Ressources minérales, peuplements, territoires dans le monde égéen l’Acropole de Thorikos (District minier du Laurion-Grèce)


Programme International de recherches pluridisciplinaires  (ACI)

Coordination
Denis Morin, (UMR CNRS 5608 TRACES)

Institutions partenaires
- Université de Ghent (Belgique)
- Ecole Belge d’Athènes - ESBA
- Association Nationale ERMINA

Laboratoires impliqués dans le projet
- UL- UMR 7359 GéoRessources - Géologie, Minéralogie
- UL- CERGAPE (LOTERR)/EA 7304 – Géomorphologie
- UL- HISCANT-MA/EA 1132 – Archéologie
- UL- ETHOS/EA 7299 - Anthropologie
- UPMC - UMR  8220 LAMS - Archéodendrologie
- UFC-UMR 6249 - Géologie

Le district métallifère du Laurion s’étend, du Nord au Sud, sur 15 km de long pour une superficie de 120 km2. Il présente un potentiel de travaux miniers qui comptent parmi les plus importants et les plus spectaculaires du monde antique. Les mines, exploitées dès le IIIe millénaire (BC), ont constitué le plus important centre minier de la Grèce aux Ve et IVe siècle av. JC et l’un des fondements du développement de la civilisation grecque et de la domination d’Athènes sur le monde méditerranéen. Il présente un potentiel de travaux miniers exceptionnels qui comptent parmi les plus importants et les plus spectaculaires du monde antique.

Établie à l’extrémité orientale de la péninsule de l’Attique, la cité de Thoricos mise au jour par les fouilles de l’Ecole Belge d’Athènes, s’inscrit dans un territoire délimité par la péninsule de l’Attique marqué par la présence du gisement métallifère du Laurion (Pb/Ag/Cu). Le théâtre de 2 700 places, l’un des plus anciens de Grèce, caractérisé par un plan semi-elliptique marque la phase de plus grand développement de la cité. L’habitat organisé à proximité du monument, de la nécropole et de l’enceinte constitue les éléments d’un établissement à caractère urbain pérenne où s’imbriquent étroitement ateliers de métallurgie, laverie et habitat.

 
 
Fig.1 Le théâtre de Thoricos. A l’arrière-plan : la rade de Lavrio.
Les  mines s’ouvrent de part et d’autre du monument. (Photographie D. Morin)

Au sommet du mont Velatouri, dominant la cité, se dessine l’acropole mycénienne avec ses tombes à tholos et ses fortifications. Des traces d’exploitation métallurgique significatives, des résidus de coupellation (séparation de l’argent du plomb) y ont été découverts. Ces vestiges qui remontent à la première moitié du IIe millénaire av. notre ère sont les plus anciens de ce type connus actuellement en Europe.

 
 
Fig. 2 L’acropole de Thoricos (Arrière-plan) et traces d’exploitation minière (Premier plan)
(Photographie D. Morin)

Depuis 2002, plusieurs missions se sont succédé sur le Laurion sous l’égide de l’IGME. Elles ont  permis d'explorer et de topographier pour la première fois de vastes réseaux souterrains à partir de puits de section quadrangulaire de plus de 100 m. de profondeur, des verticales impressionnantes par leur technicité, uniques dans le monde antique.
Les investigations conduites dans les réseaux souterrains mettent en évidence des techniques minières inédites pour l'Antiquité en particulier dans la conduite de l'aérage, dans le fonçage et la circulation des hommes et des matériaux. À la lumière des explorations, la révision cartographique géologique du Laurion au 50.000e a conduit à redéfinir la lithostratigraphie de ce vaste gisement.
 
 
Fig. 3 Thoricos : puits quadrangulaire ; accès aux minéralisations du premier niveau
(Mythos Underground Network 01 – Réseau Amaryllis). (Photographie D. Morin)

Le programme a pour objectif d’appréhender la complexité d’un anthroposystème dans le cadre d'approches systémiques mettant en relations les Géosciences (Géologie, Géomorphologie, Minéralogie), les activités minières (Technologie minière, minéralurgiques et métallurgique) et le développement territorial (Habitat - Anthropologie – Santé). Il s’agit de mettre en œuvre une approche scientifique transversale soucieuse d’intégrer les chercheurs des diverses disciplines en fonction d’un géosystème qui a contribué à assoir le rayonnement économique, militaire et culturel de la cité d’Athènes. L’objectif est d’étudier les corrélations entre ressources minérales et développement humain à travers l’étude d’un gisement Pb-Ag-Cu combinant la géologie des minéralisations, l’archéologie (techniques minières) et l’anthropologie.
Il s’agit de comprendre quel rôle les ressources minérales ont joué depuis la fin du Néolithique dans la genèse et le développement des techniques, en analysant l’impact des activités minières sur l’homme et sur l’environnement.
En s’organisant autour d’un objet fédérateur, la synergie de moyens d’investigation pluridisciplinaires ouvre un champ élargi sur la compréhension de phénomènes complexes tels que l’industrialisation, la genèse et l’aménagement d’un territoire.
L’étude des techniques minières et des populations à l’origine de l’exploitation d’un gisement métallifère, l’évolution technologique et leur impact sur la population déterminent les choix stratégiques de cette étude pluridisciplinaire associant archéologues, historiens, anthropologues, géologues, et géomorphologues.

Actuellement, près de trois kilomètres de réseau souterrain ont été explorés sous l’acropole de Thoricos. Les investigations qui se poursuivent devraient apporter des informations inédites sur la gestion technique de cet exceptionnel gisement métallifère exploité depuis la Protohistoire…

 
Mise à jour : octobre 2014