Thème 2 - Techniques. Chaînes opératoires et sociétés


Cet axe de recherche vise à étudier l’histoire des techniques minières, minéralurgiques et métallurgiques de façon diachronique et dans leur contexte socio-culturel. L’objectif de ce thème est la compréhension des procédés et la restitution des chaînes opératoires de l’éxploitation du minerai à l’usage de l’objet fini. L’étude des objets est prolongée jusqu’à sa dégradation par les phénomènes de corrosion. Depuis 2009, les recherches ont été déclinées en trois volets.

1. Des sites, des techniques et des hommes

Il s’agit de comprendre les modalités d’exploitation des minerais, de leur traitement, de la transformation du minerai en métal, du métal en objets et donc à étudier les techniques mises en œuvre à chacune de ces étapes.

En Roumanie, ce sont de nombreux équipements en bois en rapport avec les techniques de l’extraction minière (circulation, transport, éclairage, drainage…) qui sont actuellement étudiés. Au Laurion, les recherches sur les techniques mises en œuvre dans l’exploitation du minerai et l’aérage des galeries se sont étoffées. Dans les Vosges saônoises, D. Morin a développé l’étude de l’exploitation minière en gisements profonds. L’origine des premières exploitations minières fait l’objet de recherches renouvelées en Lorraine dans le massif du Warndt et dans les Alpes lombardes (Valle Camonica, Italie).

Les modalités de traitement des minerais ont été abordées pour les non ferreux à travers le site de Carthagène et son complexe d’ateliers de l’époque républicaine (Espagne). Les techniques de préparation mécanique des minerais de fer d’altération (concassage, lavage…) ont fait l’objet d’une synthèse à partir de nombreux vestiges étudiés sur les plateaux du Val de Saône et des Avants-Monts du Jura (Morin-Hamon, 2013). De manière plus ponctuelle, à Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales), des opérations de grillage des minerais de fer durant l’Antiquité tardive ont été mises en évidence (B. Cauuet dir.)

Les procédés de la sidérurgie ancienne ont été étudiés ces cinq dernières années essentiellement en Afrique (Burkina Faso, Mali, Togo et Bénin) pour les périodes médiévales. Elles ont permis de montrer la grande variabilité des traditions techniques mises en place (Robion-Brunner, 2010). Leur coexistence dans le temps et dans l’espace soulève encore de nombreuses questions. Pour les non ferreux, des travaux visant à restituer la chaîne opératoire de la production de l’or en Limousin à la période gauloise ont été menés.

La partie « transformation » du fer est abordée par l’étude d’objets à Bourges et à Lyon au Ve s. av. J. C. dans des contextes de résidences princières (thèse soutenue par A. Filippini en 2013) et de pointes de flèches de l’époque de la guerre des Gaules (Renoux, 2010). Au Camp de Las Basses à Amélie-les-Bains, c’est une forge d’épuration de l’Antiquité tardive qui a été étudiée.

2. La vie de l’objet : de son usage à sa conservation-restauration

A l’extrême fin de la chaîne opératoire, la thématique « vie de l’objet : de son usage à sa conservation-restauration » intègre deux axes de recherche. Celui concernant les bronzes n’a pas pu être développé jusqu’à présent, aucun de nos projets soumis à des appels d’offres au niveau national depuis cinq ans n’ayant été retenu. La programmation dans ce domaine s’est limitée à des expertises (Chiavari et al. 2010) effectuées dans le cadre de chercheur invité (L. Robbiola - Programme Européen CHARISMA) ou d’expertises internationales (évaluation de projets européens FP7, Comité de Projets CP6 Synchrotron Soleil).

Un deuxième axe a vu le jour en partenariat avec le CEMES-CNRS et le CIRIMAT-ENSIACET Toulouse. Il porte sur l’étude du patrimoine archéologique industriel des débuts de l’aéronautique, notamment sur les premiers alliages d’aluminium (origine, fabrication, évolution technique et qualité, conservation). Un programme BQR a été accepté en 2012 (cotutelle J. Huez, Cirimat, et L. Robbiola, Traces). Les travaux sur l’étude des propriétés de ces alliages se poursuivent actuellement au CEMES via une thèse PRES obtenue en septembre 2013 (direction P. Sciau).

3. Le métal des mondes anciens par les mots et par les textes

Ce thème de recherche comporte deux projets liés entre eux. L’un et l’autre prolongent un thème collectif d’une ACI achevée en 2008 et conduite par l’équipe Métal (B. Cauuet, resp.).
Le premier trouve notamment sa traduction dans les travaux récents de J.-M. Pailler sur l’apport du lexique gaulois à l’étude de l’exploitation et de la diffusion des métaux : toponymes, noms de métaux, de métiers, de dieux, d’hommes, de peuples (Pailler, 2011). L’objectif est d’établir le pont qui fait actuellement défaut entre linguistique et archéologie. Le second est un projet de recueil de documents anciens sur les mines et le métal : textes, traduction nouvelle, commentaires techniques, archéologiques, historiques, illustrations par les membres de l’équipe.