Le campement aurignacien de Régismont-le-Haut (Poilhes, Hérault)


Responsables
François BON (Université de Toulouse - Le Mirail, UMR 5608 - TRACES) et Romain MENSAN.

Participants et membres de l'équipe scientifique
Marie Alexis (Université Pierre et Marie Curie, UMR 7618 BIOEMCO) : géochimie sédimentaire
Lars Anderson (doctorant, UT2J, TRACES) : analyse technologique et pétrographique de l’industrie lithique, traitement spatial
Marina de Araujo Igreja (post-doctorante, LAMPEA) : analyse tracéologique
Jean-Philip Brugal (CNRS, LAMPEA) : paléontologie
Sandrine Costamagno (CNRS, TRACES) : archéozoologie
Claire Heckel (post-doctorante, TRACES) : étude des coquillages
Mathieu Lejay (doctorant, UT2J, TRACES) : micromorphologie, géochimie sédimentaire, analyse des foyers
Clément Ménard (doctorant, UT2J, TRACES) : analyse technologique de l’outillage lithique
Romain Mensan (TRACES) : géomorphologie, sédimentologie
Katell Quenea (Université Pierre et Marie Curie, UMR 7618 BIOEMCO) : géochimie sédimentaire
Jean-Victor Pradeau (doctorant, CEPAM) : analyse physico-chimique des colorants
Martine Regert (CNRS, CEPAM) : analyse physico-chimique des colorants
Hélène Salomon (post-doctorante, CEA, Liège) : analyse physico-chimique des colorants
Farid Sellami (INRAP, TRACES) : géomorphologie, sédimentologie, micromorphologie
Carolyn Szmidt (université de Toronto) : datations radiocarbones
Isabelle Théry-Parisot (CNRS, CEPAM) : anthracologie

Financement et support logistique
Ministère de la Culture et de la Communication, Conseil Général de l'Hérault, Association Archéologique de Régismont, UMR 5608 - TRACES, Erick Bouscaras, Sarah et Jean-Luc Pujol.

Mots-clés : Aurignacien, structures d'habitat, analyse spatiale d'un campement de plein air, foyers et combustibles préhistoriques.

Présentation du programme
Situé sur les contreforts de la colline d'Ensérune, au cœur de la plaine du Biterrois, Régismont-le-Haut est l'une des rares implantations de plein air datant du début du Paléolithique supérieur connues dans cette région. En outre, il s'agit de l'un des seuls sites aurignaciens ayant livré les traces explicites d'aménagement de l'habitat, livrant à l'observation les pratiques d'un groupe préhistorique ramenées à l'échelle du temps "court" d'une brève occupation, par opposition à la plupart des contextes de grottes. Il ouvre la perspective de documenter, de façon précise, quelle est la physionomie d'un campement, la nature de l'équipement associé à la vie quotidienne d'un groupe, certaines règles appliquées à la répartition spatiale de leurs activités.

Découvert en 1961 par André Bouscaras, ce site fut fouillé une première fois au cours de l'hiver 1961-62 par Guy Maurin. Entreprise en 2000 et poursuivie jusqu'à ce jour, la reprise d'opération sur ce site est parvenue à montrer que ses occupants aurignaciens ont implanté leur habitat à l'intérieur de deux paléochenaux ou, plus exactement, au creux de deux légères dépressions héritées du fonctionnement antérieur de ces ravines perpendiculaires. Cette topographie offrait certainement une protection naturelle, renforcée par le fait qu'ils choisirent d'implanter leur habitat au pied d'une butte de marnes, aujourd'hui arasée, autour de laquelle se déployaient alors ces ravines. Mais la préservation des traces de leur présence au sein de ces deux paléochenaux doit aussi être perçue comme une fenêtre de conservation : une érosion active, naturelle et anthropique (labours), compromet la découverte d'une extension du site en dehors de ces dépressions, notre perception de l'implantation aurignacienne étant ainsi ramenée à ces seuls contextes paléotopographiques.
 

Quoi qu'il en soit, le site de Régismont-le-Haut apparaît aujourd'hui composé de deux locus perpendiculaires, formant une extension totale de l'ordre de 450 m2, dont un peu plus de la moitié a été fouillée. Partout où nous sommes intervenus, cette vaste surface n'a livré qu'un seul et unique niveau archéologique et nous sommes à présent en mesure de conclure que l'ensemble des traces d'occupation humaine s'inscrivent en parfaite continuité topographique les unes avec les autres, ce qui ne présume pas en soi de leur stricte contemporanéité.
Ce niveau est matérialisé par de nombreux foyers (27), environnés de blocs calcaires, de vestiges lithiques, principalement en silex, ou encore de colorants. En dépit d'une mauvaise conservation des matières organiques, on constate également la présence de charbons de bois et de fragments osseux, brûlés ou non, le plus souvent réduits à l'état de fantôme mais qui demeurent parfois identifiables, à l'instar du crâne de bison découvert dans le second locus. Quelques coquillages, le plus souvent perforés, complètent ces informations.  

S'il existe certaines similitudes entre les deux principaux locus identifiés, à l'image du rapide inventaire du mobilier qui vient d'être évoqué, l'un et l'autre comportent cependant de nettes différences. Ainsi, dans le locus 1 constitué par la réunion du secteur constitué par les fouilles anciennes et son prolongement vers le sud, on constate la présence d'une ligne de foyers (F4, F5, F7-8-9 et F12-16), chacun entouré d'une riche auréole constituée d'un mobilier diversifié et elle-même ceinturée par un semi de blocs calcaires. La nature du mobilier et sa répartition évoquent l'existence de structures domestiques polyfonctionnelles, environnées de structures annexes et certainement plus spécialisées, ordonnées autour de foyers qualifiés de secondaires (F1, F2, F3, F6, F10, F11, F23 et F26). En revanche, dans le second locus, on observe une succession de zones d'activité qui sont toutes à l'évidence plus spécialisées et où d'autres blocs calcaires, sensiblement plus volumineux, quittent le rôle d'éléments de calage vraisemblablement imparti à leurs homologues du précédent secteur pour devenir des éléments techniques de type enclumes ou plans de travail. En outre, autour des foyers que compte cette partie du site, le mobilier s'avère non seulement le plus souvent beaucoup plus pauvre (hormis F20) mais surtout sensiblement différent, avec une composante significative d'instruments (percuteurs) et d'éclats en quartzite et en quartz.
 

Ces différences nous invitent à poser l'hypothèse selon laquelle le site de Régismont-le-Haut s'ordonne autour de deux espaces fonctionnellement complémentaires : une zone d'habitat proprement dite (locus 1) et, à quelque distance vers le sud de celle-ci, une zone d'activité plus spécialisée, orientée peut-être autour de la boucherie et des premières étapes de l'exploitation des carcasses animales (locus 2). Si cette hypothèse est exacte, elle nous inciterait plutôt à reconnaître en ce site l'image d'un vaste campement, ordonnée par des aires complémentaires les unes des autres, que celle d'un site correspondant à la juxtaposition d'unités fonctionnellement autonomes. Ceci pourrait constituer un argument en faveur de la contemporanéité de l'ensemble de ces installations, hypothèse qui semble conforter par les premières campagnes de remontages lithiques.
 


Publications et études relatives aux fouilles récentes


Bon F. et Mensan R., avec la collaboration de Araujo Igreja M., Costamagno S., Gardère P., Ménard C., Sellami F., Szmidt C. et Théry-Parisot I., 2007 - Le site de plein air de Régismont-le-Haut : une halte aurignacienne dans les plaines du Languedoc. In : Qui est l'Aurignacien ?, Aurignac, Editions Musée-forum, cahier 3, p. 53-71.

Costamagno S., Théry-Parisot I., Kuntz D., Bon F. et Mensan R., 2009 - Impact taphonomique d’une combustion prolongée sur des ossements utilisés comme combustible. In : I. Théry-Parisot, L. Chabal et S. Costamagno eds, Taphononomie des résidus organiques brûlés et des structures de combustion en milieu archéologique, Actes de la table ronde de Valbonne, 27-29 mai 2008, P@lethnologie, 2, p. 173-187.

Lejay M., 2012 – Fonctionnement et fossilisation des foyers préhistoriques. Etudes micromorphologique des foyers du site aurignacien de Régismont-le-Haut (Poilhes, Hérault), Mémoire de Master 2 de l’université de Toulouse – Le Mirail, ex. multigraph, 48 p. + annexes, 14 fig.

Ménard C., 2007 – Étude des vestiges lithiques associés au foyer 11 du site aurignacien de plein air de Régismont-le-Haut (Poilhes, Hérault). Approche économique et fonctionnelle. Mémoire de Master 1 de l’université de Toulouse – Le Mirail, ex. multigraph, 119 p., 15 fig., 24 pl.

Pradeau J.-V., 2010 - Étude des chaînes opératoires de transformation des matériaux colorants sur le site aurignacien de Régismont-le-Haut. Mémoire de Master 2 Recherche, Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, Bordeaux, ex. multigraph. 108 p.

Communications scientifiques

De la gestion d’un territoire à l’organisation de l’habitat : l’exemple du site de plein air de Régismont-le-Haut (Poilhes, Hérault)
. Communication présentée par F. Bon dans le cadre de la table-ronde internationale intitulée Autour des concepts de Protoaurignacien, d’Aurignacien initial et ancien : Unité et variabilité des comportements techniques des premiers groupes d’hommes modernes dans le Sud de la France et le Nord de l’Espagne (F. Bon, J.M. Maillo et D. Ortega dir.), Université de Toulouse – le Mirail, février 2003.

Implications du contexte physique des sites dans la conservation des assemblages archéologiques. Le cas du site aurignacien de Régismont dans l’Hérault. Communication présentée par F. Sellami avec la collaboration de F. Bon et R. Mensan dans le cadre de la session générale intitulée Interpretation of Material Culture, Part I : Palaeolithic, Mesolithic, Neolithic, Xème congrès de l’EAA, Lyon, septembre 2004.

Étude des chaînes opératoires de transformation des matières colorantes du site aurignacien de Régismont-le-Haut. Communication présentée par J.-V. Pradeau, M. Regert et F. Bon dans le cadre des journées scientifiques « Matières colorantes préhistoriques : nouvelles avancées méthodologiques et interprétatives », organisées dans le cadre du GdR 3174 ChimARC, du 02/09 au 03/09/2010, Montady.

Taphonomy and Function of Aurignacian Fire-Places at Régismont-le-Haut (France), Poster présenté par M. Lejay dans le cadre du 14th International Working Meeting on Soil Micromorphology, Lleida (Espagne), 9-14 Juillet 2012.

Approches croisées pour la caractérisation de la matière organique conservée dans les foyers préhistoriques : Micromorphologie et Chimie Organique, Poster présenté M. Lejay, M. Alexis, K. Quenea, F. Sellami, F. Bon, R. Mensan, P. Bodu et G. Dumarçay dans le cadre du 14ème Congrès français de sédimentologie, Paris, 5-7 Novembre 2013.

L’exploitation des matériaux colorants au Paléolithique supérieur. Quelles stratégies d’approvisionnement, quelles transformations, quelles utilisations ? Poster présenté par Pradeau J.-V., Salomon H., Mensan R., Bon F., Regert M., poster, Colloque d’Archéométrie du G.M.P.C.A., Liège, avril 2010.
 
Mise à jour : novembre 2014