L'orfèvrerie Scythe du tumulus princier de Arjan en Sibérie

  • Responsable(s)
- Barbara Armbruster TRACES (responsable de l'opération spécifique sur la technologie des ors dans le large programme de recherche sur le tumulus)

  • Institution(s) partenaire(s)
- Deutsches Archäologisches Institut (DAI), Berlin, Allemagne (organisme ayant financé les études)
- Musée de l'Hermitage, Saint Petersbourg, Russie

  • Collaborateur(s)
- Hermann Parzinger (ancien président du DAI, actuellement président de la « Berliner Stiftung Preußischer Kulturbesitz »)
- Anatoli Nagler (chercheur titulaire du Deutsches Archäologisches Institut, Eurasienabteilung, Berlin)
- Konstantin Chugunov (conservateur titulaire au Musée de l'Hermitage, Saint Petersbourg, Russie)


Présentation générale

En 2000-2003, un tumulus de l'époque des Scythes anciens, situé dans la nécropole d'Arjan dans la République de Touva en Sibérie, a été fouillé par un programme de recherche conjoint germano-russe, dirigés par Hermann Parzinger et Anatoli Nagler (Deutsches Archäologisches Institut, Berlin, Allemagne) et Konstantin Chugunov (Musée de l'Hermitage, Saint Petersbourg, Russie). Une tombe prestigieuse, non seulement par sa construction en chambre bois comme une cabane en rondins, datant du 7ème siècle avant notre ère, a été trouvé en 2001 (fig. 1, ci-dessus). De milliers d'objets en or furent découverts dans cette tombe no. 5, l'inhumation d'un homme et d'une femme littéralement recouvert d'or. En 2005, ont été intégrées des études spécifiques sur l'orfèvrerie dans le projet de recherches interdisciplinaires et de publication scientifique du  tumulus princier d'Arjan 2, financé par le Deutsches Archäologisches Institut. La publication monographique est en cours.


Descriptif des résultats

Le mobilier métallique extrêmement riche de la tombe no. 5 du tumulus d'Arjan comprend des objets en bronze (miroirs, éléments décoratifs et autres), des objets en fer (armes), et grand nombre d'éléments de parures en or. On compte environs 5700 objets en or parmi plus que 9300 objets déposés dans la tombe (torques, pectoral, épingles, appliques, éléments décoratifs de lanières, d'un fouet, d'un carquois, d'une vaisselle en bois,  de la coiffe, de parure de tête et cetera). La majorité des ornements en or de la tombe sont décorées dans le style animalier scythe. Sont représentés entre autre des grands félins, des chameaux, de chevaux, de rapaces, de bouquetins et de sangliers. L'étude des aspects technologiques et typologiques révèle d'une étonnante variété de formes, fonctions et de procédés de fabrication.


L'examen macro- et microscopique de ces ornements offre une vue à l'intérieur de la complexité de l'art de l'orfèvrerie scythe à la fin du 7ème siècle avant notre ère. L'expertise technique et l'outillage mis à la disposition des artisans de l'âge du fer peuvent être déduits des traces d'outils et de l'analyse des structures de surface. La datation démontrée par une combinaison de méthodes, notamment du radiocarbone et de la dendrochronologie, rend le site plus ancien que l'on imaginait. Elle soutient l'idée que l'application des techniques sophistiquées de la coulée à la cire perdue, la granulation, le filigrane, l'émail et l'incrustation en orfèvrerie des Scythes anciens semble originaire de la région de Touva.   Les recherches ont permis de distinguer 5 différentes tradition d'orfèvrerie : Un groupe se compose d'objets moulés, massif et creux, avec un relief en « kerbschnitt », fait par la cire perdue (fig. 2, ci-dessus).

Un exemple surprenant de cette technique est le torque de l'homme pesant environ 1500 g. Une autre catégorie se compose d'ornements de tôles planes, avec des contours coupés et décorés gravés et ajourés (fig. 3). Les tôles d'or se trouvent également dans des œuvres en trois dimensions, des ornements creux travaillés avec les matrices.


Un autre groupe représente des bijoux en tôle, décorés avec de la granulation et du filigrane, ainsi parfois que avec de l'émail (fig. 4, ci-contre).
La production en série d'objets identiques est évidente dans de nombreuses appliques réalisées en coulée à la cire perdue et d'autres travaillés dans la tôle avec des matrices (fig. 5, ci-dessous). Par exemple, un vêtement de la femme, une sorte de cape, a été couvert de milliers d'applique en forme de petites panthères. 



Le groupe suivant contient des produits en fils, comme de simples chaînes et des chaînes plus complexes en « loop-in-loop » (fig. 6, ci-dessous).



Enfin l'incrustation d'or et d'argent dans des armes en fer constitue le dernier groupe dans l'ensemble de la métallurgie fine de cette tombe (fig. 7, ci-dessous). L'exceptionnel découverte de la tombe d'élite intacte de Arjan 2 offre de nouvelles perspectives dans l'orfèvrerie des origines de la culture des Scythes en Sibérie. Les ornements d'or ont été travaillé pour les vivants et les morts, certains exclusivement pour des cérémonies rituelles. Elles témoignent du haut niveau technique et artistique du métier d'orfèvre scythe complexe à la fin du 7ème siècle avant votre ère.

Ce travail de l'or apporte la preuve d'une organisation et spécialisation des arts appliqués et de l'étendue des contacts culturels. La date de la 2ème moitié du 7ème siècle avant notre ère prouve que le travail d'or de Arzhan 2 est plus ancien que les parallèles en provenance du Kazakhstan. Il s'agit de la première preuve de cette technologie dans la culture scythe de la Sibérie. La combinaison particulièrement riche de techniques appliquées aux modèles particuliers du style animalier semble être une invention locale. Cependant, les techniques sophistiquées de l'or étaient connues bien avant, aussi bien à l'Est comme à l'Ouest. Les observations des œuvres virtuoses et diversifiés d'or du début des Scythes révèle une connaissance poussée de la maîtrise du métal. Les traces d'outils et de techniques identifiés sur les objets de Arzhan 2 fournissent des preuves de l'équipement de l'atelier de l'orfèvre. Par des analogies ethnologiques il est connu que les outils d'un atelier mobile pourraient facilement être transporté dans un sac sur de longues distances. Cette observation correspond au mode de vie nomade des Scythes.
Quatre volets de traditions différentes ont été identifiées: les produits moulés avec « kerbschnitt » secours, pourchassés et pressé postes du bilan, les objets avec une granulation, en filigrane, l'émail, l'or et incrustations d'argent en fer. Il y a plus de 2500 ans des artisans scythes équipés de quelques outils archaïques ont pu créer des œuvres d'orfèvrerie de haut niveau esthétique et technique.

Les premiers résultats des ce projet ont été intégrés dans de l'exposition Im Zeichen des goldenen Greifen. Königsgräber der Skythen, Gropius-Bau,,Berlin 2007, ainsi qu'à Hambourg et Munich en 2008. Nos travaux ont été également exposés lors du Congrès International « Zwischen Jenissei und mittlerer Donau: reiternomadische Eliten der Skythenzeit » dans la Staatsbibliothek zu Berlin, 5-7 juillet 2007, communication : « Die Goldschmiedetechnik aus Aran 2 », et récemment dans le cadre du work-shop international « aurum - workshop on authentication and analysis of gold work » tenu du 11 au 13 mai 2009 au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) à Paris.

Bibliographie

K. V. Chugunov, H. Parzinger et A. Nagler, Arzhan 2: la tombe d'un prince scythe en Sibérie du Sud. Rapport préliminaire des fouilles russo-allemandes de 2000-2002. Arts Asiatiques 59, 2004, 5-29.

K. V. Chugunov, H. Parzinger, A. Nagler et B. R. Armbruster, Katalog. In: K. V. Chugunov, H. Parzinger et A. Nagler (eds.), Der Goldschatz von Arzhan. Ein Fürstengrab der Skythenzeit in der südsibirischen Steppe. (München 2006) 113-143.

B. R. Armbruster, Die Goldschmiedetechnik von Arzhan 2. In: W. Menghin, H. Parzinger, A. Nagler et M. Nawroth (eds.), Im Zeichen des goldenen Greifen. Königsgräber der Skythen (München/Berlin/London/New York 2007) 94-99.

B. R. Armbruster, Technologische Aspekte der Goldschmiedekunst aus Arzan 2. In: K. V. Chugunov, H. Parzinger et A. Nagler (eds.), Der skythenzeitliche Fürstenkurgan Arzan 2 in Tuva. Archäologie in Eurasien 26 (Berlin, sous presse) 174-190.

B. R. Armbruster, Gold technology of the ancient Scythians - Gold from the kurgan Arzhan 2, Tuva, ARCHEOSCIENCES - Revue d'Archéométrie 33 (sous presse)