin, Michel Vidal, Michel Vaginay.

1994-2006 : l’UMR 5608, UTAH

En 1994 (en réalité, en 1996 avec effet rétroactif), c’est la création officielle de l’UMR 5608 UTAH, "Unité Toulousaine d’Archéologie et d’Histoire", qui regroupe l’ensemble des archéologues toulousains de la Préhistoire au Moyen-Âge – à l’exception de l’équipe Anthropologie-Préhistoire du  CNRS-EHESS –, et se rattache à quatre institutions : l’université, le CNRS, le Service régional de l’archéologie et l’AFAN qui deviendra plus tard l’INRAP. L’UMR est alors rattachée au département SHS du CNRS et à la section 32 du Comité national de la recherche scientifique (rattachement secondaire en section 31).

La direction du laboratoire incombe à Jean-Marie Pailler pour deux mandats (1994-2004). Elle a été marquée par la préservation de la spécificité "Métal" (avec le Plan Pluri-Formations "Fer", 2001-2008), par l’intégration progressive de composantes très diverses, par la consolidation de l’équipe médiévale, par la montée en puissance de l’équipe Préhistoire, par l’émergence de l’équipe "Protohistoire et mondes anciens". Un épisode douloureux et fédérateur a été l’explosion d’AZF le 21 novembre 2001, suivie d’un exil de deux ans rue Bernard Délicieux.

L’organisation de l’unité reposait sur un découpage en trois équipes fondées sur la chronologie : Préhistoire, Antiquité, Moyen-Âge, sa cohésion étant assurée par des convergences méthodologiques et une large ouverture thématique. En avril 2004, Michel Barbaza succède à Jean-Marie Pailler comme directeur, et Nelly Pousthomis à Robert Sablayrolles comme sous-directrice.

Le regroupement et la création de TRACES

En 2005, confrontée aux nouvelles orientations du département SHS du CNRS, l’unité doit faire évoluer ses cadres de fonctionnement. Face à de fortes incitations au regroupement de laboratoires, l’équipe a su maintenir son unité et sa cohérence en se retranchant derrière une obligation cardinale : la cohérence méthodologique de l’approche archéologique du passé.

En 2006, tout en donnant une  suite favorable à la demande de regroupement formulée par la Direction du CNRS, l’UTAH décidait de limiter son ouverture à l’accueil des archéologues du Centre d’Anthropologie de Toulouse (UMR 8555 devenue FRE 2960 en 2007). L’existence d’une convention entre le Centre d’Anthropologie et l’EHESS imposait la signature d’une nouvelle convention liant désormais à l’UMR cinq partenaires institutionnels. La signature d’une convention avec l’INRAP n’a pas sensiblement modifié l’ordre antérieur puisque les collègues relevant de cette institution participaient depuis de nombreuses années à la vie générale de l’équipe dans toutes ses instances et bénéficiaient à parité des mêmes soutiens.

Au 1er janvier 2007, ce regroupement devenait effectif sous l’appellation de TRACES, "Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés", UMR 5608, Université de Toulouse, CNRS, UTM, Ministère de la Culture, EHESS, INRAP. Béatrix Midant-Reynes devenait directrice adjointe. L’unité se structurait en 7 équipes : axe 1 "Sociétés et milieux des populations de chasseurs-cueilleurs-collecteurs", axe 2 "Centre de Recherche et d’Etude sur l’Art Préhistorique", axe 3 "Néolithique du Bassin méditerranéen", axe 4 "Protohistoire et Mondes anciens", axe 5 "Histoire et Archéologie du Métal", axe 6 "Villes et agglomérations, terroirs et territoires", axe 7 "Archéologie des Espaces médiévaux".

La décision de solliciter un rattachement à l’InEE (Institut Ecologie et Environnement du CNRS) comme opérateur de recherches a été prise en mai 2009, assortie d’une demande de double rattachement (InEE et InSHS). En décembre de la même année, l’évaluation du laboratoire par l’AERES eut pour résultat une appréciation très favorable assortie de la note A+. En mars 2011, Pierre Moret devenait le nouveau directeur de l’UMR, et Nicolas Valdeyron le directeur adjoint.
 
Claude Domergue, Michel Barbaza et Jean-Marie Pailler