Grotte du Noisetier

Fouille programmée d'un site moustérien de moyenne montagne dans les Pyrénées centrales

TRACES-Axe-1_Operation_Noisetier_Vue-Fouille.JPG Mots clés
Paléolithique moyen, Moustérien, archéologie, Hautes-Pyrénées

Financement et support logistique
Ministère de la Culture, Conseil général des Hautes-Pyrénées

Campagnes et missions
Eté 2004 à 2009





Responsables

Vincent MOURRE (INRAP, UMR 5608 TRACES), Sandrine Costamagno (CNRS, UMR 5608 TRACES), Céline THIÉBAUT (UMR 5199 PACEA)

Participants et membres de l'équipe scientifique
Laurent BRUXELLES (INRAP, UMR 5608 TRACES), Pierre CHALARD (Ministère de la Culture, UMR 5608 TRACES), David COLONGE (INRAP, UMR 5608 TRACES), Stéphanie CRAVINHO TRACES-Axe-1_Operation_Noisetier_Vue-Site.JPG (UMR 6130 CEPAM), Marcel JEANNET (UMR 6636 LAMPEA), Christelle LAHAYE (UMR 5060 et Université de Bordeaux 3), Véronique LAROULANDIE (CNRS, UMR 5199 PACEA), Carolina MALLOL (UMR 6636 LAMPEA), Hélène MARTIN (INRAP, UMR 5608 TRACES), Bruno MAUREILLE (CNRS, UMR 5199 PACEA - LAPP), Christian NORMAND (Ministère de la Culture, UMR 5608 TRACES), Christian SERVELLE (Ministère de la Culture, UMR 5608 TRACES), Isabelle THÉRY (CNRS, UMR 6130 CEPAM), Julien VIGUIER.

Rapport d'activité
La Grotte du Noisetier se situe dans la Vallée d'Aure, sur la commune de Fréchet-Aure (Pyrénées centrales françaises). Explorée initialement sur quelques mètres carrés par M. Allard entre 1987 et 1992, elle renferme une séquence comportant plusieurs niveaux d'occupation du Moustérien final correspondant à une phase tempérée du stade isotopique 3. Depuis 2004, le site fait l'objet d'un nouveau programme de recherche pluridisciplinaire incluant une reprise de la fouille. Le caractère extrêmement limité des altérations post-dépositionnelles (étude L. Bruxelles) est perceptible tant au niveau de l'excellente conservation des vestiges archéologiques (lithiques et osseux) que de la préservation de structures de combustion.

TRACES-Axe-1_Operation_Noisetier_Phalange-Cerf_Cutmark.JPG Le silex est absent dans l'environnement immédiat ; les quelques vestiges produits aux dépens de ce matériau ont été importés depuis plusieurs sources situées à l'extérieur de la chaîne pyrénéenne (étude P. Chalard). L'essentiel de l'industrie a été réalisé aux dépens de matériaux locaux disponibles dans les formations alluviales de la Neste (quartzites, lydiennes, schistes, etc.) (étude Ch. Servelle). L'industrie se compose essentiellement de produits et de sous-produits de débitage (nucléus Discoïdes, pointes pseudo-Levallois) (étude V. Mourre, D. Colonge, C. Thiébaut). L'outillage est peu abondant (racloirs, denticulés). Toutefois, la mise au jour d'un biface et de deux hachereaux, inattendus dans ce contexte et dans cette partie des Pyrénées, ouvre de nouvelles perspectives de comparaison.

Les ensembles osseux de la Grotte du Noisetier sont largement dominés par les ongulés de montagne, Bouquetin (Capra pyrenaica) mais surtout Isard (Rupicapra pyrenaica), suivis par le Cerf élaphe (étude S. Costamagno). Les spectres fauniques indiquent des conditions climatiques relativement clémentes (très faible représentation du Renne) et un environnement ouvert (rareté du Chevreuil, absence du Sanglier). Les restes de Cerf et de Bouquetin présentent de nombreux indices d'activités humaines (stries de boucherie, marques de percussion, stigmates de retouchoirs, etc.). Les traces anthropiques sont moins fréquentes pour les restes d'Isard. En revanche, ils portent souvent des indices de digestion. Les ossements d'Isard semblent donc avoir une origine différente de ceux des ongulés de taille moyenne. L'absence de traces de dents et la fréquence des indices de digestion associées aux caractéristiques topographiques du site et à la présence de fragments de coprolithes plaident en faveur d'une accumulation liée à l'action du Gypaète barbu.

Les résultats obtenus depuis la TRACES-Axe-1_Operation_Noisetier_Hachereau.JPG reprise des fouilles permettent donc de remettre en question l'interprétation fonctionnelle initiale du site, considéré comme une halte de chasse en relation avec l'exploitation des herbivores de montagne. L'occupation du site n'est liée ni à des ressources animales spécifiques, ni à des ressources minérales rares ou présentant des propriétés mécaniques particulières. La Grotte du Noisetier offre donc l'opportunité de s'interroger sur les raisons de la fréquentation du milieu montagnard par les groupes néandertaliens.

sur Internet : http://pagesperso-orange.fr/hachereau/Frechet.htm

Publications
Costamagno, S., Robert, I., Laroulandie, V., Mourre, V. et Thiébaut, C. (2008) - « Rôle du gypaète barbu (Gypaetus barbatus) dans la constitution de l'assemblage osseux de la grotte du Noisetier (Fréchet-Aure, Hautes-Pyrénées, France) », Annales de Paléontologie, 94, pp. 245-265.

Mourre, V., Costamagno, S., Bruxelles, L., Colonge, D., Cravinho, S., Laroulandie, V., Maureille, B., Thiébaut, C. et Viguier, J. (2008b) - « Exploitation du milieu montagnard dans le Moustérien final : la Grotte du Noisetier à Fréchet-Aure (Pyrénées centrales françaises) », in: Mountain environments in prehistoric Europe : settlement and mobility strategies from Paleolithic to the early Bronze Age, Grimaldi, S., Perrin, Th. et Guilaine, J., (Éds.), Oxford, BAR International Series 1885, XVème Congrès de l'UISPP, 4-9 septembre 2006, Lisbonne, vol. 26, session C31, pp. 1-10.

Mourre, V., Costamagno, S., Thiébaut, C., Allard, M., Bruxelles, L., Colonge, D., Cravinho, S., Jeannet, M., Juillard, F., Laroulandie, V. et Maureille, B. (2008a) - « Le site moustérien de la Grotte du Noisetier à Fréchet-Aure (Hautes-Pyrénées) : premiers résultats des nouvelles fouilles », in: Les sociétés du Paléolithique dans un Grand Sud-Ouest de la  France : nouveaux gisements, nouveaux résultats, nouvelles méthodes, Jaubert, J., Bordes, J.-G. et Ortega, I., (Éds.), Mémoire de la Société Préhistorique Française, 47, journées scientifiques de la Société préhistorique française, université Bordeaux 1, Talence 24-25 novembre 2006, pp. 189-202.