Datations absolues pour les peintures préhistoriques du Levant espagnol

Une note de presse d'Esther Lopez-Montalvo

Publié le 27 juillet 2016 Mis à jour le 27 juillet 2016

Des nouvelles analyses dirigées par des membres de TRACES offrent la possibilité d’obtenir des datations absolues des peintures préhistoriques du Levant espagnol.


Des nouvelles analyses dirigées par des membres de TRACES ouvrent la possibilité d’obtenir des datations absolues des peintures préhistoriques du Levant espagnol.

Les analyses des peintures levantines de l’abri de Cova Remigia (Ares del Maestrat, Castelló, Espagne) menées par Esther López-Montalvo, chercheuse postdoctorale « Marie Curie » au laboratoire TRACES, en collaboration avec une équipe interdisciplinaire de l’Université de Valence (Espagne), composé par V. Villaverde, C. Roldán, S. Murcia et E. Badal, apportent de nouvelles données concernant la composition et l’utilisation des pigments noirs dans l’art du Levant espagnol.

Cette recherche a permis, d’abord, d’identifier pour la première fois la présence de matière végétale carbonisée dans l’élaboration des pigments noirs des peintures levantines. Jusqu’à présent, les pigments noirs levantins avaient été associés à l’utilisation des minéraux, notamment l’oxyde de manganèse. Deuxièmement, cela a permis de montrer que la couleur noire était relativement  abondante dans cet abri, alors que les pigments noirs sont minoritaires dans la tradition graphique Levantine. Enfin, il a été possible d’identifier des épisodes de rectification/repeint des figures noires et des ajouts graphiques utilisant la couleur rouge, ce qui provoque une combinaison de couleurs noire et rouge complètement exceptionnelle.
Ces nouveaux résultats ont été rendus possibles par l’application de trois techniques : spectrométrie à fluorescence X à dispersion d’énergie (EDXRF), spectroscopie Raman et microscopie électronique à balayage (SEM-EDS), ainsi que par l’analyse et le traitement des images numériques.

 


L’art rupestre du Levant espagnol est une manifestation graphique unique dans le cadre de la Préhistoire récente européenne, qui renferme un potentiel d’information énorme sur les sociétés concernées. Cette manifestation graphique a été inscrite dans la liste du Patrimoine Mondial par L’UNESCO en 1998. L’identification de matière végétale dans les pigments noirs ouvre la possibilité d’obtenir pour la première fois des datations absolues par le carbone-14, ce qui permettrait d’affiner le cadre chronologique et culturel des peintures levantines, sujet d’un débat très controversé lors des dernières décennies. De même, ces résultats offrent des nouvelles données concernant les techniques d’élaboration des pigments et mettent en question les normes culturelles concernant leur utilisation connues jusqu’à présent.

Ces travaux de recherche, qui ont été publiés dans le Journal of Archaeological Science (http://authors.elsevier.com/a/1PyYd15SlTQf15), ont été financés dans le cadre du Programme Marie Curie Actions (projet NEOSOCWESTMED nº 628428) of the European Research Council, l’ANR-10-CREA-001 et les programmes PROMETEO I et II du Gouvernement de Valence (Espagne).

Références :
Lopez-Montalvo, E., Villaverde, V., Roldán, C., Murcia, S., Badal, E. 2014. An approximation to the study of black pigments in Cova Remigia (Castellón, Spain). Technical and cultural assessments of the use of carbon-based black pigments in Spanish Levantine Rock Art. Journal of Archaeological Science, 52: 535-545. doi:10.1016/j.jas.2014.09.017