Thème 1 - 1. Agglomérations et villes en Gaule


La Gaule constitue le principal champ d’action des recherches autour du fait urbain. Les études se répartissent en trois grandes périodes chronologiques : la transition âge du Bronze Final / premier âge du Fer, le second âge du Fer et l’époque romaine.

L’apparition des agglomérations, pendant longtemps datée de la période laténienne, est un phénomène bien plus ancien. Plusieurs projets de recherche en cours ou achevés en attestent tant en Gaule centrale que dans le Sud-Ouest. Les phases d’occupation les plus anciennes du plateau de Corent sont actuellement étudiées avec la collaboration d’étudiants de l’UT2J, dont un doctorant. La fouille a mis en évidence une véritable agglomération de  5 ha minimum qui se réduit au premier âge du Fer et accueille une activité artisanale, dont au moins un atelier d’orfèvre, à ce jour unique en France. Ces caractéristiques se retrouvent dans un contexte plus méridional, comme à Cordouls (Tarn) où prospections et sondages ont révélé une importante agglomération fortifiée de la transition Bronze /Fer, impliquée dans la production et la diffusion d’objets en fer launaciens (Ph. Boissinot). Durant tout le premier âge du Fer, on observe un approfondissement de ce phénomène comme le montre les études menées dans le sillage des fouilles récentes de Bourges et la préparation d’une publication sur le site de Port-Sec Nord également à Bourges (P.-Y. Milcent). Dans le Sud-Ouest, la fouille de La Sioutat à Roquelaure (Gers), associant chercheurs de RHAdAMANTE et étudiants de l’UT2J, apparait également emblématique. Dans une région jusque-là méconnue sont apparus les vestiges d’une vaste agglomération (5-7 ha), active dès le début du VIe s., dont la fouille a à peine été entamée.

 
Relevé Lidar du site protohistorique fortifié de Lagarde (Hautes-Pyrénées) "Castet Crabé". Cliché : C. Calastrenc et N. Poirier.
 
 
La période laténienne voit le développement de nouvelles formes urbaines, que les recherches menées dans le Sud-Ouest permettent de mieux définir dans le temps et dans l’espace. Le schéma de succession habituel agglomération de plaine/oppida observé en Gaule interne ne parait pas opérant dans la région. Les fouilles et diagnostics récents ont révélé l’importance et la précocité de certains oppida régionaux. A Roquelaure, une importante fouille programmée en cours révèle une agglomération étendue et densément occupée, aménagée en terrasses desservies par des voies. Après plusieurs années de recherches préventives (Ph. Gardes, F. Sergent,…), le site de Vieille-Toulouse apparait désormais comme la ville principale des Volques Tectosages ; il a très tôt bénéficié d’un schéma d’urbanisme et d’un système de fortification complexe. Ces deux établissements dominent des sites de plaine au moins partiellement contemporains, Auch et Toulouse Saint-Roch, aux fonctions sans doute plus spécialisées. Celui de Saint-Roch a fait l’objet d’une fouille préventive récente, dans l’enceinte de la Caserne Niel, qui a mis en évidence sur 2,6 ha des zones d’habitat et de production (travail du métal, boucherie) bien distinctes et actives entre 180 et 100 av. J.C.
 
L’époque romaine marque des changements importants qui se traduisent par la délocalisation de certaines villes indigènes et une nouvelle organisation urbaine. Mais la rupture n’est pas toujours marquée comme le montrent la fouille récente des oppida de Vieille-Toulouse et Roquelaure, dont les vestiges témoignent d’une tentative avortée de transformation en chef-lieu de cité romain. La construction de la domus précoce de La Sioutat à Roquelaure s’inscrit parfaitement dans ce contexte. D’autres sites indigènes se maintiennent mais font l’objet d’une réorganisation complète comme Auch, Touget (P. Gardes) et Rodez. Les recherches récentes mettent en évidence une période de mutation au début du Ier s., marquée par exemple par l’érection de centres monumentaux (Auch) et d’infrastructures liées à l‘approvisionnement en eau (aqueducs de Cahors, (D. Rigal) et Toulouse (P. Pisani).
 
 
L’évolution touche également l’habitat privé durant toute l’Antiquité comme en témoignent deux importantes fouilles programmées réalisées sur la domus de Cieutat à Eauze/Elusa (Gers) (P. Pisani) et sur une maison suburbaine à Néris-les-Bains (Allier) (J. Hénique). Une thèse soutenue traite de la décoration picturale chez les Bituriges Vivisques (M. Tessariol). Des recherches complémentaires ont également été conduites sur les enceintes urbaines du Bas-Empire, dont celles de Toulouse (C. Darles).


Mise à jour : juin 2017