Vieille-Toulouse

Responsable
Philippe GARDES (INRAP/TRACES)

Institution partenaire
INRAP

Collaborateurs
Laurence BENQUET (céramologue, INRAP/TRACES), Frédéric CHANDEVAU (tabletterie, INRAP), Frédérique DURAND (carpologie, TRACES), Vincent GENEVIEVE (numismatique, INRAP), Jean-Jacques GRIZEAUD (responsable de secteur, INRAP/TRACES), Nicolas LEBAR (photographie, INRAP), Pascal LOTTI (responsable-adjoint, INRAP), Olivier ONEZIME (topogaphe, INRAP), Christian SERVELLE (archéo-pétrographie, SRA Midi-Pyrénées), Michel VIDAL (instrumentum, DRAC Midi-Pyrénées).



Le site gaulois de Vieille-Toulouse occupe l'extrémité d'un vaste plateau dominant le cours de la Garonne, à environ 7 km au sud de Toulouse. Il correspond à un établissement probablement fortifié d'une centaine d'hectares, occupé de la fin du IIIe siècle avant au début du Ier siècle de notre ère. Le cœur de cette agglomération se trouve dans la partie la plus élevée du promontoire, au lieu-dit La Planho. Quelques sondages réalisés au début du XXe siècle et des fouilles menées dans les années 1960-70, par G. Fouet puis par M.Vidal, ont révélé des vestiges d'occupation dense répartis en deux grandes phases. Néanmoins, malgré les progrès enregistrés, de nombreux problèmes restaient en suspens à l'issue de ces recherches, tant du point de vue de l'organisation spatiale que de la dynamique et des modalités d'occupation du site. Ces questions ont pu être abordées à l'occasion d'une fouille préventive réalisée par l'INRAP à La Planho en 2007, sur une superficie de 850 m2. La confrontation des données permet aujourd'hui de se faire une idée plus juste des modalités d'occupation du secteur.

Résultats  
  Les traces d'occupation les plus anciennes se résument à du mobilier trouvé hors contexte. Comme une série de structures isolées fouillées dans les années 1970 (puits 42), elles témoignent d'une présence probablement d'une certaine importance sur le site dès la première moitié du IIe siècle. La zone fait ensuite l'objet, vers 150 avant notre ère, d'un aménagement de grande ampleur marqué par un réseau de fossés délimitant les espaces occupés.


Une restructuration partielle intervient ensuite dans les années 120/100. Elle est matérialisé par la mise en place d'un réseau de voies carrossables, définissant l'amorce d'îlots allongés sur lesquelles s'alignent des bâtiments. Ces derniers sont construits à partir d'une ossature de poteaux associée à des murs en torchis ou en terre compactée. Les espaces extérieurs sont occupés par différents aménagements dont des puits et des fosses-dépotoirs. Une partie du bâti peut être mis en relation avec l'activité artisanale, comme en témoignent des structures liées à une forge. À noter également que cette zone n'est séparée du célèbre sanctuaire de La Planho, fouillé par M. Vidal en 1970, que par une série de fossés, encadrant probablement une voie.

A partir des années 50 avant notre ère, des changements importants affectent la zone. On observe une évolution dans le parcellaire avec la disparition de certains axes de circulation et un réalignement des rues préexistantes. De plus, à côté des constructions traditionnelles en terre et bois, apparaissent les premiers édifices de type italique. Ainsi, l'essentiel de l'emprise d'une probable domus a été dégagé (22 x 25 m). Au nord se développe un corps de bâtiment compartimenté, avec des pièces en enfilade se répartissant de part et d'autre d'un axe de symétrie, formé par deux salles successives. Une galerie adventice donne sur un vaste espace ouvert à travers un large porche, flanqué de puissants piliers quadrangulaires. Les angles de la galerie ont semble-t-il été renforcés par des colonnes engagées dont ne subsistent que les négatifs. Ces caractéristiques pourraient faire penser à la présence d'un étage, s'ouvrant au sud sur une terrasse coiffant la galerie.

Au-delà, vers le sud, s'étend une cour pavée de matériaux divers (tegulae, amphores, briques) et munie d'un bassin central. Ce dernier présente un plan rectangulaire et un sol en béton de tuileau. Même s'il n'a pas été formellement identifié, l'accès à la cour devait se faire côté sud par une rue sur laquelle s'aligne le bâtiment. La construction de cette demeure prend place dans un programme de restructuration qui semble toucher une grande partie de l'agglomération de Vieille-Toulouse. Emblématique de cette période apparaît le temple de type fanum de Baulaguet, fouillé par Michel Vidal en 1971, auquel se réfère probablement une inscription datée de 47 av. n. ère, découverte dans les environs en 1879.

Une place à part doit être faite au mobilier archéologique. La fouille a livré près de 20 tonnes d'amphores,  environ 60 000 fragments de céramique, 120 monnaies et plus de 500 objets divers, parfois exceptionnels (stylets en os, tessères de jeu inscrites, vase en bronze à bec verseur décoré...).






Les recherches réalisées en 2007 apportent donc un éclairage nouveau sur le site de Vieille-Toulouse. Les données collectées témoignent de l'existence d'un quadrillage urbain au IIe s., partiellement restructuré vers le milieu du Ier s. av. n. ère. L'influence italique ne se manifeste que très progressivement, au Ier s., à travers l'apparition de constructions maçonnées et l'introduction de pratiques alimentaires réputées méditerranéennes. Le statut du site, discuté depuis plusieurs siècles, apparaît désormais clair : il  s'agit de l'agglomération principale des Tolosates.

Perspectives
Les données de fouille sont actuellement en cours d'étude et figureront dans une publication de synthèse prévue à l'horizon 2011.

Bibliographie
Benquet, L. et  Gardes, Ph., "Les dernières phases d'occupation de l'oppidum de Vieille-Toulouse (Haute-Garonne)", Actes du Congrès de la SFECAG (Empuriès 2008), 2008, p. 535-552.
Gardes, Ph., "Une maison d'époque républicaine à Vieille-Toulouse", Archéopages, 2008, p. 81-82.
Vidal, M., "Le site et ses vestiges", dans J.-M. Pailler (dir.), Tolosa. Toulouse et son territoire dans l'Antiquité, Toulouse, 2002, p. 102-118.

Liens externes
http://www.inrap.fr/via_podcast/p-1821-Les-puits-gaulois-de-Vieille-Toulouse.htm
http://www.vieille-toulouse.fr/Le-point-de-vue-de-l-archeologue