Les arts et la couleur. Préhistoire, Protohistoire, Antiquité, Moyen Âge.

L'atelier « Les arts et la couleur. Préhistoire, Protohistoire, Antiquité, Moyen Âge », créé en ce début de contrat quinquennal, se veut un lieu de réflexion pour développements méthodologiques et conceptuels en art. Inscrit dans la diachronie, il couvre les périodes de la Préhistoire, de la Protohistoire, de l'Antiquité et du Moyen Âge. Le champ géographique concerne principalement l'Europe Occidentale et l'Afrique, mais des ouvertures vers d'autres espaces sont envisagées en fonction de l'évolution de l'atelier et de ses participants. Le point fort est que le vivier au sein de TRACES est suffisamment fourni et cohérent pour lancer une dynamique, amorcée par trois enseignants chercheurs collaborant au sein du même département et en contact étroit avec les étudiants.

Introduction

Cet atelier a pour objectif de confronter des approches méthodologiques et conceptuelles sur l'art et les couleurs, dans une dimension diachronique. Conçu comme un foyer de réflexions à l'échelle du laboratoire, cet atelier ne s'interdit pas, dans les années qui viennent, de structurer à plus large échelle ce domaine de recherche. Cette initiative est justifiée par un l'existence d'un vivier de chercheurs de TRACES qui mettent en synergie leurs expériences respectives (archéologues, historiens, historiens de l'art….), quel que soit le cadre spatio-temporel de leur objet d'étude. Ce vivier est, en effet, l'un des plus importants au niveau national, et couvre un champ chronologique à la fois long et ininterrompu. Cet atelier réflexif répond, de plus, à un manque dans le panorama des programmes de recherche sur les productions artistiques, peu nombreux et peu axés sur la diachronie, qui nous paraît pourtant être à la fois un atout et un enjeu scientifique. L'animatrice de cet atelier Esther Lopez-Montalvo. Au lancement de l’atelier, l'effectif comprend une dizaine de chercheurs et doctorants. Cet atelier prendra concrètement la forme de séminaires et de journées d'étude articulés autour d'axes thématiques, communs aux différentes périodes chronologiques couvertes et pouvant potentiellement irriguer toutes les équipes du laboratoire. Deux séminaires annuels sont prévus.

Dans le cadre du contrat quinquennal, s'agissant d'un atelier naissant, l'objectif premier sera de faire émerger plusieurs axes de réflexion fédérateurs qui pourront servir de fondement au lancement de programmes de recherches diachroniques et pluridisciplinaires au sein du laboratoire. En tant que lieu d'échanges et de débats, la dimension pédagogique de l'atelier sera fortement valorisée, et les étudiants encouragés à nous rejoindre. L'atelier a pour ambition de participer activement, au niveau national, à la formation de jeunes chercheurs sur les arts et la couleur dans les sociétés anciennes. L'atelier se veut par ailleurs un espace d'ouverture vers d'autres champs disciplinaires (philosophie, anthropologie, sociologie de l'art, architecture, études cognitives…). Le croisement entre ces disciplines nous apportera un regard réflexif et épistémologique sur notre objet d'étude et nos pratiques. Au-delà des journées d'études et des séminaires qui nous réuniront, nous avons déjà prévu la rédaction d'un manuel universitaire sur le thème « Pourquoi peint-on dans les sociétés anciennes ? », coordonné par C. Bourdier, A Dardenay et V. Czerniak.

 



Les thèmes

Thème 1 : Méthodologie d’étude des arts

Les recherches en histoire de l'art se sont constituées, historiquement, isolément les unes des autres dans des champs d'études déterminés selon des limites chronologiques ou spatiales. Il en résulte des méthodes d'enregistrement 2D très variées qui gagneraient énormément à être confrontées afin de s'enrichir mutuellement et, éventuellement, de s'uniformiser au moins partiellement. Par exemple, les préhistoriens et les antiquisants pratiquent le relevé de contact avec l'œuvre, alors que les médiévistes ont totalement abandonné ces pratiques pour opérer d'après photographie des objets d'études. L'étude du décor pariétal (peinture pour l'essentiel, mais également gravure, sculpture et graffiti) est l’un des points fort de notre vivier de chercheurs. Nous bénéficions également, dans le cadre de nos nouveaux locaux et de la plateforme ArchéoSciences en cours de constitution, d'un plateau de remontage d'enduits peints qui sera un lieu de confrontation idéal pour nos expériences et pratiques respectives.
La question du vocabulaire en usage selon les champs d'étude sera également envisagée, une uniformisation de la terminologie sur des questions communes aux différents champs facilitant la communication, la compréhension et la comparaison. Nous discuterons également de nos différentes expériences en matière de reconstitution des décors (traitements infographiques, modélisations 3D et 4D, archéologie expérimentale).
Enfin les expériences d'analyses techno-stylistiques seront confrontées, notamment s'agissant des problématiques et grilles analytiques. Nous proposerons également une réflexion autour des critères et des variables analysés selon les problématiques envisagées (individu, école, chrono-culturel).

Thème 2 : La création artistique dans l’économie des sociétés

La relation entre l'art et les sociétés anciennes est au centre de nos préoccupations et couvre un large spectre de problématiques, même pour des chercheurs pour lesquels l'art ne paraît pas, au premier abord seulement, prioritaire pour leur objet d'étude. Une sensibilisation plus large au sein de la communauté scientifique à l'apport des études artistiques à l'analyse historique et archéologique sera l’un des enjeux auxquels nous serons confrontés. Dans les sociétés anciennes, l'étude de l'économie des matériaux et matières colorantes est un domaine encore largement inexploité : nous aborderons ainsi la question de l'approvisionnement, des réseaux logistiques et des coûts engendrés pour les communautés ou les commanditaires.

 

Par ailleurs, la technologie des arts picturaux (en particulier mais pas seulement) sera envisagée sur le temps long, et notamment la question de la transmission ou de l'abandon de certaines pratiques et outils. Entre l'Antiquité et le Moyen Âge par exemple, si les outils utilisés par les artistes et artisans peuvent avoir peu varié, les techniques en revanche ont connu de multiples transformations et vicissitudes, parmi lesquelles la longue éclipse de la peinture à fresque entre la fin de l'Antiquité et la fin du Moyen Âge n'est pas la moindre des énigmes.
Dans le champ de la couleur, que ce soit en peinture ou en sculpture, la question du choix des pigments et des zones d'application sera l'objet de fructueux échanges.
Enfin, d'un point de vue plus philosophique, nous évoquerons le rôle de l’art dans le rayonnement économique et culturel des sociétés

Thème 3 : Anthropologie de la couleur et de l'image

Au terme de sociologie, peu adapté aux sociétés préhistoriques, nous avons préféré celui d'anthropologie. Les discussions liminaires entre les coordinatrices de l'atelier ont fait apparaître des usages de la couleur très différenciés selon les champs chronologiques et géographiques. Une de nos ambitions est de les explorer.

Nous ne nous limiterons pas aux problématiques de la couleur. Notre domaine d'investigation couvrira plus largement le contexte de réception des œuvres, aussi bien dans la sphère domestique que funéraire ou sacrée. Enfin, la question de l'identité et du statut des auteurs, de la place de l'artiste ou de l'artisan dans la société est bien entendu, une question anthropologique et philosophique qui nous préoccupe tous, en particulier quant au rôle de la pratique artistique dans l’émergence et l’affirmation des hiérarchies sociales.